vendredi 29 novembre 2019

Démographie alarmante ou maîtrisable ? (2ème partie)


Le précédent article sur ce sujet avait pour but de montrer que la population mondiale est en passe de diminuer naturellement sa vitesse de croissance pour atteindre son apogée dans 90 ans environ pour atteindre 12,6 milliards d’êtres humains soit une augmentation de 42,7% depuis 2018. Si ce chiffre est mis en avant par les alarmistes, qui parlent même de 14 milliards à la fin du siècle, la prévision la plus probable d’après les données historiques pour 2110, toutes choses égales par ailleurs, montre que le même pourcentage d’augmentation dans 92 ans a été atteint entre 1998 et 2018 donc en 30 ans.  C’est en effet en pourcentage qu’il faut compter l’effort d’adaptation de l’humanité. On peut donc raisonnablement faire l’hypothèse que dans ces conditions de temps le ralentissement de l’augmentation de population a de fortes chances d’être maîtrisable. Cet article a montré que la France allait d’ailleurs atteindre son apogée de population avant 2025, donc demain, et entrera dans une phase de décroissance. Si une politique familiale volontariste n’est pas mise en place, le maintien de la population devra faire un appel massif à l’immigration avec toutes les conséquences sociétales, cultuelles, culturelles et sécuritaires qui s’ensuivront comme en Allemagne.
 
Les exemples de la France et du Monde mettent bien en lumière le fait que de grandes disparités démographiques vont bouleverser la carte démographique mondiale d’ci la fin du siècle. Pour ne pas en rester aux idées reçues, on peut regarder la Chine dont on pense qu’elle va dominer le monde par sa démographie actuelle et future. On constate d’après l’historique récent de son évolution démographique qu’elle est sur un taux de croissance de 0,457% érodé chaque année de 0,010%. Sur ces bases de l’évolution récente de la démographie chinoise, on peut calculer une prévision prospective. On constate que la Chine va vers une apogée démographique vers l’année 2068 soit dans 50 ans avec une augmentation de 13,2%. On peut en déduire que sa population va vers un ralentissement naturel tout-à­­­-fait gérable puisqu’elle a augmenté déjà sa population de 13,2% mais en 10 ans entre 2008 et 2018. Si on peut s’attendre à une domination chinoise dans les 50 ans à venir, succédant à une domination américaine de plus de 70 ans, l’évolution démographique de la Chine montre que l’histoire du monde verra aussi la fin de la domination de l’Empire de Milieu avant que la croissance démographique du Monde ait atteint son apogée. Une autre domination du monde lui succédera, mais laquelle me direz-vous ? Personne ne le sait.


L’autre grand pays, dont la population est en passe de dépasser celle de la Chine, c’est l’Inde. L’Inde présente une évolution similaire à celle de la Chine mais plus précoce avec une apogée en 2046 à moins de 1,56 milliards d’habitants si l’on prend en compte les 1,352 milliards d’habitants en 2018, l’augmentation de la population de 1,0427%, et l’érosion annuelle de -0,0371% de ce pourcentage d’augmentation. En 2046 l’Inde pourrait devenir de peu le pays le plus peuplé du monde mais cette supériorité ne durera que quelques années. La décroissance de la population pourrait même être très rapide si la situation démographique actuelle perdure. On constate que ces deux pays ne nous menacent pas à très long terme par une démographie galopante. D’ailleurs le pourcentage d’augmentation de la population serait de 15,1% en 2046 par rapport à 2018 soit en 28 ans, et qu’elle a été obtenue de 2007 à 2018 soit en 11 ans. Le ralentissement de la croissance de la population, en presque 3 fois plus de temps, ne représente pas un challenge insupportable. Au passage on voit que les deux pays les plus peuplés du monde vont être en rivalité de nombre lors de l’apogée de la population indienne vers 2046, après quoi la population chinoise continuerait encore à croître tendant une vingtaine d’années et la population indienne décroîtrait.


Ce n’est donc pas les deux pays les plus peuplés du monde qui vont participer à la croissance de la population mondiale dans la seconde partie du XXIème siècle. Ces pays sont déjà le siège d’une autorégulation de l’espèce humaine… les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel. Il faut donc chercher ailleurs.


On ne peut pas éviter de parler du 3ème pays le plus peuplé du monde, les Etats-Unis. La population des Etats-Unis était de 327,2 millions d’habitants en 2018 avec une croissance annuelle de +0,621% par an et une diminution linéaire de cette croissance de -0,0267%/an évaluée sur la période 1990-2018. La prévision jusqu’en 2120 présuppose que ces chiffres restent valables. Selon cette prévision la population américaine donne une apogée de celle-ci en 2040 avec 350 millions d’habitants. Là encore on observe que la croissance de 7,51% de la population américaine entre 2018 et 2040 soit 22 ans a été obtenue entre 2008 et 2018 soit 10 ans. On observe bien le même phénomène de ralentissement de la croissance démographique. Le scénario américain est proche de celui de l’Inde.


Pour ces trois pays on note que la prévision montre qu’ils seront tous entrés dans une phase de décroissance au-delà des 50 prochaines années si rien ne vient changer l’évolution observée depuis environ 20 ans. Si les prévisions à un siècle laissent la porte ouverte à une remise en cause du calcul prévisionnel, c’est beaucoup moins vrai pour la prévision à 50 ans. Elles devraient peser largement sur les réflexions à moyen terme et en particulier modérer l’alarmisme démographique et montrer les rapports de force futurs dans lesquels, nous l’avons vu dans l’article précédent, certains pays jouent une mauvaise carte, soit ils croissent trop vite , soit ils décroissent. Il y a une vieille anxiété qui persiste encore en France, elle avait le nom de « Péril Jaune ». Cet article met bien en lumière une pression démographique entraînant une pression économique que l’on voit naître aujourd’hui. On constate aussi que la Chine et l’Inde vont devenir les deux pays les plus peuplés du monde dans une vingtaine d’années ce qui laisse présager une lutte d’influence en particulier dans la recherche des sources énergétiques et minières dans la mesure où l’Inde s’éveille économiquement avec un retard sur la Chine. On voit bien que l’ère de domination des Etats-Unis s’achève et qu’un monde multipolaire va se créer dans le demi-siècle qui est devant nous.


Mais si on revient aux interrogations que peut poser la croissance démographique, la réflexion précédente nous pousse à regarder le 4ème pays le plus peuplé à savoir l’Indonésie qui fait partie de l’extrême-Orient. La même étude peut être menée avec une population de 267,7 millions d’habitants en 2018, une croissance annuelle de 1,140% en 2018, et une diminution annuelle de -0,0333%/an de la croissance. Le résultat donne comme pour les autres pays étudiés une apogée de la population indonésienne en 2052 à 323,3 millions. L’augmentation de 19,5% prévisible entre 2018 et 2052 soit 34 ans a été obtenue entre 2004 et 2018 soit 14 ans. La croissance de la population indonésienne est plus de 2 fois plus lente dans le demi-siècle à venir et va même décroître. Ce n’est donc pas avec l’Indonésie que l’on peut s’alarmer de leur démographie. Dans ce pays la démographie doit pouvoir être assumée raisonnablement.


Ce n’est donc pas dans les 4 pays du monde les plus peuplés que nous trouverons l’explication de la montée de la population mondiale jusqu’en 2110 à 12,6 millions d’habitants comme le montre l’article précédent. Ces 4 pays sont considérés comme des pays émergents ou émergés depuis plus ou moins longtemps parce que leur poids économique est important, et font tous partie des 35 pays de l’OCDE. Nous allons donc nous tourner vers le 5ème pays dans l’ordre du peuplement, le Pakistan. C’est un nain sur le plan du PIB par rapport à ses prédécesseurs même face à l’Indonésie. Cette fois la prévision est très différente et l’apogée pakistanaise est trouvée en 2117 avec 583,2 millions d’habitants. Cette évolution est cette fois très proche de celle du monde avec une apogée en 2110 et 12,6 millions d’habitants. Le Pakistan ne participe pas à l’OCDE et il y a donc une idée de relation avec celle-ci à expliciter.


Quittons l’Eurasie pour traverser l’Atlantique et regarder le Brésil, 6ème pays le plus peuplé du monde. En 2018 le Brésil comptait 209,5 millions d’habitants, et une croissance de population de 0,7869% érodée linéairement depuis 1960 de -0,0408%/an. A partir de ces chiffres la prévision de population donne une apogée brésilienne en 2037 de 225,1 millions d’habitants. L’augmentation de population de 7,45% de 2018 à 2037, soit 19 ans, a été obtenue de la mi-2009 à 2018 soit 8,5 ans. La vitesse de croissance serait donc réduite de moitié dans la période 2018-2037. Le Brésil présente une situation moins alarmante que celle de la France puisque sa décroissance démographique commencerait 13 ans plus tard mais le Brésil se comporte comme une nation occidentale avec une perspective de décroissance à court terme au sens démographique. Sa croissance actuelle peut donc être facilement maitrisable mais devenir une préoccupation de décroissance à un moyen terme assez proche d’une vingtaine d’années. 
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Il nous faut maintenant faire un tour en Afrique dans le pays le plus peuplé de ce continent à savoir le Nigéria. En 2018 le Nigéria compte 195,9 millions d’habitants et une croissance de 2,620%. Mais l’évolution de la population de 1983 à 2018 montre une accélération positive de la croissance à +0,003355%/an. La faiblesse de ce chiffre ne doit pas masquer son impact à long terme et le fait que le Nigéria se démarque nettement des pays précédents parce qu’il ne montre aucune limite à sa démographie avec des chiffres affolants en 2120 de 3,3 milliards d’individus. Même en supposant que l’accélération de la croissance serait désormais nulle, on constate que la démographie reste explosive. C’est bien sur ce pays que commence la réflexion sur l’alarmisme entretenu de la nécessité de la décroissance économique. Sur 6 pays les plus peuplés aujourd’hui on voit que seuls 2, le Pakistan et le Nigéria sont croissants jusqu’à la fin du siècle, et seul le Nigéria présente à première vue une démographie non maîtrisable sur les bases actuelles. Bien évidemment cet accroissement n’est pas réaliste car un phénomène d’autorégulation naîtra au plus tard au début de la 2ème moitié de ce siècle. On touche en même temps aux limites des calculs prospectifs sur une longue durée où les processus de rétroaction naissent devant des processus démographiques explosifs. Mais on perçoit aussi que les autres grands pays d’aujourd’hui, et probablement toute l’Europe, non seulement ne sont pas véritablement concernés mais certains même sont entrés dans la décroissance comme l’Allemagne et l’Italie.


Je vais terminer l’exploration des pays les plus peuplés du monde par le Bangladesh, pays pauvre par excellence. En 2018 le Bangladesh compte 161,4 millions d’habitants et une croissance de 1,0556% diminuant de -0,0327%/an depuis 1960. Contrairement au Pakistan de la même région du monde, le Bangladesh atteint son apogée dès 2050 à 190,2 millions d’habitants. L’augmentation de 17,8% entre 2018 et 2050, soit 32 ans, a été atteinte entre 2004 et 2018, soit 14 ans. La progression de la population du Bangladesh est en phase de décélération et reste donc maîtrisable. Ce pays suit donc la tendance indienne, indonésienne, pays proches et non celle du Pakistan. En plus de la pauvreté du pays on voit se dessiner un problème de culture et peut-être de culte qu’il va falloir examiner de près.


A ce stade de l’étude il convient de faire un premier bilan qui montre que les prévisions au-delà de 40 ans sont très hasardeuses et sujettes à des révisions déchirantes. Déjà en se limitant à une prévision plus probable de 42 ans, le monde de 2060 va voir des changements énormes dans la répartition des populations qui doivent inciter à des grandes réflexions et actions géopolitiques. Il ne sert à rien de sonner l’alarme générale car il y a une grande disparité entre les pays et probablement entre les grands ensembles de population. C’est ainsi que le classement des 8 pays les plus peuplés du monde sera probablement très modifié. La Chine après un court moment où l’Inde l’aura rattrapée restera le pays le plus peuplé suivi par l’Inde. Mais la 3ème place échappera et de loin aux Etats-Unis dépassés par le Nigéria qui sera deux fois plus peuplé qu’eux en 2060. Les Etats-Unis seront même devancés par le Pakistan, et seront suivis de près à la 5ème place par l’Indonésie. Le Brésil suivra mais aura déjà entamé sa décroissance comme le Bangladesh qui fermera la marche. Ces 8 pays les plus peuplés représentaient 4,110 milliards d’habitants en 2018 soit 54,24% de la population mondiale avec 7,594 milliards, pourcentage qui baissera à 47,27% avec 5,129 milliards pour une population mondiale de 10,850 milliards d’habitants.


On peut en déduire que dans les 40 ans à venir il n’y a pas lieu de prôner une urgence de décroissance démographique, le monde peut globalement gérer cette augmentation car l’augmentation de la population mondiale de 42,9% entre 2018 et 2060 soit 42 ans, a été réalisée de 1990-1991 à 2018 soit 27,5 ans. Néanmoins les situations au niveau de certains pays et même de continents peuvent demander à l’ONU de promouvoir pour eux une modération démographique ou à défaut une meilleure répartition des populations mais il a 40 ans pour le faire. C’est la prise en compte du déséquilibre entre des régions du monde qui est la priorité beaucoup plus que l’augmentation que l’on devrait pouvoir limiter à une population mondiale de 11 milliards d’habitants. Dans un monde où la croissance mondiale ne peut être arrêtée net, la décroissance actuelle de nombreux pays d’Europe doit être prise dans le sens d’une politique de natalité renforcée, l’augmentation de l’immigration même choisie ne pouvant être qu’un pis-aller. Le prochain et dernier article doit donc prendre de la hauteur pour identifier les zones géographiques posant déjà un problème de croissance démographique comme le Nigéria, en comprendre les raisons et proposer des modes d’action spécifiques à chaque zone géographique à adapter pour chaque nation.


L’alarmisme démographique développé en France 

Ne concerne pas ce pays mais se traite à l’ONU.

L’urgence est malsaine car c’est un risque 

D’actions violentes inadaptées 

Créatrices de tensions 

Et de conflits.
 
Claude Trouvé 
29/11/19

mardi 26 novembre 2019

Démographie alarmante ou maîtrisable ?


Les slogans sur le catastrophisme démographique sont de mise dans les associations et les médias à tendance écologique. Cette vision inculque le fait que la démographie est la cause d’une autodestruction de l’humanité en donnant pour preuve le réchauffement climatique, soi-disant évalué à +5°C en 2080, rendant la planète invivable. Elle le sera d’autant plus que la montée des eaux qui en résultera aura fait disparaître une bonne partie des terres immergées, que nous aurons détruit la faune et la flore, détruit les forêts pourvoyeuses d’oxygène, épuisé toutes les ressources naturelles et répandu partout des déchets non destructibles. Ce vent de catastrophisme trouve un écho dans la jeunesse qui se voit investie du rôle de sauvetage de la planète dans une urgence telle qu’elle occulte toute réflexion ultérieure.

Le temps n’est plus à la réflexion, l’avenir est clairement identifié, l’action doit être mise en œuvre de suite et en urgence, les non-voyants doivent être ridiculisés et leurs propos mis aux oubliettes. Cette attitude pousse en plus aux extrémismes les plus impactants sur la vie de chacun. Les pesticides sont à proscrire sans tenir compte que leur nocivité pour l’homme et l’environnement a été diminuée d’un facteur 20 depuis leur apparition grâce à la recherche. L’air parisien est insupportable alors que le taux de particules fines et ultrafines a été diminué de 40% à 48% depuis 2000, donc il faut empêcher les voitures de circuler, poussant les gens à utiliser le métro qui passe en surcapacité et devient l’endroit le plus pollué de Paris où les logements sont eux aussi plus pollués que l’air extérieur. Cerise sur le gâteau nous payons tous pour les subventions à la voiture électrique qui s’avère au moins aussi polluante sur sa durée de vie et beaucoup plus difficilement recyclable, et qui aggrave encore notre dépendance aux terres rares chinoises.
 
La course effrénée au bio devient un secteur de vente où les marges des grandes surfaces explosent, il envahit les rayons et bon gré mal gré augmente le coût du panier de la ménagère. Seuls les produits bio vendus sur leur lieu de production trouvent grâce devant ceux qui militent pour un écologisme qui prend des allures dictatoriales. Les « Vegan » devraient pourtant affronter les vendeurs de viande hallal au lieu d’agresser le boucher qui vend de la viande du Nivernais ou de Salers. En fait nous entrons dans une « hystérie boboïste » où le bon sens doit s’effacer devant le message de sainte Greta Thunberg. Alors si le problème du CO2, de la pollution, de l’épuisement des ressources naturelles, doit être combattu par les éoliennes moyenâgeuses sur lesquelles l’Allemagne vient pourtant de faire le constat de leur coût exorbitant et de l’impasse due à la nécessité de faire croître en même temps les centrales à énergie fossile. Mais l’important, la cause première c’est la décroissance démographique qui sauvera la planète nous dit-on.

Alors, comme charité bien ordonnée commence par soi-même, jetons un œil sur la démographie française. Après la seconde guerre mondiale, on a assisté à un babyboom qui s’est renouvelé avec la période faste des trente glorieuses. Avec son taux de natalité et l’apport de l’immigration la démographie française a permis à la France de faire croître sa population jusqu’ici. La France peut donc être mise au banc des accusés et alimenter la politique de décroissance des populations. Toutefois j’ai montré dans un article précédent que depuis 7 ans l’effet de peur instillé dans la population et l’abandon d’une politique familiale soutenue, crée une régression des nouveau-nés par an. En 2018 la France avait encore une croissance de la population de 0,18%/an mais qui diminuait de 0,0309%/an depuis l’an 2000. Toutes choses égales par ailleurs (ce qui n’est jamais vrai mais sert d’hypothèse valable de calcul), on peut calculer l’évolution de la population jusqu’à la fin du siècle. Evidemment les valeurs sont d’autant moins probables que l’on s’éloigne de l’origine mesurée soit 2018, comme on peut faire la même remarque pour les prévisions climatiques pour lesquelles en plus les modèles mathématiques sont pris en défaut par les mesures réelles comparées aux prévisions. Néanmoins les valeurs à 10 ans plus sûres nous montrent que la France atteindra l’apogée de sa population en 2023-2024 avec 67,3 millions d’habitants. A titre indicatif on peut regarder ce que donne l’apport d’une immigration supplémentaire par rapport à 2018 de 200 000 âmes comme semble se diriger le gouvernement avec totues les conséquences sociétales qu'il génère. On voit que cela repousse l’apogée à 2033 avec 69,1 millions soit un décalage de 10 ans dans le temps.

Si l’apport migratoire peut être supérieur pendant un temps par suite d’une fécondité supérieure à celle des assimilés et gonfler momentanément les valeurs présentées ici, on peut montrer que cette supériorité décroît progressivement avec l’assimilation. La décroissance de la population est donc imminente si les choses restent en l’état. Comme je l’ai montré, c’est là le véritable problème des retraites à partir de 2025 et non l’augmentation de la durée de vie qui est devenue stagnante voire en régression. Mais il est tout aussi évident que la France n’a aucune raison de parler de nécessité de décroissance pour elle-même, elle y va naturellement. La population mondiale étant en croissance, la France perdra progressivement du poids dans la lutte mondiale. N’oublions pas que c’est le fait que la France était le pays le plus peuplé d’Europe qui a contribué à la magnificence du règne de Louis XIV.

Pourtant la presse de la « Décroissance » fait de plus en plus d’émules et la démographie est pointée comme la source de tous nos maux. La « collapsologie » devient une idéologie non violente qui menace de ne pas le rester. « Extinction Rebellion », un « mouvement mondial de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le réchauffement climatique », restera-t-il non violent comme il prétend l’être ? On peut en douter et il convient de porter le regard du bon sens sur l’évolution de la démographie mondiale. Depuis 2000 la population mondiale a augmenté au rythme de 1,21%/an, rythme 6,8 fois supérieur à celui de la France. Mais ce rythme est décroissant sur cette période et perd 0,012%/an ce qui est beaucoup plus lent que pour la France. D’ailleurs en effet la population mondiale va croître bien plus vite et longtemps que la population française et atteindrait son apogée vers 2110 avec 12,6 milliards d’habitants soit 2/3 de population en plus de celle de 2018. Même si l'on sair que les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, ce chiffre peut paraître énorme mais il amène deux remarques. La première c’est que la croissance démographique mondiale ne se poursuivrait que pendant un peu plus de 90 ans puis elle décroîtrait. La deuxième c’est que la population mondiale de 2018 a augmenté de 2/3 de population en plus de celle de 1988 et cela en 30 ans ! La croissance mondiale ralentirait donc sensiblement toujours dans l’hypothèse prise de toutes choses égales par ailleurs.

Ces chiffres sont évidemment contestables mais restent néanmoins la meilleure prévision que l’on peut faire aujourd’hui. Quelles chances ont-ils de se réaliser exactement en 2100 ou 2130 ?  Elles sont faibles mais sans doute plus probables que les prévisions climatiques pour la fin du siècle. Néanmoins dans les prévisions à 10 ans on peut noter que la croissance de la population mondiale va continuer, que la population française va y atteindre son apogée et que pour les deux la vitesse de croissance a diminué aujourd’hui. Ces prévisions ont beaucoup plus de chances de se réaliser car 10 ans c’est du court terme pour les prévisions démographiques. C’est ainsi que l’impact sur les retraites en 2025 demandera des actes politiques d’autant plus forts que l’on aura ignoré ce problème jusqu’à cette date.

Si on revient vers les théories basées sur des prévisions alarmistes qui restent des hypothèses sur le long terme, soit de l’ordre du siècle, on ne peut nier que la population du globe va croître d’une quantité très importante d’êtres humains sauf guerre mondiale ou épidémies généralisées… et encore. La théorie alarmiste s’appuie alors sur l’affirmation que l’humanité ne pourra pas y faire face et s’autodétruira. Est-ce si sûr ? Nous avons vu que la population mondiale a augmenté des 2/3 en 30 ans de 1988 à 2018 et que la meilleure prévision donne la même évolution dans l’avenir mais en plus de 90 ans. L’humanité aurait donc trois fois plus de temps pour s’y adapter. Alors la population de près de 13 millions d’habitants pourra-t-elle encore se nourrir ? La réponse est oui si les progrès faits dans la production alimentaire continuent. C’est donc oui si l’on croit au progrès puisqu’on a su le faire en 30 ans, non si on le refuse. Dans ce dernier cas la régulation par la famine fera son œuvre d’autorégulation comme cela s’est toujours passé dans notre histoire. On peut reprendre tous les arguments alarmistes et les traiter de la même façon par cette croyance ou non-croyance au progrès. Tout progrès scientifique ou technique apporte avec lui des nuisances qui sont prises en compte et corrigées ensuite par le progrès justement. C’est ainsi que l’électricité, dont le monde ne pourrait plus se passer, a fait des dizaines de milliers de morts dont la célèbre mort du chanteur Claude François. Mais elle tue de moins en moins.

Il est certain que, si l’on en revient à la charrue et au paysan retournant son champ en enfonçant son soc dans la terre et en la poussant dans son layon, on peut diminuer la population actuelle d’un facteur de plusieurs dizaines. La France reste le pays le plus nucléarisé du monde et cette énergie a une puissance énergétique beaucoup plus importante que les éoliennes et les panneaux solaires. Si on supprime les centrales à énergie fossile polluante et les centrales nucléaires dites dangereuses, la France sera sans énergie électrique la plupart du temps et n’aura de l’électricité que d’une façon totalement aléatoire. Les Français fuiront ailleurs ou mourront par manque de soins et de nourriture. L’alarmisme actuel ne conduit qu’à des situations d’urgence qui ne prennent pas le recul nécessaire pour être efficaces ou même contreproductives. La voiture électrique pousse la production vers des quantités de véhicules auxquelles les énergies renouvelables ne pourront pas faire face et résout moins bien le problème du recyclage des déchets que les voitures à combustible fossile. La pression mise sur la non-utilisation des voitures pousse les parisiens dans un métro non adapté et en surcharge devenu l’endroit de loin le plus pollué de Paris alors que l’air parisien n’a jamais été aussi pur avec la disparition des grosses industries polluantes et la régression des chauffages au charbon et au bois.

Il faut donc avoir une attitude visionnaire sur l’avenir de l’humanité non pas dans la hantise de la surpopulation qui s’avère plus gérable que celle vécue depuis 30 ans que le siècle qui attend l’humanité, pour regarder les évolutions respectives des continents et des grands pays puisqu’on a vu que l’évolution de la population française était très différente de celle du monde. Il existe donc des grandes disparités de croissance entre les pays. La démographie est le facteur le plus influent sur la géopolitique avec les ressources énergétiques et minières. Ce sera l’objet du prochain article sur les réflexions d’avenir que cela induit.

En toutes choses il faut raison garder.  

L’alarmisme fait perdre le bon sens,

Génère précipitation et urgence.

C’est le moyen le plus efficace

Pour ceux qui le manipulent

Pour en tirer leur profit

 Sur le dos des autres

Qui voient le doigt

Mais pas la lune 

Qu’il montre !
 
Claude Trouvé 
26/11/19