mercredi 29 mai 2013

L’Europe sombre dans la pauvreté (5ème partie)

L’Espagne et l’Italie, deux grands pays à nos frontières, sombrent dans la pauvreté mais ils peuvent être les pays précurseurs de notre descente dans celle-ci car la pauvreté augmente en France depuis 2000. Notons au passage que c’était l’année d’arrivée de l’euro dans les échanges commerciaux. Avant d’aller plus loin il est bon de rappeler comment est défini le seuil de pauvreté.
 
En France et en Europe le seuil de pauvreté est fixé de façon relative. En France, un individu peut être considéré comme pauvre quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 803 ou 964 euros (données 2010) selon la définition de la pauvreté utilisée (seuil à 50 % ou à 60 % du niveau de vie médian). Ce revenu médian est celui qui partage la population en deux, autant gagne moins, autant gagne davantage. Quand le revenu médian augmente, le seuil de pauvreté s’accroît donc. Ce qui est le cas puisqu’en dépit du ralentissement de la croissance depuis les années 1970, la France continue à s’enrichir. Les pauvres de 2010 sont deux fois plus riches que ceux de 1970, mais ils ne vivent pas dans la même société : les besoins ne sont plus les mêmes.

Ce pourcentage est de plus en plus souvent fixé à 60 % du revenu médian, alors que jusqu’en 2008 le seuil à 50 % était le plus couramment utilisé en France. Aucun seuil n’est plus objectif qu’un autre, il s’agit d’une convention statistique. On peut tout aussi bien opter pour un seuil à 40 % ou 70 %. Que nous disent alors les statistiques ?


Selon l’Insee, 40 000 Français supplémentaires sont tombés sous le seuil de pauvreté en 2010 par rapport à 2009. Les enfants sont particulièrement touchés, avec 2,7 millions d'enfants pauvres et un taux de pauvreté des moins de 18 ans atteignant 19,6%. Une étude de l'Insee publiée en avril 2013, révèle qu’un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, soit près de 3 millions d’enfants. Environ 20 % des enfants sont désormais sous le seuil de pauvreté.


On assiste à une "monoparentalisation" de la pauvreté. Auparavant les enfants pauvres vivaient surtout dans des familles nombreuses, aujourd’hui ils sont plutôt dans des familles monoparentales qui sont de plus en plus nombreuses. Par ailleurs le taux de pauvreté des enfants vivant dans une famille dont la personne de référence est immigrée, est de plus de deux enfants sur cinq !  Notons que si globalement les familles sont de moins en moins nombreuses, ce n’est pas le cas dans les familles d’immigrés.


En résumé les enfants sont pauvres parce que leurs parents le sont, c’est-à-dire qu’ils disposent de revenus insuffisants, notamment du fait du chômage, des bas salaires et du morcellement des temps de travail (temps partiel, intérim, CDD, etc.). Les femmes à la tête d’une famille monoparentale sont particulièrement touchées par la pauvreté, et donc les enfants de ces foyers aussi. Le taux de pauvreté des immigrés et des étrangers est aussi supérieur à la moyenne, notamment parce qu’ils sont plus souvent exclus du marché de l’emploi en France.


Ceci est inquiétant pour trois raisons. La première est que la pauvreté touche les enfants grandissant dans des foyers sans activité et où les revenus du ménage sont intégralement composés de prestations sociales, qui ne savent pas ce qu’est le travail et dont les parents sont effondrés. La seconde est qu’elle touche aussi les enfants victimes de divorces et de séparations qui n’ont généralement pas les mêmes succès en matière éducative que les autres enfants. La troisième est l’immigration qui peut engendrer des difficultés d’intégration pour les enfants. Les enfants qui cumulent ces trois facteurs seraient environ un demi-million. La situation d'un demi-million d'enfants est donc extrêmement préoccupante.


C’est évidemment la raison pour laquelle les banlieues s’enflamment et que la coupure s’agrandit entre les banlieues et les centres villes où la population est moins sujette globalement à la pauvreté. Il faut s’inquiéter des problèmes de chômage, de monoparentalité et de ghettoïsation d’une partie de la jeunesse, avec lesquels voisinent la pauvreté, mais aussi de l’installation durable dans la pauvreté de ces catégories de parents. Ceux-ci se sentent exclus d’une société développée comme la nôtre.


Il nous faut approfondir cet aspect de l’enfance, nous le ferons dans un prochain article mais ce n’est pas le seul problème de pauvreté qui touche aussi la jeunesse sans travail et la vieillesse de certaines catégories de la population.


Ghettoïsation, non-intégration, chômage,


Générateurs de pauvreté insupportable,


Constituent un cocktail… Explosif !


Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire