samedi 30 avril 2016

Un monde qui bascule dans le désordre et les affrontements

Pendant que Ségolène Royal nous prépare un nouveau tonneau des Danaïdes, après Heuliez, avec 1.000km d’autoroutes pour le tout électrique et le véhicule sans chauffeur, pendant que nos députés votent l’arrêt des sanctions contre la Russie et que le pouvoir fait semblant de ne pas entendre,  pendant que François Hollande se félicite d’une hausse du PIB par la consommation intérieure grâce à la fonte de l’épargne des citoyens, pendant qu’il se gausse d’un contrat de sous-marin de 12 au lieu de 37 milliards qui n’est même pas encore signé, la France ne va pas mieux et progressivement le peuple envahit la rue. Le climat social et politique est désastreux et les représentants de la République, cloîtrés dans des luttes intestines et des ambitions démesurées, oublient la France dans un magma mondialiste qui pressure le peuple pour le bénéfice des multinationales et le pouvoir technocratique, lequel pratique une vague d’autoritarisme qui augmente au fur et à mesure que son autorité s’affaiblit. Le chiffon rouge, la muleta du terrorisme, s’agite pour que le peuple rencontre l’épée qui l’agenouillera. Le climat économique est très précaire quand le FMI diminue ses prévisions mondiales et que la Chine et les pays émergents marquent le pas.

Mais derrière notre petite salade intérieure se joue une autre grande partie entre deux nouveaux blocs, celui de l’hégémonie américaine, derrière laquelle nous nous sommes rangés sans volonté d’en sortir, et celui de pays qui veulent d’un monde multipolaire s’éloignant du pétrodollar et redonnant aux nations leur autonomie de décision. Ce n’est évidemment plus notre cas. Nous faisons ce que les américains nous demandent. Pire nous subissons en plus ce que l’Allemagne décide, comme l’appel à l’émigration en Allemagne et l’accord avec la Turquie, que nous n’avons pu discuter qu’à la marge et qui a été initié sans nous. Notre dépendance est évidente et effective sur le plan militaire et elle va être totale avec la signature du TAFTA ou TIPP, qui va non seulement nous forcer à accepter l’essentiel des normes américaines mais qui en plus va rendre, en cas de conflit avec des lobbies privés, l’Etat  dépendant du jugement d’un tribunal privé. Si ce n’est pas l’exemple-type de perte de souveraineté, il faudra que l’on m’explique. 

Si nous n’étions pas convaincus de l’hégémonie américaine, basée sur le dollar et la puissance militaire, il suffirait de regarder la carte ci-contre et d’écouter Donald Trump dans sa campagne électorale. Il a souligné que l’Amérique a d’abord joué un rôle positif dans le monde, en contribuant à la victoire contre l’Allemagne nazie dans les années 40 et en défaisant le totalitarisme et le communisme dans les années 90. C’est par la suite, a-t-il précisé, que la politique étrangère américaine s’est détériorée à cause d’une politique d’interventionnisme injustifiée qui a mené à un désastre après l’autre. Selon l’estimé final de CNN du Super mardi, le milliardaire a presque atteint la barre des mille délégués dans la course à l’investiture. Que l’on soit attiré ou repoussé par lui, le choix de l’autre prétendante est celui du choix certain de la continuation de la politique hégémonique, guerre totale comprise.

L'Europe n'admettra plus la condescendance des États-Unis, elle souhaite avoir des relations équilibrées entre l'Occident et l'Orient, a déclaré l'ancien secrétaire général adjoint de l'Onu Hans-Christof von Sponeck. "Ces dernières années, Washington nous dit: nous avons protégé les Européens, à présent, ils doivent faire un effort et se protéger eux-mêmes. Excusez-moi, nous n'avons pas besoin d'une telle protection. Nous avons besoin de relations équilibrées entre l'Orient et l'Occident. Quand je dis « nous », je parle au nom de la plus grande partie de la société. Nous ne voulons plus soutenir le droit d'un pays à l'exclusivité et l'approche unilatérale dont Washington fait preuve. Nous ne le tolérerons plus", a indiqué le diplomate allemand commentant les propos du président américain Barack Obama sur "l'agression russe" en Ukraine et sur "la menace russe" qui pèse sur l'Europe unie et libre. 

Selon un article du 23 avril publié par Deutsche Wirtschafts Nachrichten (Nouvelles économiques allemandes), le président américain Barack Obama exige le déploiement actif de la Bundeswehr [forces armées de l’Allemagne, y compris leur Armée, la Marine et la Force aérienne] sur les frontières orientales de l’OTAN» en Pologne et dans les républiques baltes, rejoignant ainsi là-bas le quadruplement des forces américaines à proximité des frontières de la Russie. Mais il y a plus significatif encore. Le journal DWN précise l’objet de la réunion au sommet qui s’est tenue à Hanovre le 25 avril en Allemagne, avec les dirigeants de l’Allemagne (Angela Merkel), de l’Italie (Matteo Renzi), de la France (François Hollande) et de la Grande-Bretagne (David Cameron). L’objectif de cette réunion aurait été l’obtention d’un accord pour établir, dans les pays de l’OTAN limitrophes de la Russie, une force militaire de ces cinq pays, une force menaçant la Russie d’une invasion, si ou quand l’OTAN déciderait par la suite qu’il faudrait répondre militairement à la menace de la Russie.

Mais qui est l’agresseur ? Quand un pays est ceinturé par des missiles de tous côtés avec des troupes adverses à ses frontières, est-il l’agresseur présumé ou l’agressé ? Quand des avions adverses frôlent votre espace aérien, quand des bâtiments de guerre adverses côtoient vos eaux territoriales en permanence en Mer Noire, dans la Baltique et en Mer de Chine pour le Chine, quand on fait un coup d’État en Ukraine pour y installer des forces américaines, quand on met des têtes nucléaires en Italie, en Belgique, en Allemagne, en Hollande et en Turquie, pays ne devant pas posséder ce type d’armes, qui est l’agresseur ? Quand on recherche l’incident comme les avions israéliens allant sur le Liban, sans aucune autorisation, quand nous allons bombarder la Syrie, avec un gouvernement reconnu par l’ONU, sans mandat international, et que nous reconnaissons un gouvernement dit « libre » rebelle, qui est l’agresseur ? 

Pendant que l’UE se délite, que l’euro se meurt et que les peuples européens manifestent un peu partout de différentes façons, pendant que les frontières se ferment les unes après les autres, la guerre s’étend partout dans le super continent Europe-Asie-Afrique. L’OTAN va envoyer 4.000 militaires dans les Pays Baltes. La France elle-même renforce ses troupes en Côte d’Ivoire alors que le problème du Mali reste entier. Selon l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), les violations du cessez-le-feu ont atteint leur plus haut niveau depuis des mois en Ukraine mais elle couvre les crimes de guerre ukrainiens contre l’hôpital d’Yelenovka.

Pourquoi la situation se tend de plus en plus ? C’est que l’hégémonie américaine ne tient pas qu’à la puissance militaire. On peut même dire qu’elle est essentiellement liée au dollar, car sans la possibilité d’avoir le dollar maître du jeu, on ne peut pas en créer sans limite et il n’y a plus d’argent pour la domination militaire. Or le couple Russie-Chine, mais d’autres pays s’y adjoignent, non seulement développent des échanges en yuan ou en rouble, mais la Russie et l’Iran ne veulent plus être payés en dollar. Autrement dit le règne du pétrodollar est en train de s’écrouler. Les USA ont compris qu’il fallait faire vite et mettre rapidement le plus grand nombre de pays encore plus dépendants de l’Amérique et liés par des accords stratégiques. Le traité Pacifique est signé avec de nombreux pays dont le Japon et l’Australie évidemment. Le traité Atlantique est poussé en avant avec la visite d’Obama à Londres et à Berlin. 

Mais tout cela sent la poudre entre les blocs et la révolution populaire dans de nombreux pays. La faiblesse du pouvoir en France sert les vues de deux pays, les États-Unis et l’Allemagne. Dans celle-ci on commence à parler d’un euro centré sur l’Allemagne et de pays proches en excluant la France. Le Brexit est possible. Sous la pression populaire, la Finlande examine la possibilité de sortir de l’euro. La Grèce est exsangue et privatise à tour de bras, tout y passe. Mais plus inquiétant encore, la guerre se prépare depuis la Libye où l’on recommence l’utilisation de Daech, qu’on laisse s’implanter voire que l’on favorise, pour pouvoir y amener l’OTAN. Les regards sont tournés vers l’Algérie, qui a résisté jusque-là au « printemps arabe ». Mais BHL, comme dans les Balkans, en Libye, en Ukraine, en Syrie, vient soulever le mouvement kabyle. Cet oiseau précurseur est un oiseau de malheur. Derrière lui la guerre s’installe. Le Maroc lui-même prend peur. Des techniciens israéliens sont à l’œuvre à sa frontière avec l’Algérie pour sécuriser cette frontière et le roi s’est rapproché de Poutine. Cela en dit long sur la menace qui pèse de nouveau sur le Maghreb. 

Notre arrivée dans l’OTAN et dans l’UE 

Alliée à la faiblesse de nos dirigeants

Condamnent bientôt notre pays...

A subir la loi du talion ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

vendredi 29 avril 2016

Deux exemples de manipulation de l’information (3ème partie)

Il m’est apparu intéressant, avant de développer un deuxième exemple, de jeter rapidement un œil sur l’actualité qui nous fournit jour après jour l’occasion de découvrir l’ampleur de la désinformation. Par exemple l’affaire des Panama Papers nous fait voir combien la disparition des paradis fiscaux, dont on nous a rabattu les oreilles, était une simple mascarade. Même David Cameron a été pris par erreur due à la précipitation dans la nasse avec nos banques comme la Société Générale, où en même temps que le PDG de cette banque jurait sur l’honneur devant les élus que sa société n’utilisait plus les paradis fiscaux, ses dirigeants créaient plus de 900 sociétés offshore au Panama. Mais pire encore il s’avère que ce scandale a été volontairement éventé par la CIA et des services allemands, pour faire rapatrier les sommes planquées en euros vers le dollar, en perte de vitesse. En effet les États-Unis disposent du plus grand paradis fiscal sur leur territoire au Delaware et viennent d’en ouvrir un autre au Nevada, ce qui vient de permettre à la Banque Rothschild d’y mettre son siège. Ne vous étonnez donc pas de ne voir que très peu d’américains et d’allemands pris au piège. Concluez simplement que l’on se moque de nous. 

Il y a jusqu’aux embellies distillées aux français par leur Président, méprisé par 80% d’entre eux, qui sentent la désinformation. En plus l’interprétation mensongère des chiffres du chômage, il y a celle du contrat mirifique des 24 sous-marins vendus à l’Australie pour 37 milliards. Que nenni. D’abord le contrat n’est pas signé, nous sommes dans la phase de discussion exclusive, comme nous l’étions pour l’Inde avec les Rafale. L'Inde souveraine a décidé d'annuler l'achat initial de 126 Rafale et de ne pas donner suite au récent accord supposé pour l'achat de 36 Rafale... On voit ce qu’il en est sorti. Ensuite c’est 37 milliards de dépenses pour l’Australie et 12 milliards au mieux pour nous, ce qui n’est tout-de-même pas mal, mais répartis sur 15 ans soit 0,8 milliard par an. Ceci relativise le discours triomphant où le « qui fait quoi » n’est pas encore clairement établi. C’est donc un enfumage par déformation de la vérité. De plus rien ne dit encore que tout cela ira au bout.

Mais sur le sujet du nucléaire, la distillation de la peur est la tarte à la crème de la complicité entre la politique et les médias. Jugez plutôt ce grand titre sur Atlantico : « Les cancers de la thyroïde en France sont-ils liés à Tchernobyl ? ; lait radioactif : un scandale sanitaire en Biélorussie ? » Ce titre est une ouverture à la suspicion et à l’inquiétude, qui reste si vous vous contentez du titre. Lisons la première phrase de l’article : « La fréquence du cancer de la thyroïde est en hausse en France depuis les années 80. L’accident nucléaire de Tchernobyl serait loin d'être le seul responsable d’après l’Institut de veille sanitaire (InVS). » Puis vient : « Trente ans après la catastrophe, l’analyse d’un échantillon de lait produit en Biélorussie, près de la zone d’exclusion, contenait dix fois la quantité de radiation acceptée. Ce lait servirait à la production de fromages commercialisés en Russie. Des résultats inquiétants mais à confirmer. » C’est plus inquiétant encore, mais… rien est sûr. Alors que les habitants de ces lieux contaminés vivent depuis 30 ans dans cette ambiance, pourquoi tout d’un coup, balance-t-on ce type d’information dans les médias français ? Pour entretenir la peur en se servant de l’anniversaire trente ans après Tchernobyl. 

Voici un autre exemple repris par des journaux de la grande presse « mainstream », comme le Monde et des journaux régionaux comme le Midi Libre. Voici en gros le titre du Midi Libre du 26/04/16 : « 30 ans après Tchernobyl, la France est-elle toujours contaminée ? ». Le titre suppose donc que depuis 30 ans on nous cache des informations essentielles pour la santé publique. L’article nous parle de relevés faits par la Criirad, organisme privé (donc rémunéré) de recherche des radioactivités sur le territoire et largement utilisé par la puissance publique et les mouvements verts en « contre-expertise » des informations des organismes officiels en charge. Dans plusieurs régions, des prélèvements au sol dans la couche de terre agricole auraient révélé des radioactivités de 10.000 Becquerel. Ce chiffre frappe évidemment les esprits de la plupart des gens et laisse à penser que nous sommes toujours victimes de Tchernobyl et de ses retombées. Notre santé serait toujours en danger. Voici une partie du commentaire que j’ai adressé au Midi Libre : 

« La Criirad balance dans les médias des chiffres en Becquerel, qui est une unité très petite, trop petite, ayant remplacé le Curie, unité jugée trop grosse. En fait on ne devrait parler qu’en kBq soit 1000 Bq. Votre article relaie une information sur des radioactivités relevées de 10.000 Bq dans différents points du territoire, chiffre évidemment beaucoup plus impressionnant que celui de 10 kBq. Il n’est pas question pour moi de contester ces chiffres mais de voir leur impact sur l’homme. La contamination des sols par le Césium-137 peut en effet être dangereuse par l’ingestion de nourriture contaminée. En supposant que la nourriture soit toute d’origine locale, le supplément de dose efficace (celle concernant l’ensemble du corps) de radioactivité est de 0,001 à 0,002 mSv (milliSievert) par kBq/m2. Donc pour 10 kBq on a une dose efficace de 0,01 à 0,02 mSv. Or notre propre radioactivité interne, due au Potassium-40 contenu dans nos os, est de 0,25 mSv soit 10 à 20 fois plus. La radioactivité naturelle en France, très variable selon les régions, est en moyenne de 2,4mSV soit 100 à 200 fois plus. Pourtant des populations du monde vivent dans des radioactivités de 10mSv sans que l’on n’ait pu détecter statistiquement des effets sur la santé. L’imagerie médicale nous expose à des doses variant entre 0 et 30 mSV (9 mSv pour un scanner).

 La Criirad donne donc aux médias des informations qui n’ont qu’un impact négligeable sur la santé, de l’ordre d’une radio dentaire et même pas d’un voyage en avion. Elle jette ainsi l’opprobre sur l’énergie nucléaire en suscitant une peur injustifiée. En cas d’accident nucléaire l’impact économique et social est surtout généré par la peur comme l’a très bien démontré l’émission d’Arte. A mon avis personnel, au nom du principe de précaution, les normes ont été trop abaissées et affolent finalement inutilement. Les observations sur les populations qui sont restées vivre dans les zones contaminées, voire interdites après les accidents, nous en apprendront plus. En tous cas, je vous demande de ne pas céder aveuglément au sensationnel, les articles qui génèrent la peur étant toujours porteurs d’intérêt des lecteurs. La diffusion des informations dans ce domaine mérite d’être commentée avec le souci de ne pas susciter des peurs inutiles et finalement nuisibles. Je constate que votre journal ne le fait pas et cherche plutôt des titres et des articles accrocheurs qui finissent par masquer la réalité et deviennent de la désinformation. » 


J’ajoute que la limite de dose légale, la norme, est calculée comme on le fait pour les ascenseurs où l’on vous indique 4 personnes au plus en sachant bien que certains rentreront à 6. C’est donc pour un poids bien supérieur que l’ascenseur est prévu. Voilà le monde de désinformation dans lequel nous vivons. Ma compétence ne peut s’exercer que dans un petit nombre de domaines, je suis donc, comme vous tous, sujet à gober beaucoup de désinformations. Seuls le bon sens et l’esprit critique, celui que Mme Najat Belkacem veut enseigner aux enfants en participant pleinement elle-même à la désinformation mais que mes maîtres m’avaient inculqué il y a bien longtemps,  peuvent nous permettre d’éviter d’être pris en permanence pour des gogos. 

Grâce aux médias la démocratie est attaquée de toutes parts. 

La République que l’on nous serine à tout bout de discours

 Ne représente plus rien de ce pourquoi elle est née   


Puisque ces représentants ne représentent plus

Qu’eux-mêmes et oublient la France. 

Bien pires que les monarques

Ils nous abêtissent ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

jeudi 28 avril 2016

Deux exemples de manipulation de l’information (2ème partie)

Le chômage et le nucléaire font la une des journaux en concurrence avec l’arrestation des terroristes dont on nous parle dans les moindres détails alors que seuls leurs révélations présentent un intérêt, le reste étant l’affaire de la Justice. Le nucléaire s’est remis dans l’actualité après les pas en avant et en arrière sur le sujet et le trou de 37 milliards chez EDF. Entre Ségolène Royal qui augmente de dix ans la durée de vie des centrales et François Hollande qui veut arrêter Fessenheim en 2018, l’incohérence règne.

Cette incohérence est préjudiciable à cette filière où la France a tenu une première place pendant longtemps. A force de querelles d’hommes entre EDF et Areva, à force de pressions politiques sur la sûreté nucléaire, à force de dénigrements politiques sur cette filière, et sans doute d’erreurs de gestion, la filière française a perdu son aura et son savoir-faire. Nous sommes concurrencés par la Chine et les États-Unis entre autres, menacés de ne plus vendre de réacteurs et d’être dépassés par les réacteurs russes de quatrième génération, sur lesquels nous avions vingt ans d’avance avec SuperPhénix, arrêté pour raison politique par Lionel Jospin. Les réacteurs EPR, comme Flamanville, sont à la pointe de la sécurité, dite « sûreté » en termes nucléaires, mais plus en tête de la recherche. Nos querelles intestines ont donné des chantiers mal gérés en Finlande et à Flamanville entraînant des surcoûts et des délais supplémentaires inacceptables. Ceci étant dit, il s’agit de deux têtes de série et il faut savoir que la rentabilité de la filière ne se fait qu’avec la construction des suivants. Les économistes qui parlent de folie des ingénieurs n’ont évidemment pas la notion de ce qu’est un prototype. Toutes proportions gardées, le coût d’une innovation technologique se paie aussi bien dans le nucléaire que dans l’automobile. Sur deux voitures prototypes l’industrie automobile investit beaucoup d’argent, et ne va récupérer que sur la série qui va suivre. 

Cela va déjà beaucoup mieux avec les deux réacteurs de Taishan, en Chine, sur lesquels travaillent EDF, Areva, et un opérateur local, le Chinois China Guangdong Nuclear Power Holding Corp (CGNPC). La construction n'a débuté qu'en 2008, pour un rendu prévu fin 2013. La "deadline" a bien été repoussée, à deux reprises, au printemps 2014, puis à juin 2015 pour la première unité, septembre pour la seconde. Mais ils seront terminés cette année avant Flamanville avec des coûts et des délais moindres. L’État s’est rendu coupable d’engager EDF dans les Énergies Renouvelables pour lesquels nous sommes partis très en retard sur ce marché dominé par le Danemark et la Chine. Les industries allemandes ont déjà pris du recul malgré l’abandon du nucléaire en Allemagne. Nous ne pourrons prendre que de petites parts du marché et ce créneau n’est pas rentable sans aide de l’État, lequel ne s’est pas privé pendant de nombreuses années de ponctionner sur les bénéfices d’EDF pendant les vaches grasses. Ce sont les incohérences de la politique énergétique française qui génèrent cette situation de quasi-faillite de l’EDF, industrie majeure aux capitaux essentiellement d’État. Cette situation est exploitée politiquement pour en remettre une couche sur l’arrêt du nucléaire et le soutien aux EnR sans aucune raison scientifique ni même économique.

Alors que notre pays est le plus nucléarisé du monde par habitant, alors qu’aucun accident majeur n’a endeuillé ou nui gravement à l’homme et à l’environnement, les mouvements écologiques ne cessent de vouloir en finir avec cette énergie. Ils sapent ainsi toute tentative de persuasion ou d’éducation de la population en perturbant toute réunion publique, j’ai pu en être témoin. Ils finissent par introduire une psychose qui n’a aucun fondement mais qui joue sur la peur devant un phénomène physique, la radioactivité, laquelle a le malheur de n’être révélée que par les instruments de mesure. La petitesse de son unité Becquerel, le choc d’une particule par seconde, porte deux inconvénients majeurs exploités au maximum, l’importance du nombre de Bq dès que l’on fait une mesure même dans un environnement dit « normal », dans une maison bretonne en pierres par exemple, et le terme « choc » qui porte une valeur traumatisante. L’écologisme excelle dans le maniement de la peur. Ne parlons même pas du Sievert, grosse unité de dose, et des Rad, Rem, Gray, qui fleurissent dans certains articles mais qui n'évoquent rien pour la majorité des gens. Comme le public non informé n’a aucune notion de la relativité des choses, il est à priori traumatisé par un danger inconnu, non visible, et facilement trompé par la grandeur des nombres attribués aux mesures. L’excellente émission d’ARTE sur l’après Tchernobyl a montré que les dégâts humains d’une catastrophe nucléaire tenaient beaucoup plus aux séquelles de l’angoisse et de l’anxiété qu’à la radioactivité elle-même, par ce qu’elles suggèrent dans les esprits. 

Nous sommes là devant une désinformation caractérisée dont les effets sont finalement très nuisibles. On ne s’attarde guère dans les médias sur le fait que des habitants des zones interdites, tant autour de Tchernobyl, qu’autour de Fukushima, ont refusé de partir et y vivent depuis sans que l’on puisse mettre en évidence une mortalité particulière ou des fréquences de maladie plus élevées que dans les autres zones contaminées ou non. Les vétérinaires y font les mêmes constats sur les mammifères domestiques. Pour les ukrainiens ou les biélorusses, cela dure depuis trente ans. Ce simple constat montre que le maniement de la peur à priori ne sert que des intentions politiques ou simplement la mobilisation d’énergies humaines pour militer pour une cause que l’on fait croire comme indispensable à la survie de l’humanité. Chacun sait que tout individu, soumis en permanence à l’angoisse, au stress et à l’anxiété, est une cible pour de nombreuses maladies dont le cancer est un des mieux connus. L’éducation de la population rendrait les individus moins perméables à cette distillation de la peur. Devant la puissance des détracteurs, il appartient à l’État d’être leader dans la communication, mais il est surtout complice. Dans un cycle de conférences dont j’étais un des acteurs, j’avais l’habitude de dire : « Si vous soulez que je vous fasse peur avec la radioactivité et l’énergie nucléaire, il me faut cinq minutes, si vous voulez que je vous rassure, j’ai besoin d’une heure et demi ».

Dans une dernière partie sur la désinformation, je vous ferai part d’un exemple concret de désinformation que nous venons de vivre dans les médias à la suite de l’anniversaire des 30 ans après Tchernobyl. Aujourd’hui nous sommes dans une entreprise de destruction systématique de l’opinion sur le nucléaire, qui fut l’un des joyaux de l’industrie de pointe française, et les conséquences économiques se font déjà sentir. Pendant ce temps, les russes, les chinois, les indiens, les iraniens, les britanniques et même les japonais continueront l’aventure sans nous. 

La désinformation, le refus d’information,

Et les empêchements d’en débattre 

Sont les deux plus grands ennemis

D’une véritable démocratie ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon