vendredi 31 mai 2013

Oui la France peut s’en sortir ! (1ère partie)

Il y a soixante-dix ans la France occupée ne savait pas encore si elle deviendrait allemande ou russe. Deux ans après la France était libre mais exsangue, des villes entières étaient détruites et la natalité avait cruellement baissé. Dans le cœur de la plupart des français battait l’espoir d’une reconstruction du pays et de redonner des enfants pour son avenir. Grâce en partie au plan Marshall la France a rebondi puis elle s’est dégagée de l’ingérence américaine pour affirmer sa souveraineté. Elle a fait preuve de courage et de lucidité.
 
Qu’en est-il aujourd’hui ? La France ne fait plus preuve de courage et de lucidité en remettant son destin et sa monnaie entre les mains de Bruxelles. Elle s’aveugle d’une protection illusoire de son économie alors que près de 80% de son pouvoir législatif est détenu par l’Union Européenne et que le chômage atteint un record historique. Au-delà des discours médiatisés elle tremble à l’idée de faire front, en affirmant que son peuple est souverain et doit décider de son avenir pour les grandes orientations de la politique française pour tout ce qui touche à sa souveraineté.


Depuis 2002-2003 on constate que l’appartenance à l’UE et à l’euro en particulier ne permet pas à la France de maintenir son rang dans l’économie mondiale et que notre dette publique s’aggrave. Nous n’avons pas globalement mieux traversé la crise de 2007-2008 puisque nous en gèrons aujourd'hui les conséquences moins bien que les pays germaniques. Nous constatons aussi que le fossé se creuse entre les Empires romain et germanique nous reportant bien loin dans l’histoire de l’Europe. Enfin l’ouverture de l’Europe à une mondialisation sans contrainte nous expose à une destruction de notre économie par les pays à bas coût et à un envahissement migratoire de l’Est de l’Europe mais surtout d’une culture religieuse qui n’a cessé de vouloir envahir et contrôler l’Europe depuis plus d’un millénaire.


Alors avant de pouvoir maîtriser nos difficultés intérieures, il faut jouer sur les contraintes extérieures qui nous paralysent. L’euro et la pression migratoire sont les deux difficultés qui nous sont imposées par notre adhésion à l’UE et à la monnaie unique. De toute évidence l’euro ne profite désormais qu’à l’Empire germanique puisque le fossé se creuse avec les pays du sud. Il est tout aussi évident que si la politique d’austérité imposée à ces derniers ne débouchent pas sur une reprise économique et à un climat social apaisé, les pays du nord et en particulier l’Allemagne ne renfloueront pas indéfiniment ceux-ci.


En conséquence il est temps de remettre en chantier les réflexions sur la pertinence de l’euro, monnaie unique de 17 pays très éloignés les uns des autres socialement et économiquement. Si l’on regarde la situation avec lucidité et bon sens, on constate que, dans l’Empire germanique, les Etats présentent des caractéristiques économiques et sociales proches. Ce n’est pas le cas pour les pays du sud ou la France se distingue encore nettement de la Grèce et du Portugal par exemple.


Partant de ce constat on peut penser qu’un euromark du nord (Allemagne, Pays-Bas, Finlande, etc…) est viable et sa parité au dollar peut être supportée jusqu’à 1,5 ou 1,6 euro pour 1 dollar selon les experts allemands. Par contre un euro-écu du sud n’est pas viable car les économies et le fonctionnement des Etats sont trop éloignés les uns des autres. La France en particulier serait encore entraînée vers le bas sans permettre à la Grèce de redevenir compétitive.


C’est donc non seulement une Europe à deux vitesses qui est un passage obligé mais il doit s’adjoindre à l’euromark des pays du nord, un « écu » ( nom choisi ici par commodité) du sud devenu monnaie commune. Cet écu, monnaie commune et non unique, serait une monnaie de transactions économiques et financières et laisserait vivre des monnaies nationales. Chacune d’entre elles serait reliée à l’écu par des taux de parité choisis au mieux pour permettre à tous ces pays de retrouver de la compétitivité. Ce schéma n’est pas une pure vue de l’esprit et certains économistes en ont testé la pertinence et l’efficacité. Pourquoi alors aucun politique n’en fait part à l’opinion pour que le débat s’instaure ?


Trois grands pays ont leur mot à dire. Le Royaume-Uni d’abord, qui n’est focalisé que sur l’instauration d’une zone de libre-échange transatlantique et une protection de son marché financier, n’a aucune raison de s’intéresser à cette affaire si ce n’est de souhaiter que l’Europe marche mieux économiquement. L’Allemagne est pour l’instant en observation et détient le moment où elle peut cesser de soutenir les pays en difficulté suite à un bilan négatif sur son intérêt à rester dans l’eurozone actuelle. La France manque du courage et de la lucidité nécessaires pour affronter l’Allemagne, croit toujours que la croissance viendra la sauver, se refuse depuis quarante ans à faire les réformes structurelles d’envergure pour des raisons électoralistes et craint finalement son peuple qu’elle évite d’informer et de consulter.


Courage et lucidité font défaut à la France


Désinformée et en perte de démocratie.


Son handicap ? La crise...
Non, la mollesse !


Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

jeudi 30 mai 2013

L’Europe sombre dans la pauvreté (6ème partie)

Alors qu’en France les chiffres du chômage d’avril vont montrer une aggravation du chômage et que Pôle emploi enregistre plus de 1.000 inscriptions par jour, c’est dans le domaine de la jeunesse des moins de 29 ans que ce chômage est le plus producteur de pauvreté. Que nous apprend l’INSEE à ce sujet ?

Il indique d’abord qu’en 2010 la France comptait entre 4,8 et 8 millions de personnes pauvres selon le critère utilisé. Par ailleurs la pauvreté touche principalement les moins de 30 ans et les femmes de plus de 75 ans. Mais si l’on abaisse le seuil à 40% c’est plus de 2 millions de personnes en France qui vivent avec moins de 644 euros par mois. La pauvreté a baissé des années 1970 au milieu des années 1990. Elle est ensuite restée plutôt stable jusqu’au début des années 2000. Depuis 2002, le nombre de personnes concernées a augmenté d’un million, on ne peut donc éviter de faire un lien avec l’arrivée de l’euro dans les portemonnaies.


« Il ne s’agit pas d’une explosion et la France demeure l’un des pays qui compte le moins de pauvres en Europe. Mais le mouvement de hausse est très net. Il constitue un tournant dans l’histoire sociale de notre pays depuis les années 1960. Il est d’ailleurs probable que la situation se soit encore dégradée en 2011 et 2012 compte tenu de la progression du chômage. » (INSEE)


Il est très probable que le nombre de pauvres sera revenu en 2013 au niveau de celui de 1970 sur le critère de seuil de 60% mais la population française a nettement augmenté depuis cette époque. C‘est la reprise de son évolution positive depuis les années 2000-2002 qui reste le fait marquant de cette décennie. Cet hiver, les Restos du cœur ont accueilli 100.000 personnes supplémentaires. Soulignant qu'« il y a de plus en plus de familles monoparentales, essentiellement des femmes avec des enfants », Julien Lauprêtre assure que le Secours populaire accueille "maintenant des cadres, des petits commerçants, des artisans qui viennent parce que du jour au lendemain c'est la descente aux enfers."


La crise de 2008 a-t-elle affaibli les Français ? En 2009, pas vraiment : leur niveau de vie avait, en moyenne, continué à progresser. La récession avait pourtant été extrêmement forte, mais ses effets avaient été amortis par notre système social et par les dispositifs de soutien décidés par les politiques.


Mais en 2010, tout a changé, comme le révèle la dernière enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Certes, le niveau de vie moyen s’est encore amélioré… Mais uniquement grâce aux 5% de Français les plus aisés. Les très hauts revenus sont les seuls à avoir vu leur situation s’améliorer, grâce à une hausse de leurs revenus d’activité et du patrimoine. Tous les autres ménages ont vu leur niveau de vie baisser.


Un autre constat montre l’ampleur de la pauvreté : la situation des 3,6 millions de personnes mal logées ou sans abri en France. Un chiffre avancé en 2012 par la Fondation Abbé-Pierre, qui recense plus de 685.000 personnes privées de domicile personnel, dont 133.000 sans domicile, 38.000 en chambre d'hôtel, 85.000 dans des habitats de fortune et 411.000 accueillis par des tiers.


En France, la population pauvre est d’abord jeune et peu qualifiée. Le risque de pauvreté est très inégal selon les populations. En dehors des inactifs dont plus d’un tiers sont dans la pauvreté, c’est chez les agriculteurs, les artisans, les commerçants que l’on trouve la catégorie professionnelle la plus touchée avec les femmes de plus de 75 ans.


En résumé la moitié des pauvres a moins de 30 ans. La population pauvre est aussi un peu plus souvent féminine et vit au sein d’une famille monoparentale. Les non-diplômés sont plus souvent pauvres et ne pas avoir d’emploi fragilise. On atteint 28,5% de pauvres chez les étrangers et les immigrés. 


La France amorce le tournant de la pauvreté.


Avec l’augmentation du chômage


La précarité va augmenter.


Claude Trouvé

Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon


mercredi 29 mai 2013

L’Europe sombre dans la pauvreté (5ème partie)

L’Espagne et l’Italie, deux grands pays à nos frontières, sombrent dans la pauvreté mais ils peuvent être les pays précurseurs de notre descente dans celle-ci car la pauvreté augmente en France depuis 2000. Notons au passage que c’était l’année d’arrivée de l’euro dans les échanges commerciaux. Avant d’aller plus loin il est bon de rappeler comment est défini le seuil de pauvreté.
 
En France et en Europe le seuil de pauvreté est fixé de façon relative. En France, un individu peut être considéré comme pauvre quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 803 ou 964 euros (données 2010) selon la définition de la pauvreté utilisée (seuil à 50 % ou à 60 % du niveau de vie médian). Ce revenu médian est celui qui partage la population en deux, autant gagne moins, autant gagne davantage. Quand le revenu médian augmente, le seuil de pauvreté s’accroît donc. Ce qui est le cas puisqu’en dépit du ralentissement de la croissance depuis les années 1970, la France continue à s’enrichir. Les pauvres de 2010 sont deux fois plus riches que ceux de 1970, mais ils ne vivent pas dans la même société : les besoins ne sont plus les mêmes.

Ce pourcentage est de plus en plus souvent fixé à 60 % du revenu médian, alors que jusqu’en 2008 le seuil à 50 % était le plus couramment utilisé en France. Aucun seuil n’est plus objectif qu’un autre, il s’agit d’une convention statistique. On peut tout aussi bien opter pour un seuil à 40 % ou 70 %. Que nous disent alors les statistiques ?


Selon l’Insee, 40 000 Français supplémentaires sont tombés sous le seuil de pauvreté en 2010 par rapport à 2009. Les enfants sont particulièrement touchés, avec 2,7 millions d'enfants pauvres et un taux de pauvreté des moins de 18 ans atteignant 19,6%. Une étude de l'Insee publiée en avril 2013, révèle qu’un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, soit près de 3 millions d’enfants. Environ 20 % des enfants sont désormais sous le seuil de pauvreté.


On assiste à une "monoparentalisation" de la pauvreté. Auparavant les enfants pauvres vivaient surtout dans des familles nombreuses, aujourd’hui ils sont plutôt dans des familles monoparentales qui sont de plus en plus nombreuses. Par ailleurs le taux de pauvreté des enfants vivant dans une famille dont la personne de référence est immigrée, est de plus de deux enfants sur cinq !  Notons que si globalement les familles sont de moins en moins nombreuses, ce n’est pas le cas dans les familles d’immigrés.


En résumé les enfants sont pauvres parce que leurs parents le sont, c’est-à-dire qu’ils disposent de revenus insuffisants, notamment du fait du chômage, des bas salaires et du morcellement des temps de travail (temps partiel, intérim, CDD, etc.). Les femmes à la tête d’une famille monoparentale sont particulièrement touchées par la pauvreté, et donc les enfants de ces foyers aussi. Le taux de pauvreté des immigrés et des étrangers est aussi supérieur à la moyenne, notamment parce qu’ils sont plus souvent exclus du marché de l’emploi en France.


Ceci est inquiétant pour trois raisons. La première est que la pauvreté touche les enfants grandissant dans des foyers sans activité et où les revenus du ménage sont intégralement composés de prestations sociales, qui ne savent pas ce qu’est le travail et dont les parents sont effondrés. La seconde est qu’elle touche aussi les enfants victimes de divorces et de séparations qui n’ont généralement pas les mêmes succès en matière éducative que les autres enfants. La troisième est l’immigration qui peut engendrer des difficultés d’intégration pour les enfants. Les enfants qui cumulent ces trois facteurs seraient environ un demi-million. La situation d'un demi-million d'enfants est donc extrêmement préoccupante.


C’est évidemment la raison pour laquelle les banlieues s’enflamment et que la coupure s’agrandit entre les banlieues et les centres villes où la population est moins sujette globalement à la pauvreté. Il faut s’inquiéter des problèmes de chômage, de monoparentalité et de ghettoïsation d’une partie de la jeunesse, avec lesquels voisinent la pauvreté, mais aussi de l’installation durable dans la pauvreté de ces catégories de parents. Ceux-ci se sentent exclus d’une société développée comme la nôtre.


Il nous faut approfondir cet aspect de l’enfance, nous le ferons dans un prochain article mais ce n’est pas le seul problème de pauvreté qui touche aussi la jeunesse sans travail et la vieillesse de certaines catégories de la population.


Ghettoïsation, non-intégration, chômage,


Générateurs de pauvreté insupportable,


Constituent un cocktail… Explosif !


Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon