mercredi 29 février 2012

La Grèce, un dépeçage ignoble et indécent !

Pendant que nos deux grands duettistes (grands dans les sondages mais petits par la taille et les idées) se disputent sur les remèdes à trente ans d’échecs scolaires de notre enseignement, échecs mesurés dans le classement international, la Grèce est poussée vers l’asphyxie. Asphyxiés nous-mêmes par nos médias, champions de la désinformation, encore douillettement assistés pour le plus grand nombre, nous ne pouvons pas évaluer la misère d’un peuple qui est l’essence même de notre civilisation. Nous ne comprenons pas non plus que le rouleau compresseur de la troïka (BCE-UE-FMI), instrument des marchés, des banquiers et des lobbies internationaux, ne fait là que sa première victime européenne.

Il n’y a que le cri du cœur d’un homme qui souffre pour son pays qui peut nous ouvrir les yeux… et nous émouvoir au point d’embrumer notre regard. Vous connaissez Mikis Theodorakis, ce grand musicien grec, alors lisez jusqu’au bout ce qu’il a à nous dire, c’est poignant de vérité :

« Il existe une conspiration internationale, celle dont l’objectif est de donner à mon pays le coup de grâce. L’assaut a commencé en 1975 contre la culture grecque moderne ; ensuite il a continué avec la décomposition de notre histoire récente et de notre identité nationale et, maintenant, on essaie de nous exterminer physiquement avec le chômage, la faim et la misère. Si les grecs ne se soulèvent pas pour les arrêter, le risque d’extinction de la Grèce est réel. Il pourrait survenir dans les dix prochaines années. L’unique qui survivrait à notre pays serait le souvenir de notre civilisation et de nos luttes par la liberté

Jusqu’à 2009, la situation économique en Grèce n’était pas très grave. Les grandes blessures de notre économie furent la dépense militaire excessive et la corruption d’une partie du monde politique, financier et des médias. Mais quelques pays étrangers sont aussi responsables, parmi ceux-ci l’Allemagne, la France, l’Angleterre et les USA, qui ont gagné des milliers de millions d’euros aux dépens de notre richesse nationale en nous vendant une année après l’autre de l’équipement militaire. Cette hémorragie constante nous a empêché d’avancer tandis cela enrichissait d’autres pays.

On pourrait dire la même chose à propos du problème de corruption. Par exemple, l’entreprise allemande Siemens avait une agence spéciale dédiée à corrompre les grecs afin que ceux-ci donnent la préférence à ses produits sur notre marché. Ainsi, nous avons été victimes de ce duo de prédateurs, d’Allemands et de grecs, qui se sont enrichis aux dépens du pays.

Il est évident que ces deux grandes blessures auraient pu être évitées si les leaders des deux partis politiques proyanquis ne s’étaient pas permis de corrompre. Cette richesse, produit du travail du peuple grec, a été drainée vers des pays étrangers et les hommes politiques ont essayé de compenser les pertes grâce à des prêts excessifs qui ont donné lieu à une dette de 300 milliards d’euros, soit 130 % du Produit national brut.

Avec une telle escroquerie, les étrangers gagnaient doublement : en premier lieu grâce à la vente d’armes et de leurs produits et, en seconde lieu, avec les intérêts sur le capital qu’ils prêtaient au gouvernement, non au peuple grec qui, comme nous avons vu, fut la principale victime dans les deux cas. Un seul exemple suffira pour le démontrer : en 1986, le gouvernement d’Andreas Papandreou a emprunté un milliard de dollars à une banque d’un grand pays européen. Les intérêts de ce prêt ont fini d’être payés en 2010 et se sont élevés à : 54 milliards d’euros !

L’année dernière, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a déclaré qu’il était conscient de la fuite massive de capitaux qui avait lieu en Grèce à cause du coût élevé du matériel militaire, acheté principalement à l’Allemagne et à la France. Il a ajouté qu’il était arrivé à la conclusion que les fabricants d’armes nous amenaient à une catastrophe certaine. Cependant, il a avoué qu’il n’a rien fait pour contrecarrer cela … : pour ne pas nuire aux intérêts de pays amis ! 

En 2008, la grande crise économique est arrivée en Europe. L’économie grecque n’y a pas échappé. Cependant, le niveau de vie, qui avait été jusqu’alors assez haut (la Grèce était classée entre les 30 pays les plus riches du monde), n’a pratiquement pas changé, malgré l’augmentation de la dette publique. La dette publique ne se traduit pas nécessairement dans une crise économique. On estime que la dette de pays importants comme les USA et l’Allemagne est de milliers de milliards d’euros. Les facteurs déterminants sont la croissance économique et la production. Si les deux sont positifs, il est possible d’obtenir des prêts bancaires avec n intérêt inférieur à 5 %, jusqu’à ce que passe la crise. 

En novembre 2009, quand George Papandreou est arrivé au pouvoir, nous étions exactement dans cette position. Pour comprendre l’effet de sa politique désastreuse, je mentionnerai uniquement deux pourcentages : en 2009 le PASOK de Papandreou a obtenu 44 % des votes. Maintenant, les enquêtes ne lui donnent pas plus de 6 %. 


Papandreou aurait pu faire face à la crise économique (qui était un reflet de celle de l’Europe) avec des prêts bancaires au taux d’intérêt habituel c’est-à-dire en dessous de 5 %. S’il l’avait fait, notre pays n’aurait pas eu de problèmes. Comme nous étions dans une phase de croissance économique, notre niveau de vie se serait amélioré. 

Mais en été 2009, quand Papandreou s’est réuni en secret avec Strauss-Kahn pour mettre la Grèce sous la tutelle du FMI, avait déjà commencé leur conspiration contre le peuple grec. C’e fut l’ex directeur du FMI qui m’a fait cette révélation.

Pour l’obtenir, il a été nécessaire de falsifier la situation économique de notre pays pour que les banques étrangères prennent peur et augmentent jusqu’à des niveaux prohibitifs les taux d’intérêt qu’elles exigeaient pour les prêts. Cette opération coûteuse a commencé avec l’ augmentation artificielle du déficit budgétaire, de 12 % à 15 % pour 2009 [André Georgiu, Président de l’Équipe de direction de l’Institut National de Statistique, ELSTAT, a subitement décidé en 2009, sans le consentement de son bureau directeur, d’inclure dans le calcul du déficit plusieurs organisations et entreprises qui avant n’avaient jamais été prises en compte dans aucun autre pays européen, à l’exception de la Norvège, et cela avec l’objectif que le déficit de la Grèce dépasse celui de l’Irlande (14 %), pour transformer notre pays en maillon faible de l’Europe, NdT]. Grâce à cette augmentation artificielle du déficit, le procureur d’État, Grigoris Peponis, a mis en accusation il y a vingt jours Papandreou et Papakonstantinou (son ex ministre de Finances).
Ensuite, Papandreou et son ministre des Finances ont commencé une campagne de discrédit qui a duré cinq mois, pendant lesquels ils ont essayé de persuader les étrangers que la Grèce, tel le Titanic, coulait et de que les grecs sont corrompus, paresseux et incapables de faire face aux nécessités du pays. Les taux d’intérêt montaient après chacune de leurs déclarations et tout cela a participé à ce que la Grèce cesse de pouvoir contracter des prêts et notre adhésion aux dictats du FMI et de la Banque Centrale Européenne devenait une opération de sauvetage qui est, en réalité, le début de notre fin. 

En mai 2010, le ministre des Finances a signé le Mémorandum c’est-à-dire la soumission de la Grèce à nos prêteurs. Selon la loi grecque, l’adoption d’un accord comme celui-ci doit être présentée au Parlement et au besoin à l’approbation des trois cinquièmes des députés. Cela signifie que le mémorandum et la troika qui nous gouverne sont illégaux, pas seulement du point de vue de la législation grecque, mais aussi de l’européenne. 

Depuis ce temps-là, si nous considérions que notre voyage vers la mort est un escalier de vingt marches, nous avons déjà parcouru plus de la moitié du chemin. Le Mémorandum offre aux étrangers notre indépendance nationale et la propriété de la nation c’est-à-dire nos ports, aéroports, routes, électricité, eau, toutes les ressources naturelles (souterraines et un sous-marines), etc. A cela, il faut ajouter nos monuments historiques, comme l’Acropole, Delphes, Olympes, Epidaure et les autres, puisque nous avons décidé de ne pas faire valoir nos droits. 

La production a diminué, le taux de chômage a augmenté jusqu’à 18 %, 800 000 commerces, des milliers d’usines et des centaines d’artisans ont fermé. Un total 432 000 entreprises ont fait faillite. Des dizaines de milliers de jeunes scientifiques abandonnent notre pays, qui coule de plus en plus dans les ténèbres du Moyen Âge. Des milliers de personnes qui avaient une bonne situation jusqu’à il y a peu, cherchent maintenant de la nourriture dans les poubelles et dorment sur les trottoirs. 

Pendant ce temps, on suppose que nous devons vivre grâce à la générosité de nos prêteurs, les banques européennes et du FMI. En fait, tout le paquet de dizaines de milliers de millions d’euros qui arrive en Grèce sont rendus tout de suite à nos créanciers, tandis que nous nous endettons de plus en plus à cause de ces taux d’intérêt insupportables. Et comme il est nécessaire de maintenir la fonction de l’État, les hôpitaux et les écoles, la troïka impose des impôts exorbitants à la classe moyenne basse de notre société, qui mènent directement à la grande famine. La dernière fois que nous avons eu une situation de grande famine généralisée dans notre pays ce fut au début de l’occupation allemande en 1941, avec presque 300 000 morts en seulement six mois. Aujourd’hui, le spectre de la faim revient sur notre pays calomnié et infortuné. 

Si l’occupation allemande a coûté aux grecs un million de morts et la destruction totale de notre pays : comment pouvons-nous accepter les menaces de Merkel et l’intention allemande de nous imposer un nouveau «  Gauleiter  », qui cette fois portera une cravate ?
L’occupation allemande, de 1941 jusqu’à octobre 1944, a démontré jusqu’à quel point la Grèce est un pays riche et jusqu’à quel point les grecs sont travailleurs et ont une conscience de leur engagement pour la liberté et l’amour à leur patrie.

Quand les SS et la grande famine ont tué un million de personnes et la Wehrmacht a détruit notre pays, elle a confisqué toute la production agricole et l’or des banques, les grecs ont été capables de survivre au moyen du Mouvement de Solidarité Nationale et d’une armée de 100 000 combattants, qui ont immobilisé 20 divisions allemandes dans notre pays. En même temps, les grecs n’ont pas seulement survécu grâce à leur assiduité au travail, mais aussi, sous les conditions dures de l’occupation, grâce au grand développement de l’art grec moderne, spécialement dans les champs de la littérature et de la musique.

La Grèce a choisi le chemin du sacrifice pour la liberté et la survie en même temps.

Nous avons été attaqués, nous avons répondu par la solidarité et la résistance et nous avons survécu. Maintenant nous faisons exactement de même, avec la certitude que, avec le temps, le peuple grec vaincra. Ce message est dirigé à Merkel et à son ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, et je mets bien l’accent sur le fait que je continue à être un ami du peuple allemand et un grand admirateur de sa contribution à la science, à la philosophie, à l’art et, en particulier, à la musique. La meilleure preuve de cela est que j’ai confié toute mon œuvre musicale à deux maisons d’édition allemandes, Breitkopf et Schott, qui sont parmi les plus grandes maisons d’édition du monde, et mes relations avec celles-ci sont très cordiales. 

Aujourd’hui, ils nous menacent de nous jeter de l’Europe. S’ils ne nous veulent pas une fois, nous ne voudrons pas dix fois faire partie de l’Europe de Merkel et de Sarkozy. 

Aujourd’hui, dimanche 12 février, Manolis Glezos – le héros qui a arraché la croix gammée de l’Acropolis et a donné par cela le signe qui a marqué le début de la résistance grecque, mais aussi de la résistance européenne contre Hitler – et moi nous allons participer à une manifestation à Athènes. Nos rues et places se rempliront de centaines de milliers de grecs qui expriment leur colère contre le gouvernement et la troïka

Hier j’ai écouté notre premier ministre–banquier quand il a, en s’adressant au peuple, dit que nous avons déjà presque touché le fond. Mais : qui est-ce qui nous a emmené à ce fond en seulement deux ans ? Ce sont les mêmes qui, au lieu d’être en prison, menacent les députés de voter un nouveau Mémorandum pire que le précédent. Pourquoi ? Parce que le FMI et l’Eurogroupe nous obligent à le faire avec leur menaces : si nous n’obéissons pas, ce sera la faillite... C’est une situation totalement absurde. Les groupes grecs et étrangers qui nous haïssent et qui sont les uniques responsables de la situation dans laquelle est notre pays, nous menacent et nous font chanter pour continuer à nous détruire jusqu’à notre extinction définitive.

Pendant des siècles nous avons survécu dans de très difficiles conditions. Et voilà que non seulement nous survivrons maintenant, mais nous ressusciterons s’ils nous poussent par la force jusqu’à l’avant-dernière marche de l’escalier qui conduit à la mort.

Dans ces moments je consacre toutes mes forces à unir les grecs. J’essaie de les convaincre de ce que la troika et le FMI ne sont pas une rue à sens unique. Il y a une autre solution : changeons l’orientation de notre nation. Trouvons avec la Russie une coopération économique qui nous aide à mettre en valeur la richesse de notre pays dans des conditions favorables pour nos intérêts nationaux.

Je propose que nous arrêtions d’acheter de l’équipement militaire allemand et français. Faisons tout notre possible pour que l’Allemagne nous paie les réparations de guerre qu’elle nous doit, qui avec les intérêts accumulés s’élèvent à 500 milliards d’euros. 

L’unique force capable de faire ces changements révolutionnaires est le peuple grec dans un front uni de Résistance et Solidarité qui expulse du pays la troika (FMI et banques européennes). En même temps, déclarons nul et sans effet tous ses actes illégaux, prêts, dettes, intérêts, impôts et achats de biens publiques). Bien sûr, leurs associés grecs qui notre peuple a déjà condamné comme traîtres recevront le châtiment qu’ils méritent.

Je vis totalement pointé sur cet objectif (l’union du peuple dans un Front) et je suis sûr que nous allons l’obtenir. J’ai lutté avec les armes à la main contre l’occupation nazie. J’ai connu les cachots de la Gestapo. J’ai été condamné à mort par les Allemands et j’ai miraculeusement survécu. En 1967, j’ai fondé le Front Patriotique (Patriotik ò Mètopo, PMA), la première organisation de résistance contre la Junte Militaire. J’ai lutté dans la clandestinité. J’ai été arrêté et emprisonné dans l’« abattoir » de la police de la Junte. Mais je suis ici. 

J’ai 87 ans et il est très probable que le jour du salut de ma chère patrie, je ne sois parmi vous. Mais je vais mourir avec la conscience tranquille, parce que je remplirai jusqu’à la fin mon devoir avec les idéaux de liberté et du droit. »

Mikis Theodorakis

A quel point de souffrance les français devront-ils être soumis

Pour qu’ils se rendent compte qu’on leur vole leur démocratie

Et que leur avenir de servage sera aux mains

D’une gouvernance de la finance

Européenne d’abord puis mondiale ensuite ?

Claude Trouvé

mardi 28 février 2012

On ne nous dit pas tout !

Pendant que les médias nous promènent entre veaux, vaches, cochons, couvées au gré des visites des candidats, un silence assourdissant a entouré la réunion des banquiers et des ministres des finances du G20 le 26 février à Mexico. Il est vrai que la distance a dû enlever de nombreux décibels à cet évènement à moins que cela soit son résultat. Pourtant les européens étaient venus défendre leur fameux MES (Mécanisme Européen de Stabilité) qui, grâce à la garantie des États et la mise de 80 milliards de fonds propres, créait, par effet de levier, un pare-feu de 500 milliards pour sauver les pays en difficulté. L’Europe devait montrer sa solidité aux yeux du monde !

Hélas le mécanisme n’a pas convaincu les grands pays du G20 et l’Europe doit revoir sa copie. Il faut que le pare-feu soit au moins de 1.000 milliards pour être crédible. Les chefs d’Etats européens, qui se réunissent en fin de semaine, doivent élaborer une nouvelle copie. La fusion du FESF et de MES est déjà évoquée, ce qui porterait à 750 milliards les prêts disponibles mais le MES devait se substituer au FESF(Fonds Européen de Stabilité Financière) en juillet, c’est donc un engagement financier supplémentaire pour les États. Or, l’Allemagne a plus à perdre à accepter cette logique que de voir la zone euro éclater, ce qui lui coûterait 2% de sa croissance. Selon les économistes allemands le financement du MES, permettant une disponibilité de 1.000 milliards, coûterait 3 à 3,5% de baisse du PIB.

Cette affaire fait grand bruit en Allemagne alors que l’étouffoir a été mis sur cet échec en France. Au-delà de la position officielle d’Angela Merkel, la sortie de la Grèce fait partie des scénarios pour lesquels des ministres allemands, intérieur et finances, s’expriment. La Grèce, et non le peuple grec, continue à tirer le maximum possible de l’Europe. L'effacement de 130 milliards de dettes et de 107 à trouver chez les investisseurs privés est considéré comme un acquis. Il devient en effet de plus en plus évident que l’Allemagne est arrivée au bout de sa volonté de sauvetage et la baisse des rentrées fiscales grecques du début d’année ainsi que la baisse du PIB laissent augurer d’une nouvelle aide à prévoir.

Mais une autre nouvelle aurait dû faire la une des médias, ce sont les propos cinglants de Mario Draghi, le patron de la BCE qui annonce la fin du modèle social européen. Dans le même temps, après avoir fait un premier chèque de 500 milliards aux banques pour alimenter l’économie, il se prépare à leur avancer un nouveau chèque de la même somme demain 29 février. L’Europe rentre dans la stratégie américaine du QE (Quantitative Easing) qui consiste à inonder le marché de liquidités pour soutenir la croissance, scénario qui a produit finalement la crise de 2008. Par contre, selon la volonté allemande, la crédibilité des pays est liée à un plan d’austérité drastique dont la tendance est de plomber la croissance !

Pour Mario Draghi, ancien banquier de Goldman Sachs et nouvelle statue du Commandeur de la monnaie en Europe, sauver l’euro aura un prix élevé. Selon lui, il n’y a « pas d’échappatoire » possible à la mise en œuvre de politiques d’austérité très dures dans tous les pays surendettés et cela implique de renoncer à un modèle social fondé sur la sécurité de l’emploi et une redistribution sociale généreuse.

« Le modèle social européen est mort » ! Ce modèle sur lequel l’Europe a basé sa prospérité depuis la seconde guerre mondiale a disparu (« has gone »), estime Mario Draghi qui rappelle, aux journalistes du Wall Street Journal, la formule de l’économiste allemand Rudi Dornbusch : « Les Européens sont si riches qu’ils peuvent se permettre de payer les gens pour ne pas travailler. »

On ne peut être ni plus provocateur, ni plus clair ! Les arguments mis en avant par Mario Draghi sont sans appel : tout recul sur les ambitions des programmes de désendettement publics provoquera une immédiate réaction des marchés qui pousseront les taux d’intérêt payés par les États à la hausse, rendant encore plus difficile, sinon impossible, le rétablissement des finances publiques. Son choix est de sacrifier les peuples pour sauver les banques.

Impôts, taxes, réformes structurelles, démantèlement du modèle social seront le lot de la « France Forte » de Sarkozy aussi bien que du « Redressement National » de Hollande ! C’est le choix qu’a fait Mario Monti en Italie et qui lui a permis en cent jours de sortir l’Italie des taux d’intérêt suicidaires… tant que le peuple italien supportera. En France c’est à celui qui cachera le mieux ce qui attend les français après l’élection présidentielle. La principale injustice ne sera pas entre les revenus des riches et des pauvres mais entre l’appauvrissement général du peuple et la santé des banquiers et des multinationales.

L’UMPS vient d’être couvert de honte pour avoir vendu aux français l’Europe sociale et l’Europe qui protège. Ils se rejetteront la faute et diront encore que c’est la faute des banquiers qui n’ont fait que profiter des traités qu’ils ont eux-mêmes signé. La désinformation leur profite encore mais la démocratie ne pourra pas continuer à être ainsi bafouée par un référendum sur la Constitution Européenne dont le verdict a été détourné par le traité de Lisbonne. Le peuple français acceptera-t-il longtemps que le slogan « il faut encore plus d’Europe » se traduise par « il faut encore plus d’austérité »… pour soutenir la mondialisation.

L’Europe va survivre sur le sang des peuples

jusqu’à épuisement…

A moins que le peuple tue ses exécuteurs avant !

Claude Trouvé

lundi 27 février 2012

Roubaix d’aujourd’hui, la France de demain ?

Dans huit ans, soit 2020, la population musulmane représentera de l’ordre de 15% de la population française si l’on s’en tient aux chiffres publiés par l’INSEE donnant le nombre de musulmans en 2010 et le pourcentage de musulmans (62%) dans le flux migratoire annuel. Cette population aura doublé dans douze ans ! Ces chiffres sont obtenus par déduction sur les pays d’origine des migrants car les statistiques françaises sur l’immigration ne donnent pas d’indications directes sur les religions, contrairement à la plupart des pays européens… nous avons peur des chiffres donc on nous les cache !

Les chiffres INSEE sont minimalistes car ils ne sont représentatifs que de la population officiellement connue. Ce multiculturalisme, imposé à la population de souche depuis plus de deux générations, n’est pas sans conséquence sur la capacité d’intégration massive d’un pays. La France n’a jamais connu un tel pourcentage de mélange des cultures. Elle n’est pas prête à la juxtaposition des cultures, chacune trouvant sa place dans la vie économique et culturelle du pays. Dans certains pays d’Asie, chaque culture ou culte ou caste a son domaine propre d’activité, administration, commerce, artisanat, services à la population. Une hiérarchie sociale s’est établie et est acceptée comme telle.

Ce schéma ne convient pas à notre civilisation occidentale, elle se heurte aux droits de l’Homme et aux principes républicains. Il ne reste que la voie de l’assimilation d’une population immigrée culturellement et cultuellement différente qui procrée plus vite (2/3 de l’augmentation est due à la forte fécondité) que la population de souche qui elle décroît. Il s’agit désormais d’une course contre la montre, car plus cette population musulmane en particulier croît, plus le désir d’intégration s’affaiblit. Certes le fait que les jeunes soient désœuvrés en forte proportion joue un rôle mais la réalité du nombre est celle-là. Si nous n’intégrons pas, et mieux si nous n’assimilons pas cette population plus vite qu’elle ne nait dans notre pays, soit nous aurons un choc des cultures soit c’est notre pays que nous livrerons à cette culture importée.

La porte d’Aix à Marseille ou la ville de Roubaix en sont des signes concrets de l’évolution prévisible qui nous attend. La dernière boucherie roubaisienne ne vendant pas du halal avait déjà disparu mais le dernier boulanger d’origine « souchienne », les époux Delval, a jeté l’éponge l’an dernier après trois incendies de sa vitrine et des menaces, victime d’une véritable omerta. La « voix du Nord » s’en est faite l’écho, la boulangerie Saint-Roch, rue des Ogiers a fermé.

Mais rassurez-vous il reste des boulangeries à Roubaix dans le même quartier de l’Epeule…

Boulanger Pâtissier, Alimentation, Dbara Aicha née Debara, 161 Rue de l’Epeule, 59100, ROUBAIX
Boulanger Pâtissier, Alimentation, Les Délices du Machreb, 112 Rue de l’Epeule, 59100, ROUBAIX
Boulanger Pâtissier, Alimentation, Amari Hadjali, 83 B Rue Pierre de Roubaix, 59100, ROUBAIX
Boulanger Pâtissier, Alimentation, Asani Ertan, 150 Rue de l’alma, 59100, ROUBAIX
Boulanger Pâtissier, Alimentation, Ayate Meftah, 4 Rue de Lannoy, 59100, ROUBAIX
Boulanger Pâtissier, Alimentation, Belaidi Mouloud, 25 Rue de Tourcoing, 59100, ROUBAIX
Boulanger Pâtissier, Alimentation, Beyyoudh Nasreddine, Rue de l’Hommelet, 59100, ROUBAIX
Boulanger Pâtissier, Alimentation, Boulangerie pâtisserie Kebaili, 222 Rue de Lannoy, 59100, ROUBAIX
Boulanger Pâtissier, Alimentation, Bounoua Samir, 66 Rue de Mouvaux, 59100, ROUBAIX
Boulanger Pâtissier, Alimentation, Dali Fatiha née Bourhala, 52 Rue de Cassel, 59100, ROUBAIX

Au moins désormais il n’y a plus de problème culturel entre les clients et les commerçants ! Le processus est classique. On commence par demander au commerçant de modifier sa marchandise, puis on le menace de représailles. L’ambiance conflictuelle dans la boutique fait fuir l’ancienne clientèle. S’il ne part pas, on le terrorise et on s’en prend à son outil de travail. Le commerçant part, vend son magasin pour une « bouchée de pain »… repris aussitôt par un commerçant de la culture importée.

Il en est de même avec les centres de villes grandes ou moyennes. Cela touche les commerces et les appartements. Béziers, ville moyenne n’y échappe pas. L’aspect de volonté de non-intégration s’affirme clairement dans les banlieues et quartiers périphériques avec l’implantation de la drogue, de vente d’armes, de trafic en tous genres. Le tout est livré à une mafia qui ghettoïse la population qu’elle nourrit. Le quartier de la Paillade à Montpellier en est une démonstration parmi d’autres.

L’altruisme que la gauche transforme en reculades successives de notre culture laïque et judéo-chrétienne se complète d’une avancée constante des droits d’une nouvelle culture importée. Si les responsables politiques français n’affirment pas haut et fort que l’immigration en France doit répondre à une exigence d’intégration puis d’assimilation en acceptant la langue, la laïcité sans concession et la non-intervention de la religion dans la législation, le visage de la France changera de plus en plus rapidement et inéluctablement. Il est urgent de mettre en œuvre une grande politique d’assimilation auprès des jeunes et de leurs parents par l’école, par l’écoute certes mais par la fermeté des institutions avant que le pays ne voit s’affronter physiquement les communautés.

C’est aux immigrés de s’intégrer et non aux français de le faire.

On ne pourrit pas la vie de son hôte jusqu’à ce qu’il vous laisse sa maison !

Claude Trouvé

dimanche 26 février 2012

MES, TSCG : position officielle du MPF

Dans nos chroniques des 21 et 23 février, les modifications des traités et la mise en place de mécanismes, destinés à créer un barrage crédible à tout défaut de paiement des pays en difficulté, ont été explicités. Les aides seront conditionnées à l’engagement des États dans l’objectif d’un endettement annuel maximal de 0,5% par rapport au PIB. Mais le Mécanisme Européen de Stabilité pose le risque d’une institution de pouvoirs donnés sur les États et d’une avancée vers le fédéralisme. L’apparition du FMI, organisation mondiale, dans les décisions officielles d’aide à des états européens, crée un pas vers la gouvernance mondiale.

Claude Trouvé
   
Intervention de Dominique SOUCHET à la tribune de l'Assemblée nationale à propos du traité instituant le Mécanisme Européen de Stabilité

Paris, le 21 février 2012 
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

On pourrait à première vue se réjouir de voir apparaître dans le paysage européen, avec le Mécanisme de solidarité, un rééquilibrage institutionnel en faveur des procédures intergouvernementales, c'est-à-dire de la coopération entre démocraties nationales.

Le Mécanisme Européen de Solidarité est une structure intergouvernementale. La procédure communautarisée de la coopération renforcée, recommandée par le Parlement européen, a été écartée. Le MES n'est pas une union de transferts, comme le réclamaient certains Etats membres, favorables à un "grand bond fédéraliste".

Nous devons cependant constater que le régime juridique du M.E.S. fait le grand écart entre sa conception de principe, intergouvernementale, et certaines modalités de fonctionnement qui empruntent leurs traits au système communautaire. C'est comme si les Etats membres n'avaient pas osé aller jusqu'au bout de leur volonté d'émancipation.

Toutefois, lorsqu'ils ont donné un mandat à la Commission, les Etats ont veillé à ce que celle-ci reste dans un rôle subordonné, n'ait pas à la place des Etats le pouvoir d'initiative et joue le rôle d'un secrétariat administratif au service du Conseil des gouverneurs.

Trois dispositions apparaissent cependant particulièrement préoccupantes.

La première est la possibilité donnée à un membre du M.E.S. de faire appel de la décision du Conseil des gouverneurs devant la Cour de justice de l'Union. Or, on connaît l'âpre vigilance avec laquelle les institutions supranationales veillent sur leurs compétences et cherchent sans cesse à les accroître en s'efforçant de neutraliser l'inspiration intergouvernementale, lorsqu'elle est présente, pour imposer le communautarisme des procédures.

La seconde disposition introduit curieusement une certaine mondialisation des pouvoirs au sein du M.E.S., avec un rôle particulièrement important donné au F.M.I., investi de véritables pouvoirs de co-décision. Le F.M.I., organisme non européen, se voit ainsi placé au premier plan de la procédure du M.E.S.

La troisième disposition est une disposition qui n'existe pas et qui devrait  exister. Elle met en relief le caractère anti-démocratique des procédures du M.E.S., qui ne comportent aucune consultation des parlements nationaux, alors que les questions financières et budgétaires sont, par excellence, de leur compétence et alors même que le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe a renforcé, en septembre dernier, le droit de regard des députés du Bundestag sur le fonctionnement du mécanisme européen de stabilité financière auquel le M.E.S. va se substituer.

Au-delà de ces dispositions inquiétantes, on est amené à s'interroger sur la cohérence d'ensemble du double traité.

Une contradiction manifeste apparaît entre la volonté de créer, avec le M.E.S., une institution inter-gouvernementale et la volonté de renforcer fortement, avec le T.S.C.G., l'intégration communautaire, même si nous avons échappé, pour le moment, au pire, c'est-à-dire à la demande allemande de judiciariser la gestion des budgets nationaux en les plaçant sous le contrôle de la Cour de justice.

Enfin, et c'est la question fondamentale que nous devons nous poser, le M.E.S. permettra-t-il réellement de faire face à la crise qui ébranle la zone euro ?

On peut fortement en douter, dans la mesure où il ne s'attaque pas à la cause principale de l'endettement. Cette cause, c'est l'ouverture dérégulée appliquée sans corrections à des zones régies par des règles totalement différentes, véritable perversion du libre échange. Plutôt que de corriger ces effets pervers, les dirigeants européens ont préféré injecter massivement des liquidités censées relancer l'économie et qui, en réalité, n'ont fait que provoquer un surendettement général, des ménages comme des États.

Cette ouverture dérégulée joue le rôle d'un "choc extérieur asymétrique", qui accroît les divergences entre États membres de la zone euro.

Le traité de Maastricht n'ayant pas prévu pas prévu de système de transferts massifs, ni discipline de fer au niveau européen, ce qui aurait permis de maintenir un semblant d'unité, les gouvernements sont réduits à bricoler dans l'urgence des instruments de secours. Tel est le cas du fonds européen de stabilité financière dont le montant est perpétuel réajustement. Tel sera le cas du MES, dont on ne sait à quelle hauteur il sera capable, s'il peut l'être, de faire face à l'addition des pays défaillants. 500 milliards ? 1.000 milliards ? Davantage encore ?

En réalité, ces instruments n'apparaissent pas adaptés à la nature véritable de la crise, qui n'est pas due fondamentalement à de mauvaises gestions passagères ou à des initiatives de spéculateurs, mais à la dislocation de nos économies par l'ouverture dérégulée qui, à son tour, disloque la monnaie unique.

C'est donc en vain et sans fin que les pays qui sont encore vaillants prêteront à travers un M.E.S. qui risque de n'être jamais suffisant aux Etats en grave difficulté, dont la situation ne pourra qu'empirer, si la seule politique qui leur est imposée, la réduction comptable de leurs déficits, les condamne à l'asphyxie.

La priorité des priorités pour l’Europe devrait donc être de proposer une nouvelle régulation mondiale pour que le développement des uns ne se fasse pas au détriment des autres.