mardi 30 septembre 2014

Rigueur ou austérité ?



« Être ou ne pas être » aurait dit Shakespeare car c’est bien la question qui est posée à François Hollande. La situation économique du pays et la dégradation du pouvoir d’achat des classes moyennes ne lui laissent que peu de temps pour continuer à exister jusqu’en 2017, car après les pythies ne lui laissent que peu de chances. Une précision sémantique occupe régulièrement les discours des gouvernants. L’austérité est dressée en épouvantail au profit du terme plus noble, plus courageux, de rigueur. C’est d’ailleurs ce que demandent Bruxelles et Angela Merkel à la France.

Il ne semble pourtant pas que la rigueur recouvre le même concept de chaque côté du Rhin. Si l’équilibre budgétaire est dans la tête allemande conçu comme un impératif, il est, depuis quarante ans, un mirage qui recule au fur et à mesure que l’on avance, dans la tête française. La rigueur budgétaire française c’est à la rigueur faire un peu moins de déficit que l’année précédente. L’ampleur du pas franchi et la date de retour à l’équilibre sont deux inconnues que l’on manipule au gré des évènements en ne s’interdisant pas d’ailleurs d’évoquer justement ces évènements exceptionnels qui sont censés justifier que l’objectif annuel n’est pas atteint.

La rigueur budgétaire c’est un poids budgétaire le plus bas possible de l’Administration publique dans la tête allemande. La rigueur française c’est l’omniprésence de l’État sur tout ce qui produit de la richesse, ce qui demande une administration lourde pour réfléchir, contrôler, intervenir et prévoir l’augmentation de son impact à venir. La rigueur budgétaire c’est la minimisation des dépenses de fonctionnement de l’État dans la tête allemande, c’est l’ajustement par la pression fiscale jusqu’à plus soif du contribuable puis la réduction des reversements sociaux dans la tête française. 

Le débat sémantique sur rigueur et austérité n’a pas la même traduction de chaque côté du Rhin. Quand la tête allemande réduit les dépenses de fonctionnement de l’État, elle applique la rigueur budgétaire, quand elle diminue les avantages sociaux et augmente la pression fiscale, elle exerce une politique d’austérité. La tête française ne peut utiliser le mot austérité car il est déjà inclus dans la rigueur. Faire une politique de rigueur pour nous c’est baisser, pour la communication, un peu les dépenses de fonctionnement de l’État, beaucoup plus celles des collectivités territoriales et n’engager aucune réforme des régimes spéciaux, du nombre de fonctionnaires, aucune abolition des groupes et commissions qui perdurent sans utilité véritable, sans simplification réelle de l’outil administratif. Faire une politique de rigueur française c’est refuser de remettre en cause les grandes dépenses inutiles comme les subventions aux énergies vertes, à la voiture électrique, les avantages pollués et détournés comme l’AME et la CMU, la gestion des dépenses des hôpitaux. 

Faire une politique de rigueur budgétaire c’est diminuer les avantages familiaux, diminuer le nombre de médicaments et la hauteur de leur remboursement, faire payer la classe moyenne, la plus corvéable, pour les autres. Faire une politique de rigueur c’est faire payer par les administrés la diminution des reversements de l’Etat aux collectivités territoriales, c’est envisager d’éloigner les services rendus aux citoyens en éloignant d’eux les structures administratives. Faire une politique de rigueur à la française c’est diminuer le service rendu et le pouvoir d’achat des citoyens. 

Il y a donc un certain malentendu sémantique entre l’Allemagne et la France, ce qui est austérité outre-Rhin n’est que rigueur en-deçà. En fait il y a une manipulation de l’opinion française pour ponctionner les citoyens afin de réduire les dépenses budgétaires. La pression fiscale étant devenue épidermique pour l’opinion, il reste les dépenses sociales à diminuer en commençant par les celles ayant trait à la famille à qui l’ont va dire qu’elles ont été gâtées jusque-là. Hollande dit « Quand on veut faire des économies, on ne peut pas éviter que certaines catégories voient leurs avantages diminuer ».  

C’est bien là l’aveu que l’État va chercher les sous non dans les dépenses de nos interventions militaires de vassalité, non dans les gabegies de tous les planqués recyclés et inutiles émargeant dans la Haute-Administration, non dans les milliards des énergies renouvelables dont nous n’avons pas besoin, non dans un audit général du fonctionnement pléthorique de l’État pour mettre en place des réformes structurelles sources d’économies, mais dans le simple appel à la générosité publique… imposée dans un discours d’enfumage pour moutons de Panurge. 

Sous le couvert de justice sociale, de nécessaire participation collective, 

L’État pare au plus pressé dans une collecte sur les moins bruyants. 

Le boulet de la rigueur l’effleure à peine mais tape de plein fouet 

La France du travail qui prépare l’avenir de ses enfants 

Dans un grand fracas d’austérité masquée. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

lundi 29 septembre 2014

Les stratégies géopolitiques où l’argent est roi



Il semblerait qu’en disant cela on enfonce une porte ouverte. Pourtant les peuples soumis aux choix des publications de leurs médias qui, comme par hasard focalisent sur des sujets qui privilégient les informations sur les explications fumeuses des stratégies de leur gouvernement, l’oublient souvent. L’argent, et la puissance qu’il donne, n’est jamais absent. C’est le cas dans notre engagement contre l’EIIL lequel n’existe que par l’argent tiré du pétrole et le pillage des banques. Mais il vient d’être révélé que l’argent n’a pas d’odeur puisque certains pays européens, dont le nom est soigneusement caché par Bruxelles, auraient acheté du pétrole à l’EIIL à des prix défiant toute concurrence ! Il n’y a pas de petits profits puisque l’on peut ainsi recycler ces rabais dans des aides militaires à l’Irak et aux Kurdes, aides que l’on peut s’empresser de largement médiatiser.

Autre lieu mais où la pression de l’argent est la même c’est l’Ukraine, dont la guerre civile qui n’a encore rien résolu mais instaure une situation de fait. Les évènements d’août dernier ont laissé peu de chance à une solution fédérale et ne laissent le choix que d’une indépendance plus ou moins grande vis-à-vis de l’Ukraine. Le gouvernement de Kiev se trouve dans une situation économique désastreuse. C’est dans la partie est de ce pays que se trouve l’activité économique et le charbon indispensable pour passer l’hiver. Par ailleurs l’obligation d’acheter du gaz s’ajoute à l’arrêt des exportations vers la Russie. Le gouvernement de Kiev est acculé à demander de l’aide avec une production industrielle revenue au plus bas niveau de la crise de 2008. 

C’est là que la situation se corse car si l’UE était partie prenante d’accords commerciaux avec l’Ukraine pour avoir de nouveaux débouchés d’exportation nécessaires au relèvement de sa croissance, si les Etats-Unis étaient engagés sur l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN et poussaient le FMI à apporter son aide, ce qu’elle a fait, l’UE n’a plus envie de payer car il va s’agir d’une perfusion à long terme. Elle a déjà repoussé à décembre 2015 les aides prévues et les 8 à 15 milliards que va devoir demander Kiev vont tomber dans l’oreille sourde de l’UE. 

De plus, malgré le peu d’informations fournies par la presse européenne, des nouvelles embarrassantes pour Kiev commencent à filtrer. D’une part ses violations du cessez-le-feu apparaissent plus nombreuses et plus graves que celles du Donbass :

1. Une attaque au lance-roquettes multiple « Grad » près de Sakhanka.

2. Un tir d’artillerie a visé la mine de Yenakievskaya.

3. Des tirs de mortiers contre les résidences de la cité de Kirov (Kirovskoe).

4. Des tirs de snipers à Peski, où au moins un civil a été blessé.

5. Lors de l’évacuation de Zhdanovka, les hommes du 41ème Bataillon de Défense Territoriale « Chernigov-2 » ont tenté de miner les installations de la mine de charbon « Kommunar ».

6. Les soldats de la 93ème Brigade ont détruit, lors de leur retraite le pont routier de Nyzhnyaya Krynka (à proximité de la mine « Kommunar »).

Le cessez-le-feu n’a pas empêché des agressions particulièrement graves du régime de Kiev qui a évacué ses troupes des encerclements où ils étaient destinés à se rendre ou à mourir. Mais les informations sur des massacres et des exécutions sommaires perpétrées par certaines unités particulièrement motivées et agressives sont publiées et vont faire l’objet d’une enquête des Nations-Unies, enquête dont la presse française s’est gardée de faire écho. En particulier un charnier aurait été découvert. 

En Ukraine comme en Irak c’est l’argent qui déclenche ou qui termine les guerres. Le soldat mercenaire ou non ne donne pas sa vie sans que l’argent permette de le nourrir, de l’habiller et de l’armer. C’est pourquoi la guerre en Irak et en Syrie sera longue, c’est pourquoi le régime de Kiev devra être soutenu par l’un ou l’autre camp, UE-USA ou Russie. Cette dernière, qui a la fourniture du gaz, se contentera de raffermir pour l’instant ses relations avec l’est de l’Ukraine. Maintenant que l’UE a œuvré pour développer une guerre civile, elle devra payer (nous devrons payer) d’une façon ou d’une autre, sous peine de tout perdre. 

La France et l’UE croient en leur survie dans l’ombre complice américaine. 

Elles vendent leurs lambeaux de puissance militaire pour des guerres 

Qui pompent leur argent ou pour des alliances commerciales 

Qui livrent territoire et patrimoine à l’avidité 

Des puissances de l’Ombre ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon