Les incidents à
Marseille mal prévus et mal maîtrisés ne sont qu’une facette du désordre
général de notre pays que nous projetons à la face du monde par les médias
télévisés. Les grèves, les blocages, les revendications se multiplient jusqu’à
ce que les vacances y mettent une trêve en attendant la rentrée. J’ai toujours
été opposé à la grève, parce que c’est l’expression de la faillite des
négociations qui sont la richesse du monde du travail par l’expression d’une
justice et d’une équité du partage. Le manque de communication, le dialogue de
sourds, le refus de rentrer dans le monde de l’autre, ne peuvent que conduire à
des blocages des négociations. Je me souviens de discussions en Comité d’Entreprise
où devant un refus de solution proposée par le patronat, la question de
celui-ci avait été « Bon alors que
proposez-vous ? » La réponse du syndicat avait été immédiate :
« Ce n’est pas notre problème, c’est
le vôtre ».
Voilà
comment un pays finit par sombrer dans la grève, les blocages, le désordre.
Personne ne veut se mettre à la place de l’autre, essayer de le comprendre et
faire une place équitable aux droits et aux devoirs de chacun. La loi Travail n’y
échappe pas. Lorsque l’on touche aux possibilités de défense des salariés, ce
qui est le cas avec les accords entreprises hors accords de branches, on
attaque un droit fondamental du monde du travail. Sur cette ligne rouge, le pis-aller
de la grève est justifié, car s’il coûte aux patrons, il coûte aussi aux
salariés. La grève c’est comme la guerre, quand la diplomatie a échoué. Rogner
le pouvoir syndical au niveau des branches, c’est non seulement enclencher leur
impuissance et leur disparition à terme, mais c’est diviser pour régner. C’est
comme si, on supprimait tout intermédiaire entre la commune et l’Etat. Quel
poids aurait une commune sur l’État ? Pour la loi Travail, la fermeté du
monde des salariés s’applique non pas à une loi française mais à une directive
européenne qui n’a pas cure des droits des salariés, comme elle le montre pour
la Grèce. La grève est alors à la hauteur du danger pour lequel on n’a pas d’interlocuteur.
Mais
nous sommes dans une situation encore plus grave, situation que l’on nous cache
avec des propos de Hollande et de Obama que l’on peut résumer ainsi : « Tout va bien, on s’occupe de tout, dormez
bonnes gens ». Les « ça va
mieux, l’Euro 2016 apporte du bonheur et du vivre ensemble » sont dans
ce droit fil de l’endormissement. On y ajoute la crainte, qui valorise ensuite
le discours du « toutes les
précautions sont prises pour votre sécurité. Un attentat est toujours possible
mais vous avez toutes les chances d’y échapper ». Je dis à ce sujet
que, pour la même raison qui a permis les attentats du 13 novembre dernier, l’attentat
n’aura pas lieu pour l’Euro 2016, pas plus qu’il n’a eu lieu pour la COP21 en
décembre. Dans le même esprit on a essayé en vain de monter un faux, avec le
membre d’extrême droite arrêté à la frontière ukrainienne, pour maintenir la
pression de la crainte, valoriser l’action sécuritaire du gouvernement et en
même temps discréditer l’extrême droite. Chou blanc.
Cela c’est le monde artificiel dans lequel on
veut nous maintenir. Les indicateurs sont pourtant au rouge, en particulier aux
Etats-Unis comme vient de le confirmer l’enquête sur l’emploi qui vient d’être
publiée. Lorsque vous ajoutez le nombre
d’américains déclarés “officiellement au
chômage” (7,436 millions), au nombre d’américains âgés de 16 et plus, sans
emploi et qui sont déplacés comptablement dans la catégorie “en dehors de la population active” (94,708
millions, ce qui représente un record historique), vous obtenez un total
effarant de 102,144 millions d’Américains se trouvant sans emploi actuellement
soit plus de 30% de la population. Les créations d’emplois ne couvrent
pas les disparitions et l’augmentation de la population. Selon Challenger, Gray & Christmas, les
entreprises américaines ont annoncé 65.141 suppressions d’emplois au cours du
mois d’Avril, ce qui représente une augmentation de 35 % par rapport au mois
précédent. Depuis que Barack Obama est arrivé à la Maison Blanche,14.179.000
d’Américains ont quitté “le marché du
travail” et donc la population active, selon le département du travail
américain (the Bureau of Labor Statistics). C’est le 18èmemois
consécutif de baisse des commandes à l’industrie.
La vérité est que cette nouvelle
est un événement majeur. Cela confirme clairement que l’économie américaine est
entrée en récession. Philippe Bechade écrit : « Ce qui compte pour le système, ce n’est pas
Wall Street, mais Main Street et surtout en période électorale. Les vrais
indicateurs de l’économie ce sont ceux qui touchent au concret, pas aux
abstractions des professeurs et des fonctionnaires, ce sont les difficultés des
étudiants à honorer leurs dettes, la croissance des impayés dans le crédit
auto, la progression continue de la soupe populaire (les food stamps) ;
l’envolée des coûts de la santé, la chute de la propriété immobilière des
ménages, le plongeon du revenu médian… et la résultante synthétique de tout
cela: la présence de Trump dans la course à la Présidence. »
Voilà la réalité et ne me dites pas, « oui mais c’est aux États-Unis ». Ce
pays et la Chine sont les poumons d’une économie mondialisée. L’UE ne peut bien
se porter si ces deux-là ne vont pas bien. D’ailleurs on vient d’apprendre que
le QE (planche à billet) de la BCE, qui achetait des obligations souveraines,
achète désormais des obligations privées. Mario Draghi sort complètement des
statuts de la BCE dont le rôle est de maintenir la croissance à 2% et non de
maintenir des taux d’emprunt négatifs jusqu’à 10 ans qui signent la mort des
fonds de pension, des retraites, des assurances-vie, etc. Si l’on ajoute à cela
la montée en puissance de l’option guerre aux Etats-Unis, on peut en effet tout
oublier en regardant l’Euro 2016 comme on continuait à jouer de la musique sur
le Titanic.
Continuer
à presser le monde du travail est une faute
Quand
on a généré une dette de 100% du PIB
Donnant
45 milliards de dépenses en 2015.
On
ne mérite que la grève et l’opprobre
Dans
un monde où le gouffre
Est
devant nous !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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