jeudi 30 mai 2013

L’Europe sombre dans la pauvreté (6ème partie)

Alors qu’en France les chiffres du chômage d’avril vont montrer une aggravation du chômage et que Pôle emploi enregistre plus de 1.000 inscriptions par jour, c’est dans le domaine de la jeunesse des moins de 29 ans que ce chômage est le plus producteur de pauvreté. Que nous apprend l’INSEE à ce sujet ?

Il indique d’abord qu’en 2010 la France comptait entre 4,8 et 8 millions de personnes pauvres selon le critère utilisé. Par ailleurs la pauvreté touche principalement les moins de 30 ans et les femmes de plus de 75 ans. Mais si l’on abaisse le seuil à 40% c’est plus de 2 millions de personnes en France qui vivent avec moins de 644 euros par mois. La pauvreté a baissé des années 1970 au milieu des années 1990. Elle est ensuite restée plutôt stable jusqu’au début des années 2000. Depuis 2002, le nombre de personnes concernées a augmenté d’un million, on ne peut donc éviter de faire un lien avec l’arrivée de l’euro dans les portemonnaies.


« Il ne s’agit pas d’une explosion et la France demeure l’un des pays qui compte le moins de pauvres en Europe. Mais le mouvement de hausse est très net. Il constitue un tournant dans l’histoire sociale de notre pays depuis les années 1960. Il est d’ailleurs probable que la situation se soit encore dégradée en 2011 et 2012 compte tenu de la progression du chômage. » (INSEE)


Il est très probable que le nombre de pauvres sera revenu en 2013 au niveau de celui de 1970 sur le critère de seuil de 60% mais la population française a nettement augmenté depuis cette époque. C‘est la reprise de son évolution positive depuis les années 2000-2002 qui reste le fait marquant de cette décennie. Cet hiver, les Restos du cœur ont accueilli 100.000 personnes supplémentaires. Soulignant qu'« il y a de plus en plus de familles monoparentales, essentiellement des femmes avec des enfants », Julien Lauprêtre assure que le Secours populaire accueille "maintenant des cadres, des petits commerçants, des artisans qui viennent parce que du jour au lendemain c'est la descente aux enfers."


La crise de 2008 a-t-elle affaibli les Français ? En 2009, pas vraiment : leur niveau de vie avait, en moyenne, continué à progresser. La récession avait pourtant été extrêmement forte, mais ses effets avaient été amortis par notre système social et par les dispositifs de soutien décidés par les politiques.


Mais en 2010, tout a changé, comme le révèle la dernière enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Certes, le niveau de vie moyen s’est encore amélioré… Mais uniquement grâce aux 5% de Français les plus aisés. Les très hauts revenus sont les seuls à avoir vu leur situation s’améliorer, grâce à une hausse de leurs revenus d’activité et du patrimoine. Tous les autres ménages ont vu leur niveau de vie baisser.


Un autre constat montre l’ampleur de la pauvreté : la situation des 3,6 millions de personnes mal logées ou sans abri en France. Un chiffre avancé en 2012 par la Fondation Abbé-Pierre, qui recense plus de 685.000 personnes privées de domicile personnel, dont 133.000 sans domicile, 38.000 en chambre d'hôtel, 85.000 dans des habitats de fortune et 411.000 accueillis par des tiers.


En France, la population pauvre est d’abord jeune et peu qualifiée. Le risque de pauvreté est très inégal selon les populations. En dehors des inactifs dont plus d’un tiers sont dans la pauvreté, c’est chez les agriculteurs, les artisans, les commerçants que l’on trouve la catégorie professionnelle la plus touchée avec les femmes de plus de 75 ans.


En résumé la moitié des pauvres a moins de 30 ans. La population pauvre est aussi un peu plus souvent féminine et vit au sein d’une famille monoparentale. Les non-diplômés sont plus souvent pauvres et ne pas avoir d’emploi fragilise. On atteint 28,5% de pauvres chez les étrangers et les immigrés. 


La France amorce le tournant de la pauvreté.


Avec l’augmentation du chômage


La précarité va augmenter.


Claude Trouvé

Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon