dimanche 30 juillet 2017

Arrêtons la gabegie et l’aveuglement ! (3ème partie)



Après avoir donné un éclairage différent de celui du gouvernement sur la situation de la France, il faut jeter un coup d’œil sur les déclarations et actions récentes de celui-ci alors qu’il va entamer le troisième mois de son quinquennat. J’ai parlé précédemment des déclarations mal venues de notre Président Macron, et des perspectives alarmantes de la loi travail. On peut aussi noter que le principe du casier judiciaire vierge pour les députés, voté en février par la précédente Assemblée, a été rejeté en juillet par la nouvelle. C’est un revirement significatif sur la moralisation de nos élus. Dans le même état d’esprit, le refus, de compter les votes blancs avec les abstentions, montre que les nouveaux élus ont pris peur de devoir revoter en cas de passage au-dessus des 50% d’abstentions et de votes blancs. On se protège même en foulant les principes de la démocratie. Il faut noter de nouveau les déclarations déformant la vérité sur le nombre de demandeurs d’emploi. On nous dit que le chômage a baissé de 0,3% en juin, de 0,7% sur un trimestre glissant, et de 1% en un an. Bingo, Macron est meilleur que Hollande ! Ces chiffres sont vrais sauf qu’il s’agit de la catégorie A des demandeurs d’emploi soit n’ayant aucune activité, soit n’étant pas en maladie, en stage ou autres. Le nombre de demandeurs de l’ensemble des catégories (A+B+C+D+E) croît de 0,1% en juin sur 1 mois, de 0,8% en trois mois, et de 1,8% sur un an ! 

Il est clair que de nombreux demandeurs d’emploi de la catégorie A ont retrouvé un travail partiel et que les difficultés grandissantes pour retrouver du travail après 50 ans ont nourri la catégorie E concernant les dispensés de recherche d’emploi. Il faut noter que la catégorie C des salariés travaillant plus de 78 heures par mois croît rapidement de 12,8% en un an. Ceci veut dire qu’elle peut être nourrie de travailleurs perdant leur emploi à plein temps. Les chiffres de la DARES nous apprennent que les mises en formation ont brusquement chuté et que d’avril à juin 2017 il a été procédé à une moyenne de 51800 radiations administratives alors que la baisse en catégorie A est de 10900 demandeurs. Elle nous informe aussi que seulement 20% des sorties de Pôle emploi correspondent à un nouvel emploi. On apprend aussi que la durée moyenne de passage de 300 jours à Pôle emploi avant de retrouver un travail est croissante et a augmenté de 50 jours en 5 ans. 

Notons toutefois une baisse continue des demandeurs d’emploi des moins de 25 ans. Poursuivent-ils leurs études plus longtemps ? Peut-on considérer cette baisse comme un accès plus facile à l’emploi ? Tout semble prouver le contraire. Il est clair que l’augmentation globale des demandeurs d’emploi n’est pas jugulée et que le chômage sort des préoccupations du gouvernement pour se porter sur l’aide aux entreprises, comme si cela conduisait automatiquement à la création d’emplois. En effet on attend toujours le million d’emplois promis par le Medef contre le plan de 40 Mds€ de Hollande. L’aide nouvelle aux entreprises et la répartition des revenus des retraités vers les actifs ne permettra pas aux entreprises de retrouver leur compétitivité. Une part importante de cet argent n’ira pas vers l’emploi mais vers la spéculation, les stock-options, les hauts salaires, les marges, les paradis fiscaux et au mieux vers les investissements. La politique d’austérité qui s’intéresse à l’argent des classes moyennes continuera à diminuer la consommation intérieure, laquelle rendra l’avenir plus difficile pour les TPE-PME tournées vers le marché intérieu

Les chiffres publiés dans l’article précédent montrent que si la sortie de l’euro apparaît de plus en plus une évidence nécessaire, il est aussi clair à la vue des politiques menées par le Portugal, l’Espagne et l’Italie que ceux-ci ont plus de résultats économiques, même s’ils laissent leurs peuples dans un niveau de vie inférieur au nôtre. Le point de non-retour est atteint par la Grèce pour laquelle l’équilibre budgétaire est un objectif imposé par Bruxelles qui efface tous les autres, dont la conservation de son patrimoine et le bien-être de son peuple, lequel est au bord d’une pauvreté endémique. L’ensemble des mauvais indicateurs que j’ai présentés dans l’article précédent pointe l’avenir de la France vers la Grèce et non vers l’Allemagne. Si le gouvernement Sarkozy a sorti la France de la crise de 2008 grâce à un surendettement en maintenant notre niveau de vie jusqu’en 2011, il faut noter que depuis, malgré des conditions extérieures extrêmement favorables sur la parité euro/dollar, le prix du baril et les taux d’emprunt, la France de Hollande a perdu pied dans le concert européen et mondial. 

Il est clair que la France a été mal gouvernée et que sa position idéale en 1980 n’a cessé de se dégrader depuis que l’euro nous a handicapé depuis 2003-2004, et que le déclin s’est accéléré depuis 2011. Nous n’avons d’ailleurs toujours pas récupéré notre position d’avant la crise de 2008. La première erreur, avant celle de l’euro, a été de consentir un déficit budgétaire à partir de 1974 après avoir consenti l’emprunt de la France aux banques privées. C’est 1500 milliards qui sont partis dans la poche des banquiers alors que notre dette a atteint 2210 milliards au 1er avril 2017 et s’approche des 2220 milliards fin 2017, soit plus de 98% du PIB selon la prévision de 2260 Mds€ pour le PIB 2017 avec une croissance de 1,4%. Le fatidique 100% du PIB se rapproche pour 2018. N’oublions pas que le fait de passer du rabotage de 8 à 9 milliards sur le budget 2017 à 4,5 milliards n’est qu’une concession de Bruxelles pour ramener le déficit budgétaire à 3% au lieu de notre engagement à 2,7%. Après le rognage de 2,5 milliards sur les budgets ministériels, où les Armées ont fourni le pourcentage de contribution le plus élevé, il reste 2 milliards à trouver pour 2017 et probablement de l’ordre de 10 milliards en 2018 par rapport au budget initial de 2017.

La sortie de l’euro est écartée pour l’instant mais, la France est non-compétitive, elle a un déficit budgétaire significatif malgré des recettes administratives plus élevées que ses voisins du sud et la moyenne européenne, et une dette qui la met en danger si les taux d’emprunt remontent. Alors que pouvons-nous remarquer sur les causes de dépenses ? On voit d’abord un nombre de fonctionnaires par habitant pléthorique par rapport à nos voisins. On note la même chose chez nos élus territoriaux et nationaux. L’ensemble s’accroche à un millefeuille administratif que la création des grandes régions n’a rendu ni moins dispendieux ni plus efficace. Le retour aux communes, proches du peuple, aux départements proches des problèmes économiques et sociétaux, et à des régions se contentant de faire le relais avec l’État pour tout ce qui demande une coordination interdépartementale, serait un pas vers ce qui a toujours donné satisfaction depuis Napoléon. Les postes de « recasage » des ministres, secrétaires d’État, députés, sénateurs, et les innombrables commissions, créées et maintenues pour la même raison, dont l’efficacité n’est jamais mise en cause, sont sources d’une gabegie incontrôlée. L’ensemble des points évoqués ci-dessus peut amener des économies qui se chiffrent entre 5 et 10 milliards. 

Mais il y a bien d’autres milliards à trouver dans les mirages que l’on nous distille pour le bien des puissances de l’argent. On en parle dans le prochain article.
 
L’exemple vient toujours d’en haut 

Mais l’État vit dans l’urgence

Celle de lorgner sur nous 

Et l’argent de la sueur,

Incapable qu’il est 

De trancher dans

Son vif !!

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

samedi 29 juillet 2017

Arrêtons la gabegie et l’aveuglement ! (2ème partie)


Avant de regarder les erreurs et la gabegie qui nous ont mené dans l’état de la France aujourd’hui, il faut encore revenir sur la situation réelle dans laquelle nous sommes tant la désinformation nous trompe. Il faut bien penser que, si la loi sur la transparence et la moralité de nos élus est un frein aux égarements, à la compromission des élus communaux, intercommunaux, départementaux, régionaux, nationaux et européens, on peut d’ores et déjà parier d’une part que ces incivilités et ces délits n’en disparaîtront pas pour autant et que cela n’aura aucun impact positif notable sur la santé économique et sociale de notre pays. Le refus d’exiger un casier vierge pour les parlementaires est un signe qui ne trompe pas, car cela toucherait nombre d’entre eux.

On ne peut juger la France que par comparaison avec des pays proches de nous et embarqués dans la même galère. Il y a quelques chiffres sonnants et trébuchants qui méritent d’être retenus quand on écoute les beaux mirages auxquels nous font croire politiques et médias aux ordres. Dans le tableau ci-dessus, les indicateurs en bleu sont favorables par rapport à la zone euro, et en rouge défavorables. Il est ainsi clair que la France ne tient pas la comparaison avec l’Allemagne. Non seulement son PIB est plus de deux fois et demi sa dette publique, alors que le nôtre n’est guère supérieur à celle-ci, mais nous sommes en déficit sur le budget et sur le commerce extérieur quand l’Allemagne est en excédent et particulièrement sur le commerce extérieur. Mais sur ce dernier point on note que la Grèce est pratiquement à l’équilibre et que nous sommes le seul pays lourdement déficitaire alors que la zone euro et l’UE affichent un excédent notable. La France est le seul pays du sud européen à cumuler déficit du budget et du commerce extérieur, c’est des emprunts en perspective et de l’argent qui disparaît de notre pays. On notera au passage que l’écart sur le commerce extérieur entre la France et l’Allemagne est de 280 milliards. 

Je vous propose d’aller plus loin pour juger de la gravité relative de notre situation dans la zone euro en ajoutant un certain nombre d’indicateurs.  

Comme sur le tableau précédent les indicateurs sont favorables en bleu et défavorables en rouge par rapport à la zone euro. Le premier constat est que tous les indicateurs sont en rouge pour la France et pour elle seule en 2016, de plus aucun indicateur n’est meilleur face à l'Allemagne. Face à la moyenne de l’UE, seul le PIB/habitant est meilleur. On peut dire globalement que la France est handicapée par rapport à la zone euro et qu’elle est sur chemin de la décroissance avec aucun atout pour dépasser la moyenne de la zone euro. Mais reprenons plus en détail. Notre croissance est inférieure à la moyenne de la zone euro alors que l’Espagne a retrouvé la croissance que l’Allemagne conserve. Notre PIB/habitant ne nous place plus au-dessus à la moyenne européenne comme en 2012 mais au-dessous et nous avons perdu 2 points. Notre dette/PIB est nettement au-dessus de la moyenne de la zone euro et s’est aggravée de 6,5% alors que celle de la zone euro a légèrement diminué depuis 2012. Que l’on compare notre solde budgétaire négatif par rapport au PIB ou aux recettes administratives, nous sommes encore plus mauvais que la moyenne de la zone euro. Nous ne respectons pas les 3%/PIB alors que la moyenne de la zone euro est à 0,9% et l’Allemagne en excédent de 0,8% ! Pourtant nous sommes au-dessus de la moyenne de la zone euro, de l’UE, de l’Allemagne et de tous les pays du sud pour les recettes administratives avec 52,8% du PIB. Ce n’est donc pas faute de faire rentrer l’argent ! 

Sur notre position sociale, les indicateurs sont aussi mauvais. Notre chômage à 10,1% reste légèrement supérieur à celui de la zone euro et a légèrement augmenté de 0,3 point soit 3,1% de plus de demandeurs d’emploi depuis 2012 alors qu’il a diminué de 1,4 point soit 12,3% de demandeurs de moins en zone euro. Le chômage des jeunes est nettement au-dessus de celui de la zone euro et de l’UE. Si nous regardons la consommation des ménages nous nous apercevons qu’elle a diminué de 0,4% depuis 2012 alors que la population a augmenté, nous vivons donc moins bien en 2016. Mais surtout c’est que celle-ci a augmenté de 6,4% en zone euro, 7,7% dans l’UE et 9,3% en Allemagne. Seule la Grèce fait pire et nous montre le chemin. Ces quatre dernières années ont donc vu le bien-être des français se dégrader, car on pourrait faire le même constat sur les prestations sociales.

Le dernier volet traite du commerce extérieur qui est sensé nous apporter de la richesse, mais qui dans un système mondial idéal serait censé être équilibré entre importations et exportations. Le solde est négatif de 43,415 Mds€, comme nous l’avons vu dans le premier tableau mais il s’est très peu amélioré depuis 2012 soit 0,2% de moins de déficit alors que la zone euro a amélioré son excédent de 4,3% et l’UE de 10,7%. La compétitivité de la France est en cause car non seulement le solde de son commerce extérieur est négatif et impacte de 1,9% son PIB mais elle ne réduit pas significativement son déficit depuis quatre ans alors que l’Espagne et l’Italie ont des excédents qui ont progressé depuis 2012 respectivement de 4,7% et 8,4%. 

Si l’Italie présente des indicateurs plus mauvais que les nôtres sur la dette et sur la plupart des indicateurs, elle a deux atouts majeurs, le commerce extérieur bénéficiaire et un déficit budgétaire qui se rapproche de l’équilibre. Si la charge de la dette italienne, les taux d’emprunt associés, et la faillite des banques ne mettent pas ce pays en danger, je dirais que ce pays a plus de chances de s’en sortir que nous, même s’il reste le pays le plus malade pour l’instant après la Grèce. Mais il faut ouvrir les yeux, la France s’enfonce et n’a pas en main les atouts pour son redressement. Elle vit au-dessus de ses moyens avec une gabegie qui fait fi de la réalité de sa situation de pré-faillite. Ce qui fait mal ? On en parle dans le prochain article.
 
La pire des situations est celle où l’on cache au peuple le danger 

Et où il se complait dans des récriminations corporatives,

Dans l’idéologie de la fraternité et de l’égalité. 

Ses rêves idéalistes le laissent en proie

A ceux qui le maintiennent ainsi 

Pour mieux le spolier !
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

jeudi 27 juillet 2017

15 hauts gradés de l'armée écrivent à Macron : "Nous nous sentons humiliés"



Les attaques d'Emmanuel Macron contre le général Pierre de Villiers ne passent décidément pas. Dans une lettre ouverte au président que Capital reproduit ci-dessous, 15 hauts gradés de l'armée ayant quitté le service - dont cinq généraux - clament leur soutien à l'ancien chef d’État-major et témoignent de leur " blessure profonde ".

Monsieur le Président

C’est au Chef des armées que les signataires de la présente lettre souhaitent s’adresser. C’est au Chef des armées qu’ils veulent dire combien ils ont été stupéfaits par son attitude à l’égard du Chef d’état-major des Armées de la France.

Nous sommes des Officiers de tous grades et des différentes armées ayant quitté le service actif. Nous n’avons aucun mandat ; nous ne prétendons pas parler au nom de l’Armée, cette « grande muette ». Nous estimons en revanche, de notre devoir de vous faire part de notre indignation et de vous dire ce que beaucoup de nos jeunes camarades, nos frères d’armes en activité, ressentent sans pouvoir l’exprimer.

L’Armée est peut-être muette, mais elle n’est ni sourde ni aveugle, ni amnésique. Elle n’a pas été sourde quand elle a entendu et cru en vos promesses de campagne. Elle n’a pas été aveugle lorsque votre tout premier geste a été de vous rendre au chevet de ses blessés. Elle a apprécié le symbole qu’a représenté votre choix d’un véhicule de commandement le jour de votre prise de fonction, elle a été sensible à l’image de l’autorité restaurée que vous avez voulu afficher. Tant vos paroles que les symboles que vous aviez choisis semblaient donc démontrer votre compréhension des forces armées et la priorité que vous leur accorderiez dans le contexte actuel.

Mais alors tout cela n’était-il que promesses, paroles et maniement des symboles ? On est en droit désormais de se poser la question en entendant les propos que vous avez tenus publiquement à l’Hôtel de Brienne à l’encontre du Chef d’état-major des armées, à la veille des cérémonies du 14 juillet. Cela restera longtemps dans les mémoires.

« Je considère pour ma part, qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique… »
Mais alors est-il vraiment digne de réprimander, non seulement en public, mais devant ses subordonnés, un grand chef militaire, au sujet de propos destinés aux membres d’une commission parlementaire, au cours d’une audition censée être confidentielle ? Le CEMA ne faisait-il pas son devoir en rendant compte loyalement à la représentation nationale de l’état des armées ? Cette humiliation publique est une faute, Monsieur le Président.

« J’ai pris des engagements… »
Mais alors, après avoir prolongé le CEMA d’une année, ce qu’il a accepté en toute loyauté, précisément pour mettre en œuvre vos engagements de campagne, pourquoi lui faire grief de refuser d’endosser vos reniements ? Comment pouvez-vous penser qu’il accepterait de se soumettre et de perdre ainsi la confiance de ses subordonnées ? Ce reniement est une faute, Monsieur le Président.

« Je suis votre chef... »
Tous les militaires le savent et ils sont vexés que vous le leur rappeliez. Mais alors, serait-ce que vous en douteriez vous-même ? Dans ce cas, ce doute vous honorerait car il montrerait que vous avez senti la différence entre être le chef légal, et être le chef véritable : celui qui, connaissant le métier des armes, respecte ses hommes et en retour se fait aimer d’eux ; celui qui, parce qu’il a d’abord commencé par obéir, a appris à commander. Si votre jeunesse est une excellente chose, elle ne vous a pas apporté l’expérience du Service sous les armes. Personne ne vous le reproche, mais ceci implique un minimum d’humilité : commander n’est pas « manager ». Ce défaut d’humilité est une erreur, Monsieur le Président.

« Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir… »
Nous ne demandons qu’à le croire, mais pour l’instant vous ne les tenez pas, et nos ennemis eux, ne vont pas attendre une année supplémentaire pour frapper les nôtres. Quant à l’argument consistant à dire au pays que la coupe budgétaire annoncée n’aura aucune incidence sur la vie de nos soldats, il est fallacieux et vous le savez. Il a été utilisé par vos prédécesseurs depuis des décennies et il est la cause des nombreux retards, diminutions, voire annulation de programmes, responsables du délabrement actuel de nos matériels ; situation que nos hommes vivent durement au quotidien, en conditions de guerre. En réalité vous mettez nos armées dans une situation encore plus tendue, vous le savez et vous manipulez la vérité. Cette manipulation est une faute Monsieur le Président.

« Je n’ai, à cet égard, besoin de nulle pression et de nul commentaire »
Considéreriez-vous donc comme une « pression » ou un « commentaire » le compte-rendu que le Chef d’état-major a présenté en toute vérité et loyauté à la commission parlementaire ? Le CEMA ne doit-il adresser à la représentation nationale que des propos bien lissés et bien formatés en lieu et place de la réalité ? Quel caporalisme, quel manque de considération pour lui comme pour elle ! Quel mépris vis-à-vis des problèmes réels auxquels nos armées ont à faire face ! Ce mépris est une faute Monsieur le Président.

« J’aime le sens du devoir, j’aime le sens de la réserve… »
Précisément votre devoir était de faire preuve de réserve vis-à-vis de votre grand subordonné ; les termes vifs qu’il a utilisés ne vous étaient pas destinés, vous le saviez. Rien ne vous obligeait à rendre publique une fuite de confidentialité et à l’exploiter en violente diatribe à son égard. Où est la réserve quand quelques jours plus tard, comme si cela ne suffisait pas, vous déclarez dans la presse que « L’intérêt des armées doit primer sur les intérêts industriels », laissant ainsi entendre que le souci du CEMA concernant l’obsolescence des matériels lui seraient « susurrés » par le lobby militaro-industriel ? C’est bas, ce n’est pas digne, Monsieur le Président. Où est la réserve quand, dans le même journal, vous ajoutez en parlant du général De Villiers qu’il a toute votre confiance, « mais à condition de savoir quelle est la chaîne hiérarchique et comment elle fonctionne, dans la république comme dans l’armée » ? Où est la réserve dans de tels propos adressés à un homme qui sert les Armes de la France depuis quarante ans, quand vous ne les découvrez que depuis deux mois ?

En conclusion, vous aurez compris, Monsieur le Président, que vos paroles publiques visant le Général De Villiers n’ont pas seulement atteint ce grand serviteur de la France et de nos armées mais aussi un grand nombre de militaires qui, comme nous, se sentent humiliés. La blessure est profonde. C’est pourquoi, loin des innombrables commentaires politiques, techniques ou simplement polémiques, nous pensons qu’il est de notre devoir de vous parler avec le cœur. Vous aviez bien commencé avec les symboles, et nous avons cru en votre parole ; mais aujourd’hui elle s’est transformée en mots inutilement destructeurs et vos récentes déclarations d’amour à Istres ne sont encore perçues que comme des mots, pour ne pas dire comme de la communication.

Alors, Monsieur le Président, réservez et retenez votre parole pour qu’elle redevienne La parole, la parole donnée, la parole qu’on tient : celle en laquelle nous pourrons croire à nouveau. Laissez les symboles et les discours et passez aux actes concrets pour vos militaires. Vous êtes leur chef constitutionnel, soyez-le dans leur vie réelle, écoutez-les, respectez-les.

Général de brigade aérienne (2S) Diamantidis

Ont également signé cette lettre :
Général de division aérienne (2S) Tsédri
Général de division aérienne (2S) Champagne
Général de brigade Gendarmerie (2S) De Cet
Général de brigade Terre (2S) Reydellet
Colonel Terre (ER) Wood
Colonel Terre (ER) Lerolle
Colonel Terre (ER) Noirot
Colonel Terre (ER) Aubignat
Colonel Air (ER) Piettre
Colonel Air (ER) Populaire
Médecin en chef (H) Reynaud
Lieutenant-Colonel Air (ER) Delalande
Chef de bataillon Terre (ER) Gouwy
Capitaine Terre (ER) Diamantidis