Devant
le drame de Nice, je ne ferai pour l’instant aucun commentaire à chaud, sinon d’avoir
une pensée d’empathie attristée et horrifiée pour toutes ces malheureuses
victimes et leur famille, ces innocents que massacre une guerre aveugle. Il y a
beaucoup à dire sur ce qu’il faut faire et ne pas faire devant cette
insupportable guerre terroriste. La seule remarque est que la prolongation de l’état
d’urgence qui a failli pose la question de son utilité autre que politique.
Nous en reparlerons en temps voulu.
Le sujet de la
chronique d’aujourd’hui est bassement terre-à-terre mais elle est inspirée par
le récent interview du Président de la République hier 14 juillet. Personne ne
croit vraiment au « ça va mieux »
du Président, tout simplement parce que des nuages énormes se profilent à l’horizon
et que c’est demain qui compte. La sortie de l’UE par le Royaume-Uni va lui permettre
de bénéficier de la dévaluation de la livre, déjà amorcée depuis un an, et la
baisse de l’impôt sur les sociétés va attirer de nombreuses entreprises vers le
Royaume-Uni. Le cocorico français voulant attirer les sociétés a quelque chose
de dérisoire et ne persuadera personne, vu l’impôt sur les sociétés au plus
haut de l’UE, à moins que le charme d’un bureau sur les Champs-Élysées fasse
fantasmer quelques PDG. Je doute que ce soit leur genre.
La France
est en panne de compétitivité et ne perce que dans quelques créneaux touchant à
l’aviation civile et militaire, les armes, l’aérospatial, l’automobile et les
produits de luxe. Dans le secteur de l’automobile nous avons bien du mal à ne
pas céder totalement nos usines à l‘étranger et dans les autres secteurs ne nous
sommes pas ou plus seuls. Alsthom est parti et Balmain, par exemple a passé la
main à l’étranger. Alors il faut en revenir aux fondamentaux de la
compétitivité. Les dépenses des entreprises sont généralement l’immobilier et
le mobilier, l’énergie, les impôts et taxes, les salaires, les matières
premières, la recherche et l’innovation, le management, la productivité, la
trésorerie, l’investissement. Seules les cinq dernières sont disponibles pour
les managers et les salariés. La trésorerie est liée aux marges bénéficiaires et
aux taux d’emprunt, on peut penser qu’à taux d’emprunt nul, les trésoreries
peuvent être limitées au strict court terme. L’investissement dépend de la
conjugaison des taux d’emprunt, des perspectives du marché à moyen terme et du
climat d’incertitude sur l’impact de l’extérieur sur l’entreprise, due aussi à
une législation fluctuante. Les trois autres sont ce qui différencie les
entreprises soumises à des conditions extérieures identiques.
Pour
de nombreuses entreprises, et notamment les sociétés de services, les salaires,
les taxes et impôts représentent l’essentiel du prix de revient du produit ou
du service. Vu du côté du patronat c’est le coût total salaires et charges
sociales qui est à prendre en compte. Vu du côté du salarié c’est le salaire
net. Le graphique ci-dessous montre que ce soit du côté des charges sociales
employeurs ou salariés nous sommes les champions du monde.
Quelques chiffres
nous donnent une illustration concrète de ce constat. Pour un salaire mensuel net
de 2000 euros du salarié,
compte-tenu de 39,4% de charges employeur, et 22% de charges pour l’employé, soit
61,5% de charges totales l’employeur devra débourser 3230 euros. Le salaire brut du salarié, avec 22% de charges sur l’employé,
sera lui de 2440 euros. L’ensemble
des organismes sociaux, plus ou moins liés à l’État, recevra la somme de 1230
euros. Reprenons le même calcul avec l’Allemagne et un salaire net salarié de
2000 euros. Le salaire brut sera de 2302 euros avec 15,1% de charges assumées
par l’employé. Le coût pour l’entreprise sera de 2594 euros avec 29,7% de charges totales pour l’employeur. Pour le
même salaire net, le coût pour l’employeur est donc de 2594 euros en Allemagne et
de 3230 euros en France soit 24,5% de
moins. Simplement les charges sont passées de 1230 euros en France à 594
euros en Allemagne. Le même calcul pour le Royaume-Uni sur la base du salaire
net de 2000 euros (1668 livres) donne un salaire but employé de 2130 euros et
un coût employeur de 2364 euros
(1971 livres). Le coût employeur est 36,6%
plus élevé en France.
On
peut refaire le calcul en prenant cette fois le salaire brut employé comme base
soit 2440 euros (2138 livres) qui correspond à 2000 euros net en France. On constate
que le salaire net est alors de 2120 euros en Allemagne et de 2291 euros (1910
livres) au Royaume-Uni soit une augmentation de salaire net pour l’employé
respectivement de 6,0% et 14,5% par rapport à la France. Pour l’employeur on
trouverait 2750 euros en Allemagne et de 2708 euros (2258 livres) au Royaume-Uni
soit un coût employeur moindre respectivement de 10% et de 12%. Autrement dit
pour l’employeur français on a des coûts supérieurs de 17,5% et de 19,3%, respectivement
par rapport à Allemagne et au Royaume-Uni. On peut pour le même salaire brut donner
aux employés des salaires nets supérieurs de 6,0% et 14,5%. Dans ce cas tout le
monde est gagnant. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter que nos retraites soient
supérieures et notre système santé et familial nettement meilleur. On peut
comprendre néanmoins que beaucoup de jeunes vont travailler au Royaume-Uni.
Tout ceci ne tient même pas compte de la différence de l’impôt sur les sociétés
qui est de 13% en notre défaveur avec le Royaume-Uni et qui va passer à un
décalage de 18% avec nous.
Imaginons
maintenant que les salaires représentent 30% du prix de revient du produit, ceci
veut dire qu’à salaire net égal pour l’employé, son coût de revient du produit est
majoré de 5,3% et 5,8%. Mais dans des sociétés de services où les coûts
salariaux interviennent pour 70%, le prix de revient du service est majoré de 12,3%
et 13,5%. Si l’on part sur une moyenne de 9% de décalage avec l’Allemagne, on
voit qu’il est très difficile d’être compétitif sur les gains de productivité.
Le cas du Royaume-Uni est encore plus difficile car au 10% moyen avec le Royaume-Uni,
il faut ajouter la dévaluation de la livre qui a varié de 18% en un an. C’est donc 28% qu’il
faut rattraper pour être compétitif. On voit au passage combien la dévaluation
de la monnaie est plus efficace sur la compétitivité qu’une mesure de baisse
des salaires qui entraîne une baisse corrélative de la consommation des ménages
même si la baisse de la monnaie majore le coût des importations. Mais un certain
nombre de produits agricoles et même industriels importés ne deviennent plus
compétitifs par rapport aux produits français, ce qui avec le loyer représente
l’essentiel du budget des ménages. On sait par ailleurs que la variation du
prix du baril est d’une autre ampleur mais qu’il fait peu varier le prix du
litre d’essence. L’augmentation est due essentiellement aux taxes, levier à
disposition de l’État.
En s’obligeant
à regarder les chiffres avec des calculs élémentaires, on constate que la
situation du Royaume-Uni est loin d’être catastrophique. Si les inégalités y sont
grandes, il y a de la marge pour des aides sociales aux plus démunis avec les
charges sociales pesant sur les salaires. Il reste la dévaluation de la livre
pour rendre le Royaume-Uni très compétitif. En ce qui concerne notre
compétitivité à l‘intérieur de la zone euro, et envers l’Allemagne en
particulier, le handicap de 9% serait facilement comblé par une dévaluation du
même ordre de notre monnaie nationale soit 1 euro-mark = 1,09 euro-franc. Ce
dernier vaudrait 1,05 dollar et non plus 1,15 dollar… encore faudrait-il que
nous sortions de la zone euro ou de l’UE ! Arrêtons les usines à gaz du
crédit d’impôt, du Pacte de compétitivité ou de responsabilité, des emplois
aidés, etc. Reprenons notre souveraineté monétaire et prenons conscience que l’impôt
tue l’impôt. Cela donnera plus de création d’usines, plus d’emplois et plus de
croissance.
Sortons de l’emprise des banquiers et
des multinationales.
Ce sont des apatrides qui ne cherchent
que le profit,
Et l’austérité sur les salaires les
engraissent.
UE, BCE, OTAN, FMI, BRI, BM, Fed, etc.
Sont leurs alliés qui manipulent
Nos politiques serviles !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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