dimanche 19 février 2012

Moins de promesses et moins d’idées

La campagne électorale ne lance plus de grandes promesses ou alors des directions assez floues pour pouvoir être toujours défendues à l’heure du bilan. Les temps ont changé, la France est dans la tourmente. Les deux principaux candidats parlent de rigueur pour un pays qu’ils ont plus ou moins endetté depuis trente ans. Tous les deux cultivent le dogme de l’euro et de la mondialisation.

Leurs programmes se résument à deux objectifs, rigueur et ré-industrialisation. Ils ont l’immense avantage d’être inattaquables. Malheureusement ce qui ne différencie pas ces deux candidats c’est la manière d’y arriver. Les deux parient sur la croissance tout en prenant des dispositions pour augmenter taxes et impôts. Les deux pensent qu’en allégeant les impôts des sociétés de 2%, on va redonner suffisamment de compétitivité à nos entreprises pour mieux aborder le marché mondial.

Les aides apportées à l’éducation, à la recherche sont défendues par les deux candidats et sont évidemment essentielles pour le moyen et le long terme. Malheureusement ses effets demanderont plusieurs années et ils ne répondent pas à l’urgence de la dégringolade de notre pays dans l’économie mondiale et l’endettement.

Nos candidats ne donnent plus de perspectives réjouissantes et crédibles qui puissent mobiliser le peuple et particulièrement sa jeunesse. Comment pourrait-on re-dynamiser un pays quand le chômage ne peut diminuer dans les prochaines années et que les Lejaby vont se succéder ? Les idées ne sont pas à la hauteur des difficultés qui attendent la France. Le fédéralisme et la mondialisation ont montré qu’ils broyaient le peuple et enrichissaient les puissants, les banquiers et les multinationales.

Quand on ne change pas les règles du jeu, on ne peut espérer que le jeu se transforme de lui-même pour devenir plus attrayant. Les idées manquent donc, elles se transforment en « mesurettes » ou en changements risqués sur les structures administratives de la France. Les modifications de notre enseignement, lancées à chaque changement de ministre, ont petit à petit, détruit la qualité de notre enseignement. Lorsque 15% de nos élèves de sixième ne savent plus lire couramment alors qu’il y a soixante ans, la lecture était acquise par tous en cours élémentaire 2ème année, on mesure que nous ne pouvons plus nous vanter d’avoir le meilleur système scolaire du monde.

 Tout est à faire pour retrouver la place qui devrait être celle de la France, la copie aveugle de l’Allemagne, du fédéralisme, de la mondialisation, la servilité aux États-Unis et le dépouillement de notre patrimoine immobilier et industriel ne redonneront pas aux français le sentiment qu’une page est tournée et que nous avons pris la mesure de nos erreurs.

La campagne présidentielle, vive dans la plupart des discours d’accusation des autres candidats, est d’une grande pauvreté sur les idées à mettre en œuvre, autres que de pâles copies de vieilles recettes de manipulation des taxes et impôts. Certains veulent même détruire ou mettre en veilleuse les fleurons de notre industrie. Par exemple pour le nucléaire, la fermeture des centrales est prévue alors que la Grande-Bretagne veut commander cinq réacteurs de la nouvelle génération.

Comment penser que notre commerce automobile, qui était encore bénéficiaire il y a quelques années et qui est désormais déficitaire, peut par les propositions actuelles, redevenir bénéficiaire. Il représente 20% des échanges commerciaux mais cette industrie se délocalise, même son ingénierie quitte lentement et sûrement notre sol pour l'Asie du sud-est.

Les taxes et impôts n’ont jamais, dans aucun pays, créé de la croissance et de l’emploi. La tenue de la Bourse actuellement est le résultat d’une énorme ouverture de liquidité de la BCE vers les banques, lesquelles réalimentent l’appareil économique. C’est la méthode américaine d'une croissance créée virtuellement, pratiquée par la Fed, qui est copiée et va creuser la dette globale de l’UE comme celle des Etats-Unis.

Avec 1700 milliards de dettes et la perspective de devoir trouver 200 milliards supplémentaires auprès des organismes prêteurs en 2012 pour rembourser les intérêts d’emprunt et les prêts arrivés à terme, la France est sous la menace des agences de notation. Le prochain président ou la prochaine présidente devra faire autre chose que ce que propose la zone euro et l’Allemagne dont les effets sont aussi incapables de nous sortir de l’ornière qu’elles ne le sont pour la Grèce, le Portugal et bientôt l’Espagne.

Il n’est pas pour un pays pire pauvreté

Que la pauvreté des idées et de la prévision de l’avenir.

Claude Trouvé