samedi 31 août 2013

Le piège syrien et la France aux ordres

Lybie au nom de la démocratie et du massacre imminent de Benghazi, Mali au nom du terrorisme, Syrie au nom d’un carnage au gaz sarin, la France se veut le bon petit soldat des Etats-Unis et convainc son peuple de mener des luttes armées. Nous nous engageons dans la guerre civile syrienne alors que ce pays fait partie d’une stratégie américaine de renversements des régimes forts qui peuvent s’opposer à eux ou montrer un manque de coopération sur le plan économique et militaire. C’est aussi un terrain d’affrontement religieux entre les deux principales mouvances de l’islamisme, sunnites et chiites. L’alaouite Bachar El-Asssad est soutenu par les chiites, donc l’Iran, les rebelles syriens par l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Frères musulmans, Al-Qaïda, les djihadistes qui forment l’essentiel des combattants, de l’armement et du financement de l’armée des rebelles.

Pour des raisons de géopolitique qui n’ont rien à voir avec la libération d’un peuple opprimé nous nous sommes mis, derrière les Etats-Unis, du côté des rebelles. L’activité et les intentions de l’Arabie Saoudite sont révélées dans le journal libanais, As-Safir, où son Prince s’exprime en menaçant la Russie d’actions tchétchènes aux jeux olympiques de Sotchi si celle-ci ne se montre pas plus neutre. Il précise que les tchétchènes sont manipulés par son pays dans les combats en Syrie mais ne sont pas destinés à y jouer un rôle politique.

Cela a au moins le mérite d’être sans ambiguïté et éclaire d’un jour nouveau la guerre civile syrienne où s’oppose le régime alaouite, soutenu par l’armée régulière fidèle, les rebelles de l’armée syrienne libre ASL en majorité sunnite) et les minorités kurdes, assyriennes, tcherkesses et druzes. La guerre n’aurait jamais fait autant de victimes si elle n’était pas un terrain d’affrontement géopolitique et religieux. 

Nous jouons avec le feu car le front A-Nostra, qui combat au côté des rebelles, a déclaré être en liaison avec Al-Qaïda. Il s’agit d’un combat entre un axe sunnite, intégrant les djihadistes du Hamas, d’Al-Qaïda et soutenu par l’OTAN, et un axe chiite intégrant l’Iran et un soutien russe. Dans un affrontement, encore indirect mais potentiellement direct, de pays nucléaires, on joue avec la perspective d’un conflit mondial. 


Les « Amis du peuple syrien » (Etats-Unis, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Egypte, Qatar, Arabie Saoudite, Jordanie et Emirats arabes Unis) se sont réunis pour décider une aide militaire en fournissant dans l’urgence tout le matériel militaire et l’équipement nécessaire à l’opposition syrienne. Elle sera livrée au Conseil militaire suprême de l’Armée Syrienne Libre (ASL). 

Dans cet affrontement religieux, les Frères musulmans installés en Turquie et soutenus par le Qatar jouent un grand rôle. Au-delà de l’affrontement sunnites-chiites, il s’agit d’une lutte contre les musulmans modérés que représente Bachar El-Assad. Nous sommes donc englués dans un conflit qui n’est pas le nôtre et qui constitue un double piège, celui de l’intégrisme et de la géopolitique américaine. On peut même dire que si l’on veut lutter pour la démocratie et contre le terrorisme, nous sommes dans le mauvais camp ! 

Comment peut-on jeter l’opprobre sur Morsi, Frère musulman élu démocratiquement en Egypte, pour soutenir une partie de son peuple qui ne le supporte plus et s’allier aux Frères musulmans et au terrorisme que l’on combat au Mali ? La réponse c’est que notre politique étrangère ne nous appartient plus malgré les rodomontades d’un Président, fier-à-bras comme tous les faibles, qui clame le libre-arbitre de son pays, pays qui est loin d’ailleurs de le soutenir dans cette action.


Notre collusion avec les représentants les plus extrémistes de l’islam et avec les Frères musulmans, politiquement fourbes, nous place dans l’incohérence et dans un sabordage de notre civilisation devant un peuple snobé, désinformé, manipulé auquel la démocratie échappe pour, petit-à-petit, se fondre dans une nouvelle culture religieuse qui veut imposer un pouvoir spirituel et temporel. Ne nous trompons pas, l’islam modéré c’est toujours l’islam et la modération est toujours engloutie par les plus entreprenants et les partisans du jusqu’auboutisme dans les règles des lois de la jungle. Ceci est en cours en Syrie. 

Puisque désormais évoquer les dangers de l’islamisation est politiquement incorrect et même passible de traduction devant la justice par les différents justiciers qui utilisent les droits de l’homme pour annihiler tout esprit contestataire, donc raciste et xénophobe, laissons la parole à Bossuet (1627-1704) qui ne risque plus rien : 

« L’islam ! Cette religion monstrueuse a pour toute raison son ignorance, pour toute persuasion sa violence et sa tyrannie, pour tout miracle de ses armes, qui font trembler le monde et rétablissent par force l’Empire de Satan dans tout l’univers. » 

Sans doute s’était-il plongé dans les hadiths du Coran pour y trouver cette sourate 4-91 qui bénit toutes les actions contre l’esprit de rébellion : 

« Toutes les fois on les pousse vers l’Association, ils y retombent en masse… 

Saisissez-les et tuez-les où que vous vous trouviez. 

Contre ceux-ci, nous vous avons donné autorité manifeste. » 

Considération personnelle sur la « punition syrienne » : 

Le vent qui éteint la lumière, allume aussi le brasier ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


vendredi 30 août 2013

La France des illusions, croissance, chômage, pouvoir d'achat, démocratie

Ce gouvernement, comme le précédent, affiche un optimisme qui ne s’appuie pas sur une réalité dans un enfumage permanent des citoyens. On se souvient des grandes promesses de Christine Lagarde et de François Baroin sur la sortie de crise, la reprise de la croissance et avec elle la baisse du chômage. Le choc de la crise a été amorti par un accroissement massif de la dette. Toutefois la croissance permettant de voir le chômage régresser n’est pas revenue et le pays a continué à se désindustrialiser.

Depuis plus d’un an une nouvelle équipe est à l’œuvre, alors que le plus gros de la crise de 2008 est passé. La croissance tourne à la récession même si le dernier chiffre de croissance nous en fait provisoirement sortir. Moscovici a dû redonner une fourchette de croissance de -0,1% à +0.1% pour 2013 dans laquelle sa prévision budgétaire de 0,1% est désormais le haut de celle-ci. D’ailleurs l’INSEE n’a pas modifié sa prévision de -01% et l’économiste Jacques Sapir, comme d’autres, prévoit entre -0,5% et 0%. 

Le chômage fin 2013 ne peut diminuer que grâce à des emplois aidés, c’est-à-dire de faux emplois, car  précaires, qui ne vivent que tant que les mesures d’allègement des charges pour les employeurs sont maintenues. C’est le pari du Président à coups d’argent public que nous n’avons pas, donc à coups d’aggravation de la dette. Cette solution pourrait s’avérer valable si nous pouvions espérer un retour de la croissance et de la compétitivité. Pour l’instant les entreprises ne savent plus à quelle sauce elles seront mangées. L’État ne cesse de changer la donne, d’un côté un crédit d’impôt, usine à gaz, de l’autre des prélèvements qui ne cessent de peser sur la rentabilité des entreprises avec en perspective la prise en compte de la pénibilité, autre usine à gaz. 

Les perspectives pour 2014 dans le monde ne cessent de se détériorer et 2014 sera au mieux une année de faible croissance, loin des 1,5% du PIB qui laisseraient entrevoir une stabilisation du chômage. L’embellie provisoire du chômage en juin 2013 n’est que la répercussion de celle de la croissance au début du deuxième trimestre. Le troisième trimestre ne s’annonce pas bon. Si l’on considère les catégories A, B et D de demandeurs d’emploi, actuellement sans emploi ou ne travaillant que moins de 78 heures par mois sans droit au RSA, comme de véritables chômeurs, par opposition aux catégories C et E, on fait le constat suivant : 

D’une part la proportion des chômeurs des catégories B et D par rapport à l’ensemble A-B-D a augmenté de 14% en 1996 à 27,5% en 2013 et d’autre part nous avons augmenté ce nombre de chômeurs de 420.000 entre mai 2012 et juin 2013 pour atteindre 4.191.100 en juillet 2013 au lieu de 3.285.700 pour la seule catégorie A. (Chiffres de la DARES) 

On constate aussi que la proportion dans les catégories C et E correspondant à des emplois aidés, par rapport au conglomérat A-B-D ne cesse d’augmenter. Ceci traduit la difficulté des demandeurs d’emploi de ces catégories à revenir vers un emploi normal, donc non aidé. La situation du chômage ne s’améliore pas et sa stabilisation éventuelle en fin d’année n’est qu’une aide sociale que doit supporter la nation toute entière, génération actuelle ou future. 

La troisième illusion c’est le pouvoir d’achat que le  gouvernement dit ne pas vouloir entamer plus mais dont le contribuable sait bien que les augmentations d’impôts, de l’électricité, des transports entre autres le grèvent un peu plus chaque jour. En 2014, le pouvoir d’achat va être touché par l’augmentation des impôts pour 9 millions de contribuables et par celle de la TVA pour tout le monde. A cela il faut ajouter l’augmentation de la cotisation retraite et pour les retraités le report d’avril à octobre de la réévaluation des pensions soit 0,5% à 0,6% de perte ou 120 à 144 euros sur l’année pour une pension de 2000€ par mois. 

Il faut prendre conscience qu’une croissance de 1,5% au plus est désormais le meilleur but à atteindre si nous avons une compétitivité qui nous permet d’équilibrer les importations et les exportations. Une croissance supérieure ne peut désormais s’obtenir que par un appauvrissement d’un ou d’autres pays, comme le fait l’Allemagne ou par le déversement d’argent par la planche à billets. Ceci ne dure d’ailleurs qu’un temps car un pays appauvri tarit ses achats et la planche à billets conduit à des déséquilibres monétaires mondiaux et des krachs par éclatement des bulles financières. Cette croissance, la vraie, la durable, est celle que procurent la recherche, l’innovation et l’automatisation qui agissent sur les produits eux-mêmes et leurs coûts de fabrication. 

La recette pour que ces trois illusions deviennent réalité, c’est en gros que la somme des dépenses publiques et des prestations sociales (santé, famille, retraite), soit au plus égale aux recettes publiques (impôts, taxes, cotisations) tout en préservant pour les  entreprises un niveau de bénéfice qui incite à entreprendre et à investir. L’Etat se doit de réduire ses dépenses de fonctionnement, en conservant un rapport qualité-prix compatible avec le service public, et de privilégier les dépenses d’investissement dans les infrastructures. 


Je vous fais grâce de la quatrième illusion, la démocratie, car notre Président en fait son affaire à l’intérieur, avec le refus du référendum pour le Mariage pour Tous, et à l’extérieur en nous faisant entrer dans l’OTAN, en bradant les fonctions régaliennes de l’Etat et en entraînant la France dans une opération punitive dans une zone explosive. 





Engluée dans l’euro et dans des batailles idéologiques, 

S’affirmant grande puissance dans les conflits, 

Mais jouant petit-bras sur son territoire, 

La France se meurt lentement 

Mais sûrement ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

jeudi 29 août 2013

Un gouvernement qui bat en Retraite !

Les grandes annonces et les reculades avec des esquives et des passes de muleta sont devenues le mode d’action privilégié par ce gouvernement. Ce n’est pas son attitude devant le problème syrien qui viendra infirmer cette affirmation du « un pas en avant, deux pas en arrière ». Nous allons donc avoir une mini-réforme des retraites après les grands coups de clairon de la campagne présidentielle. On allait enfin faire une vraie réforme après la réformette du gouvernement Sarkozy, on allait voir ce que l’on allait voir !

On a vu en effet une nouvelle réformette bien plus petite que la précédente et pour laquelle on a montré combien les promesses de campagne étaient de purs mensonges, ou pire un manque de lucidité sur la difficulté de la tâche et une absence de courage. On mange ainsi son chapeau sans s’étouffer. La retraite à 60 ans, fer de lance de la politique sociale du socialisme, est passée aux oubliettes. Il en est de même de l’allongement de la durée de cotisation.

La promesse d’une réforme structurelle est aussi un mensonge. Il s’agit d’une réforme qui ne règle rien et qui devra être suivie d’autres réformettes. Par ailleurs la prise en compte de la pénibilité, qui permet de parler de justice, ainsi que l’amélioration de la retraite pour les femmes ne font qu’aggraver le déficit que l’on voulait combler. Le Medef a cru aux bonnes paroles du gouvernement qui avait affirmé que la réforme des retraites serait indolore pour les entreprises. Comme le dit Mélenchon, François Hollande ne tient jamais ses promesses. La preuve est faite et la prise en compte de la pénibilité sera payée par les entreprises sur de vagues promesses de compensation remises à plus tard, 2015 ou les calendes grecques, sous le prétexte que les entreprises sont déjà servies avec le crédit d’impôt. 

Comme rien de sérieux, structurellement parlant, n’est fait, les objectifs à 2020 de recul de l’âge de la retraite auront largement le temps d’être remis en cause et ce sont des promesses de gascon qui n’engagent à rien, pas plus qu’Henri IV avec le protestantisme. Le bilan est une réforme budgétaire pour boucler le budget 2014 avec un alourdissement de la facture qu’il va falloir faire payer par les entreprises, les familles et les retraités d’une manière ou d’une autre. Ne pas utiliser la TVA, comme en Suède, ou la CSG c’est simplement masquer la perte de pouvoir d’achat dans une multitude de rognages de celui-ci. 

Le peu de réactions que suscite cette réforme est bien le principal sujet de gloire de ce gouvernement qui a réussi à faire, sans rien faire et sans soulever la broncha des gogos anesthésiés et préoccupés par des bruits de bottes arrivés fort à propos pour suppléer à la guerre civile égyptienne qui semblait se calmer… D’ici à penser que les paroles guerrières de Hollande avaient un but politique interne il n’y a pas loin ! C’est en tous cas ce que pense un ministre allemand qui commente notre mini-réforme des retraites en pouffant de rire. 

On aurait pu penser qu’enfin des réformes structurelles profondes viennent mettre en place un système pérenne et qui ouvre des perspectives nouvelles en s’appuyant sur les systèmes suédois et italiens. Ceux-ci ont un système de retraite avec un lien quasi mathématique entre les cotisations, l’espérance de vie à un âge donné, la croissance ou l’inflation qui permet de réévaluer le capital-retraite au moment choisi par le salarié. C’est la retraite par comptes notionnels qui laisse beaucoup moins de place à des réajustements politiques parce qu’elle inclut l’évolution des dépenses avec la durée de la retraite, et des recettes avec la prise en compte des recettes de la croissance par exemple. 

Ce système doit faire l’objet d’une recherche opérationnelle préalable pour trouver la formule garantissant le point d’équilibre recettes-dépenses mais ouvre des perspectives nouvelles. En particulier il ouvre la voie à un âge de retraite choisi par le travailleur. C’est une ouverture sur une liberté responsable et une prise en compte de l’amélioration progressive de la durée de vie. 

Cela nécessite un travail de recherche et de concertation avec les politiques et les syndicats dans le calme pour en jeter les bases et des prises en compte des résultats des simulations dans un esprit constructif de part et d’autre. Cela demande détermination, volonté d’aboutir, sens du bien commun, courage et intelligence. Certains pays, Allemagne comprise, l’ont fait. Pourquoi faut-il que les sans-culottes s’emparent toujours d’une Bastille vide et sans défenseurs ? 

La victoire se nourrit de courage et d’intelligence. 

Il n’est point de belle victoire sans belle bataille. 

La victoire ne sourit au chef que s’il y en a un !



Claude Trouvé  
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon