vendredi 17 mai 2013

L’AN II du Hollandisme

C’est la formule d’introduction du discours de François Hollande en ce 16 mai 2013. Etait-ce pour le Président une allusion au 16 mai 1794 du calendrier grégorien ou au 27 floréal du calendrier républicain ? Peut-être, puisque son autosatisfaction affichée publiquement correspondrait au 18 floréal qui était l’anniversaire du culte de l’Etre suprême que nous devrions fêter le 8 juin, pardon le 20 prairial.

Cette allusion à la Révolution française pour exprimer le message offensif à l’opinion publique pourrait ne rappeler que des moments pénibles de notre histoire. La Chouannerie, guerre civile qui opposa républicains et royalistes dans l'Ouest de la France et de plus étroitement liée à la guerre de Vendée, était commencée depuis deux mois.

En plus de ce génocide vendéen, qui a fait près de 500.000 morts en trois ans, ce fut, après l’exécution de Danton et de ses partisans, le début de la grande Terreur avec l’exécution de Robespierre. Cette année a mélangé le pire et le meilleur et laisse un sentiment mitigé d’horreur et de satisfaction dans l’abolition de l’esclavage. Elle ne mérite cependant pas une allusion présidentielle dans une France que l’on veut apaisée.

Revenons aux difficultés du moment et à la perte de croissance et de compétitivité de notre pays. Pour qu’il y ait croissance, il faut déjà qu’il y ait des entreprises. Même si c’est une Lapalissade, cela vaut d’être rappelé car le gouvernement semble l’avoir oublié. Le nombre cumulé de créations au cours des trois derniers mois est en baisse de 3,1% par rapport aux mêmes mois un an auparavant. Sur les douze derniers mois, la création de nouvelles entreprises recule aussi, de 2,2%, par rapport aux douze mois précédents, estime l'Insee.

En avril, où l’on ne se découvre pas d’un fil, les créations d’entreprises ont reculé de 2%. Si les entreprises se créent moins, c’est que la confiance en l’avenir et le sentiment d’être compétitif ne sont pas là. Il est d’ailleurs inquiétant de voir que l’une des baisses les plus importantes à -6,5% a lieu dans le secteur de l’information et de la communication au contraire des services restauration, hébergement, transports et commerce qui stagnent. La France continue à se désindustrialiser avec un recul de 2,9% dans ce secteur.

La recette miracle serait dans plus d’Europe, un gouvernement économique et même un gouvernement politique. Ceci permet au Président de surfer sur les européistes de gauche et de droite qui ont formé les bataillons des gouvernements depuis trente ans. Si l’Europe ne marche pas c’est qu’elle n’est pas arrivée au stade du fédéralisme et qu’il n’y a pas d’union bancaire.

Si l’Europe ne marche pas c’est que l’on a mis la charrue avant les bœufs avec l’euro et que la grenouille de la Communauté Charbon-acier, voulant se faire aussi grosse que le bœuf, est prête à éclater. J’ai évoqué les raisons qui font que l’Europe fédérale, solution idéalement viable, ne se fera pas de par la volonté des peuples et des Etats comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne et surtout les Etats-Unis. C’est donc encore un leurre politique qui ne sauvera pas la France mais fera croire que la France se bat. Mais dans cette affaire notre président ne vaut pas mieux qu’un Don Quichotte.

Le pari fait sur l’emploi tient à la croissance de l’Europe, des Etats-Unis et de la Chine et, tant que nous sommes dans l’euro, pour une bien petite part, de nous. L’Allemagne ne lâchera pas sur la politique d’austérité même si sa croissance diminue par épuisement des pays européens, elle se tourne vers les marchés extra-européens et bénéficie de sa plateforme de pays germaniques à coûts salariaux avantageux.

Mais ce pari de l’inversion de la courbe de chômage par le Président est assorti d’une condition de croissance. Ceci n’a pas toujours été entendu mais c’est la planche de salut du Président qui compte s’en tirer à bon compte quand le chômage continuera à augmenter fin 2013. D’une part il pourra peut-être noter un léger fléchissement de la hausse et surtout, si la croissance européenne et mondiale n’est pas là ce qui est probable, la raison de l’échec aura été annoncée d’avance. 

Notre Président est un excellent bonimenteur.

Certains préfèreront le mot charlatan.

Les plus chaleureux diront phraseur.

Je garderai le mot « menteur ». 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon 

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