vendredi 10 mai 2013

Du protectionnisme oui, mais ciblé et intelligent !

Bruxelles part en guerre contre la Chine pour la fabrication des panneaux solaires et envisage une taxe de 47% sur les importations chinoises. C’est malheureusement l’exemple typiquement caricatural d’un protectionnisme inintelligent.

Nous sommes dans le domaine de la libre concurrence puisque cette industrie est récente en Europe et si la Chine est mieux placée que nos industriels européens, ceci est vrai pour l’ensemble des produits qu’elle sait fabriquer. La France pour des raisons politiques, l’Allemagne et le Danemark par nécessité après l’abandon du nucléaire, ont encouragé la naissance de ce type d’industrie. La France fait payer aux consommateurs d’électricité une taxe pour le développement des énergies renouvelables et octroie de plus un crédit d’impôt pour l’installation de panneaux solaires.

Cette démarche coûteuse rogne l’avantage du kWh français par rapport à celui de nos voisins et diminue notre compétitivité et notre pouvoir d’achat. Le kWh solaire, vanté pour sa lutte contre le changement climatique, est environ dix fois plus cher que le kWh nucléaire, qui ne dégage pas non plus de  CO2. On ne verra pas avant longtemps les avancées technologiques, dans ce domaine de l’énergie solaire, ramener son prix du kWh à celui du nucléaire. L’alourdissement, jusqu’à l’inutilité potentiellement dangereuse par excès, de la sûreté des réacteurs nucléaires est la seule voie de mise en non-rentabilité de cette filière. La France s’y emploie, la Chine elle construit 29 réacteurs.

Même si cette démarche d’impôt-subvention est économiquement très contestable, on pourrait penser qu’il y a là un débouché d’avenir pour l’industrie française et européenne. Malheureusement notre industrie a déjà pris du retard par rapport à nos voisins et l’industrie européenne elle-même accuse un surcoût de fabrication de 45% par rapport à la Chine. Les industries allemandes dans ce domaine sont au bord de la faillite. Quand l’Allemagne prend froid, Bruxelles éternue.

Nous nous sommes lancés dans ces fabrications nouvelles mais tous les pays du monde ont flairé un débouché possible. Aucun d’entre eux n’avait cette industrie à protéger puisqu’elle n’existait pas auparavant. On rentre donc dans les conséquences de la mondialisation que l’Europe a appelée de ses vœux, mondialisation qui demande la pratique du libre-échange. Bruxelles veut donc le beurre et l’argent du beurre sans reposer le principe des limites  à imposer à la libre circulation des biens et des produits.

Pour compléter le mauvais choix du soutien européen à l’énergie solaire, il faut ajouter que la fabrication des panneaux solaires demande l’utilisation de « Terres Rares » alors que 90% de celles-ci sont extraites en Chine. Ce n’était donc pas le créneau de l’indépendance énergétique et de la compétitivité qu’il fallait choisir ! On imagine facilement les mesures de rétorsion que peut appliquer la Chine en fermant le robinet de ces matières premières. Elle vient d’ailleurs d’envisager de renoncer à des commandes d’Airbus, domaine où justement nous sommes encore leader et que la Chine convoite !

L’Europe et la France en particulier ont fait dans cette affaire une terrible erreur et la correction qu’ils envisagent avec des droits de douane de 47% sur les panneaux solaires chinois ne fait qu’amplifier les conséquences négatives de cette affaire. Celle-ci de toute évidence est déclenchée par les industriels qui font pression sur la Commission européenne pour leur propre compte mais évidemment pas pour le bien commun des peuples européens.

A l’inverse Philippe De Villiers avait donné un exemple de protectionnisme qui avait un sens, celui de la protection de la fabrication française des vélos avec l’instauration appliquée de droits de douane de 20%. Nous étions là attaqués sur une industrie existante, ancienne et indépendante sur l’approvisionnement en matières premières. Ce protectionnisme ciblé avait permis de sauver l’industrie française du cycle.

Cette affaire repose donc le problème du choix ou non du libre-échange sans contraintes. Comme pour la valse-hésitation entre austérité et relance on se retrouve devant le choix entre la mondialisation, poussée en avant par les financiers et les grands lobbies, et la réalité qui montre que tous les grands pays exercent des mesures protectionnistes ciblées. Le drame pour le bien commun d’une nation c’est quand elle s’engage dans une mauvaise voie et que ce protectionnisme est pratiqué d’une façon qui ne vise qu’à satisfaire un monde industriel, victime de ses mauvais choix et ne voulant plus assumer sa prise de risques. 

La mondialisation n’est évidemment pas une panacée,

Le protectionnisme à outrance non plus.

Sa pratique hors du bien commun

Le rend idiot !


Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon