Le Brexit et l’Euro
2016 ont bien servi le gouvernement pour passer le plus rapidement possible sur
les chiffres des demandeurs d’emploi du mois de mai après les meilleurs
chiffres d’avril. En effet ceux de mai ne sont pas bons même si le seul chiffre
qui est retenu par le gouvernement et les médias est celui de la catégorie A
des demandeurs d’emploi, ceux qui n’ont aucune heure travaillée. Si vous avez
travaillé ne serait-ce qu’une heure vous passez en catégorie B. On voit donc
que de disposer de plusieurs catégories pour y placer les demandeurs permet
toutes les manipulations. C’est ce que ne manque pas de faire le gouvernement.
Mais regardons les chiffres de plus près.
Le
nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A est de 3 520 300.
Il augmente de 9 200 soit +0,3% par rapport à avril où l’on avait une
diminution de -0,6%. Toutes catégories confondues (A, B, C, D et E), le nombre
de demandeurs d'emploi s'élève à 6 151 600 en
France métropolitaine (6 484 200 sur la France entière), en hausse de +0,9% sur un mois
(+51 900 inscrits) et en augmentation de +1,5% sur un an
(+88 700). On évalue souvent la tendance du chômage par les variations sur
un trimestre. Si l’on s’en tient aux chiffres publiés par DARES avec 3 591 000
demandeurs en Catégorie A pour février, on note une baisse de -70 700
demandeurs soit de -1,9%, ce qui signifie une amorce de baisse des
demandeurs d’emploi de cette Catégorie A. Si l’on s’intéresse à l’ensemble
des catégories A,B,C,D,E avec 5 924 500 en France métropolitaine pour
février, on note une augmentation de +227 100 soit une augmentation de
+3,7%.
Les
résultats sur un trimestre sont apparemment contradictoires. Le chiffre le plus
significatif reste néanmoins celui sur l’ensemble des catégories, soit une augmentation trimestrielle des
demandeurs d’emploi de +3,7% soit 1,2% mensuelle moyennée sur le trimestre!
Ceci veut dire que la « courbe d’inversion
du chômage » n’est toujours pas là. Mais si les constats sur la Catégorie
A et sur l’ensemble des catégories sont contradictoires, cela signale
simplement que l’on a fait glisser des demandeurs de la Catégorie A vers les
autres catégories et que les radiations ont progressé. On observe bien d’ailleurs
un gonflement des contrats aidés (Catégorie E) avec +428 900 et des mises en
formation (Catégorie D) avec 294 400 entre février et mai soit un total de
+723 700. Ces déplacements ont donc affecté les Catégories A,B,C cumulant 5 428 300
demandeurs. Si l’on fait un calcul approximatif de proportionnalité de la
Catégorie A avec 3 520 300 demandeurs, c’est de l’ordre de 469 100
demandeurs de la Catégorie A qui ont été basculés dans les Catégories D et E.
On
est en droit de les rajouter à la Catégorie A pour juger de l’évolution sur un
trimestre. On atteint alors 3 989 400 demandeurs auxquels il faut
rajouter la part des 339 400 radiations (Défauts d’actualisation,
radiations, autres) sur l’ensemble des catégories affectant la Catégorie A.
Avec le même raisonnement approximatif de proportionnalité, on peut ajouter 194 200
radiés à la Catégorie A soit un total de 4 183 100 demandeurs de la Catégorie
A à comparer au 3 591 000 de février, soit +566 500 et +9,6%. La
réalité devient alors beaucoup moins rose, cela donne +592 600 demandeurs
soit +16,5% sur un trimestre ou 2,55% mensuel moyenné sur le trimestre. Si l’on
regarde sur l’ensemble des catégories, il faut seulement ajouter les radiations
soit 6 151 600 + 339 400 = 6 491 000
demandeurs en mai soit +9,6% sur un trimestre. Nous ne sommes plus sur la
stabilisation du chômage mais sur une hausse
mensuelle de 2,1% moyennée de février à mars sur l’ensemble des catégories.
La mystification du gouvernement
porte sur le fait de n’insister que sur la catégorie A et de trafiquer celle-ci
au point de nous faire passer une hausse
réelle mensuelle de +2,55% pour une baisse mensuelle de -1,97%, toutes deux moyennées sur le trimestre, dans la
Catégorie A !
Tout
cela est le résultat d’un tripatouillage des données compatible avec l’enfumage
des français dont se rend coupable par corruption ou par faute professionnelle
l’ensemble des médias aux ordres. Sur l’ensemble des catégories et de février
à mars, alors seule vraie base de jugement, nous sommes encore sur une pente d’augmentation réelle de 2,1% par mois des
demandeurs d’emplois dont seulement 1,2% est comptabilisé officiellement.
Les 1,9% restants vont gonfler le lot des chômeurs non-inscrits à Pôle emploi mais
chômeurs pour autant dont le nombre doit tourner autour de 4 millions selon des
estimations parues dans le Journal du Net. A défaut de détenir toutes les
données de répartition entre les catégories des radiations et des changements
de catégorie, cette étude est approximative mais ne saurait s’éloigner beaucoup
de la réalité. Le chômage progresse en France alors qu’il recule dans l’UE et
le pari de Hollande est loin d’être réellement tenu. Un autre chiffre intéressant
est le nombre de sorties pour reprise d’emploi
déclarée qui passe de 101 200 entre décembre et février pour 98 700 entre
février et mai soit une baisse trimestrielle
de 2,5% ou 1,36% mensuelle moyennée. On ne peut pas dire que l’emploi
reprend !
Peut-on
espérer en Pôle emploi pour recaser les demandeurs autrement que dans la
formation dont on sait le peu d’efficacité mais le grand coût ? Le compte
personnel de formation (CPF) ne changera évidemment rien à l’efficacité de la
formation mais incitera les salariés à s’inscrire un peu plus dans une
formation qui ne débouchera souvent sur rien. Si, elle traumatise le salarié
qui a consenti un effort et a espéré. Le ratio résultat/coût dans la formation,
telle que pratiquée aujourd’hui, est misérable, tout au moins pour la formation
hors entreprise. Même là j’ai vu beaucoup de dépenses parfaitement inutiles. L‘efficacité
elle-même de Pôle emploi est à mettre en doute quand la plupart des reprises d’emploi
viennent d’organismes privés. C’est l’activité économique qui est le pourvoyeur
d’emploi et les prévisions de croissance ne seront sans doute pas tenues dans
les mois qui viennent après le Brexit, et la consommation des ménages français,
donnent des signes de repli ce mois-ci.
Fort de ses 12% de
popularité, François Hollande distribue des cadeaux en creusant la dette et
fait des promesses pour un 2017 qu’il ne verra probablement que 4 mois mais va laisser
une sacrée ardoise pour son (sa) successeur ! Éviter le 49.3 se paye cher
en cadeaux. La France ne pourra éviter l’impact du Brexit sur son commerce
extérieur avec la baisse de la Livre qui va handicaper ses exportations. Bien
des raisons s’accumulent pour penser que la croissance sera plus molle que
prévu alors que les États-Unis ne sortent toujours pas par le haut de la crise
économique. Hollande promet beaucoup et ne réalisera rien sur le chômage ou
alors il continuera à mentir mais les français prendront eux-mêmes leurs informations
autour d’eux et le mirage disparaîtra.
Il y a comme toujours un discours sur le
chômage
Qui masque la réalité d’une France absente
D’un sursaut européen même minime !
Claude
Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon