mardi 21 juin 2016

Performance économique de la France en Europe



Nous avons vu dans le précédent article l’importance de la dette dans la réussite économique des grands pays du monde. Ce n’est pas une bonne nouvelle. Elle veut simplement dire que la plupart de notre richesse est une avance concédée par les générations suivantes et non issue de notre seul travail de production de biens. Quelques jours avant le vote pour ou contre le Brexit, il est intéressant de recentrer notre regard sur l’Europe, l’UE et la zone euro, et sur tous les pays potentiellement candidats ou non à l’UE. Afin d’affiner le lien entre le PIB et la dette, nous allons exclure de cette étude, les pays qui sont notoirement soit très performants donc au-dessus (Suisse, Norvège, Luxembourg, Suède, Islande, Danemark) soit très en-dessous (Grèce) de l’utilisation moyenne de la dette pour le PIB. Il faudra revenir sur chacun de ces cas dont lesquels on ne retrouve qu'un pays de la zone euro dans cette grande sous-performance.

Le graphique ci-contre nous confirme, sur l’examen de la seule Europe, ce que nous avions observé avec l’incorporation des grandes populations du monde et un choix limité de pays européens. La dette intervient alors à 90% dans l’acquisition du PIB. On avait 88% dans l’étude précédente, ce qui était très proche.  Les pays performants, hors utilisation de la dette et en plus de ceux cités plus haut, sont : Finlande, Pays-Bas, Allemagne, Autriche, Malte, Slovénie, Pays Baltes. On peut ajouter le Royaume-Uni et la République Tchèque dans l’UE hors zone euro. A contrario en plus de la Grèce citée plus haut, dans les pays sous-performants il faut ajouter le Portugal, l’Italie, Chypre, l’Espagne et la Belgique dans la zone euro, puis la Croatie dans l’UE hors zone euro et la Biélorussie, la Macédoine, l’Albanie, l’Ukraine et la Moldavie. La France ne brille pas.

On constate que tous les candidats potentiels à l’UE de l’Europe de l’Est sont dans une très mauvaise situation. Leur adhésion à l’UE ne peut que fragiliser celle-ci par un transfert de richesse indispensable. Il est évident aussi que tous les pays méditerranéens européens sont en difficulté (Portugal, Chypre, Espagne et surtout l’Italie). Au contraire les pays du Nord font mieux que l’apport de la dette (Islande, Norvège, Suisse, Suède, Finlande, Danemark et Pays-Bas) auxquels il faut ajouter l’Allemagne. On note que les pays hors UE font encore mieux que les pays de l’UE cités comme performants. On retrouve le constat qu’être hors zone euro n’est pas un handicap, ni même d’être hors zone euro sauf pour les pays économiquement faibles de l’Est de l’Europe. 

On peut imager la situation des différents pays de l'Europe en prenant en compte l’effet de la dette, calculé précédemment et chiffré à 90% du PIB, et représenter le pourcentage de décalage en plus ou en moins par rapport à celui-ci. On voit que le Luxembourg ajoute 288%, la Norvège 198%, l’Estonie 122%, la Suisse 103% par rapport à l’effet dette et l’Italie lui retire 29%, le Portugal 33%, la Grèce 49%. La France est dans la deuxième moitié, à la seizième place avec comme seule satisfaction de faire mieux que les autres pays méditerranéens mais elle ne profite même pas pleinement de l’effet de la dette. Cela veut tout simplement dire que sans l’endettement nous serions dans une phase importante de recul du PIB/habitant.

Force est de constater un très net partage entre l’Europe du Nord et du Sud. Dans cette zone Nord, la sortie de l’UE, voire de la zone euro donne globalement des performances supérieures aux autres pays. La zone méditerranéenne souffre globalement de l’euro et cette situation finira par déchirer l’UE et l’euro. La France recule lentement mais sûrement. Elle se rapproche de l’Espagne et s’éloigne de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Après la Grèce, l’Italie apparaît comme le pays le plus menacé. Le maintien de l’UE et de la zone euro actuelle ne peut mener que vers une situation explosive, situation aggravée par la brusque accélération du flux migratoire. La France comme tous les pays européens vit à crédit mais elle bénéficie avec l’Allemagne de taux d’emprunt proches de zéro. Ceci veut dire deux choses. La première est qu’elle est moins bien gérée que beaucoup d’autres pays et qu’un retournement de la confiance en elle de la part des investisseurs traditionnels peut faire remonter dramatiquement les taux d’emprunt. La France vend son patrimoine et des obligations souveraines à des taux élevés qui hypothèquent son avenir au profit du présent. 

La dette gangrène lentement l’Europe et une partie du monde.

Elle apparaît comme la situation facile engraissant les riches 

En donnant aux pauvres une fausse sécurité sociale

Et une augmentation de son pouvoir d’achat. 

Elle mène au gouffre, seul le travail paye ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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