jeudi 9 mai 2013

Notre avenir dans le retour 80 ans en arrière… (suite et fin)


De toute évidence les leçons de l’histoire n’ont pas été tirées et les raisons de la sortie de crise en 1938-1939 ne semblent pas avoir laissé beaucoup de traces dans les têtes de nos politiques tenants de la pensée unique. De plus la fin de cette période fut tragique et il est à souhaiter que nous ne soyons pas à l’aube d’une troisième guerre mondiale.
 
De nos jours la guerre civile en Syrie, terrain où s’affrontent deux blocs, Etats-Unis d’une part et Russie-Chine d’autre part, ainsi qu’une recherche de prédominance au sein du monde musulman entre le Qatar et l’Arabie Saoudite, peut faire craindre un embrasement du Moyen-Orient sur lequel les Etats-Unis projetteront leurs alliés dans les combats. Une troisième guerre mondiale ne peut malheureusement pas être exclue alors qu’Israël a les yeux tournés vers l’Iran, zone pétrolifère et stratégique pour les Etats-Unis.

On peut d’ailleurs s’inquiéter de voir la France dans une situation de plus en plus de « va-t’en guerre » depuis notre présence offensive en Libye, en Côte d’Ivoire, au Mali et en Syrie. On sent comme une délégation de l’impérialisme américain au Royaume-Uni et à la France sous le couvert de l’ONU. La tendance est de s’en tenir d’ailleurs le plus possible au seul Conseil de Sécurité pour agir militairement et nous n’hésitons pas à aller au-delà des actions qui nous sont accordées.

Il y a par rapport à Hitler comme une inversion des rôles et nous nous considérons comme les croisés de la démocratie, drapeau nous autorisant à être les gendarmes du monde et donnant le droit d’ingérence dans tout pays désigné par les Etats-Unis. Que ce soit en Afghanistan ou en Libye, nous constatons, comme les américains en Irak, qu’après notre intervention militaire, la démocratie est toujours un leurre, que l’instabilité règne et que les armes circulent entre des mains pour lesquelles la démocratie n’a pas de sens. Il est plus que probable qu’il en sera de même au Mali où nous avons de fait pris le pouvoir, pouvoir qui nous sera immédiatement contesté pour retomber dans l’instabilité tribale post-électorale.

Le chemin sur lequel nous sommes en 2013 a de quoi inquiéter. La pauvreté s’installe de plus en plus, l’insécurité dans des zones de plus en plus nombreuses devient difficilement contrôlable, les scandales touchent les deux partis principaux, la recette de l’austérité à l’allemande fait basculer l’Europe du sud dans une pauvreté aggravée, la relance que ceux-ci demandent n’étant qu’une aggravation de la dette qui n’est elle-même qu’un report sur les générations suivantes.

Ces atermoiements, ces balbutiements dans une politique molle aux contours incertains, sont comparables à ce qui s’est passé dans la Grande Dépression des années trente et l’affaire Staviski a poussé le peuple dans la rue par exaspération. L’évolution sociale a été brutale entraînant un nouveau déséquilibre économique pour trois ans supplémentaires. La faiblesse des gouvernements d’alors et des institutions ont plongé notre pays dans dix ans de chaos. Or nous n’abordons aujourd’hui que la cinquième année de crise dans des conditions semblables !

La sortie de la Grande Dépression a demandé des efforts de rigueur budgétaire mais les gains ont servi aux infrastructures et à un effort de guerre faisant repartir l’emploi. Cela n’a toutefois été possible que par un protectionnisme ciblé et un recours à la dévaluation. On conçoit donc que nous ne sommes pas sortis de la récession et de l’endettement avec la politique suivie par le gouvernement actuel et la pensée unique des deux partis en mesure de gouverner.

L’euro est au centre des décisions à prendre. Les débats sur ce point sont jusqu’à présent occultés malgré des avis de plus en plus nombreux sur une sortie souhaitable de l’euro. Le dernier en date est particulièrement révélateur du fossé existant entre la pensée unique française et le débat ouvert au Royaume-Uni et en Allemagne. 

Oskar Lafontaine est un dirigeant de gauche allemand de premier plan. Il a dirigé le SPD pendant des années, puis il a été un des fondateurs du parti de gauche Die Linke. Jusqu’à ce jour, il avait défendu l’Union Monétaire, soit l’Euro. Dans une déclaration du 30 avril 2013 qui vient d’être publiée, il change radicalement de position et estime qu’il faut progressivement dissoudre l’Euro afin d’éviter une catastrophe économique et sociale en Europe du Sud

Quand cessera-t-on d’enfumer le peuple par des déclarations catastrophiques sur une éventuelle sortie de l’euro ? Quand ouvrira-t-on le débat ? Quand demandera-t-on au peuple quelle Europe il veut ? Puisque le changement c'est maintenant :

Quand stoppera-t-on l’Europe pour les puissants ?

Alors quand tirera-t-on les leçons de l’histoire ?

Quand arrêtera-t-on de tuer la démocratie ?

Le changement, c’est pour quand ?

Doit-on revivre 1789 ?

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon