mercredi 8 février 2012

La Syrie, un droit d’ingérence occidental

Après le refus de la Chine et de la Russie de condamner la Syrie lors de la dernière réunion du Conseil de Sécurité, on a pu écouter, avec une certaine stupéfaction, notre ministre des Affaires Étrangères s’exprimer en va-t-en guerre, mais qui plus est, refuser de se conformer au blocage légal de la résolution. Autrement dit la résolution, votée ou non, nous la ferons appliquer !

Les occidentaux, le trio Grande-Bretagne, Etats-Unis, France, ne tiennent plus compte des décisions du Conseil, lorsque celles-ci ne leur conviennent pas. On est bien loin de l’attitude de Chirac pour l’Irak qui avait décidé de respecter le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. On ne fait pas la guerre en se donnant un droit d’ingérence. Dans l’UE il n’y a que deux pays qui ont une véritable politique étrangère et la force militaire pour se faire entendre, la Grande-Bretagne et la France. L’Allemagne a une politique étrangère à but essentiellement économique, soigne ses relations avec la Russie et la Chine et ménage la France son principal client européen.

Les trois compères suivent les Etats-Unis dans une politique impérialiste de domination des peuples pour des raisons de ressources énergétiques et minières. En fait nous suivons la politique étrangère des Etats-Unis comme nous mimons la politique économique de l’Allemagne. Les médias, dans leur ensemble font chorus aux informations distillées par les sources étatiques. Elles sont appuyées par des flashs sur des combats meurtriers dont l’origine est laissée entendre comme étant celle de l’armée légale syrienne.

On peut pourtant s’étonner que des images prouvant que ce sont les troupes légales qui sont les agresseurs ne soient pas diffusées. Lorsque l’on parle de snippers tirant sur la foule, on imagine mal ceux-ci dans ce rôle qui est toujours celui des insurgés. De plus l’uniforme ne prouve rien car un certain nombre de militaires ont déserté. Mais il y a plus troublant, c’est le retrait de la mission d’observation alors que des informations avaient déjà filtré tendant à montrer que l’armée légale agissait en riposte, et non en agresseur, aux harcèlements des insurgés. Elle a même constaté, en le regrettant, la violence exercée par des forces d’opposition.

Que penser également des résultats d’un récent sondage YouGov Siraj sur la Syrie commandé par The Doha Debates, financé par la Qatar Foundation, donc qui ne peut être soupçonné de partialité. La grande majorité des médias occidentaux n’en ont soufflé mot.  La conclusion principale était que, alors que la plupart des arabes ailleurs qu’en Syrie pensent que le président devrait démissionner, les attitudes à l’intérieur du pays sont différentes. Quelque 55 % des Syriens veulent qu’Assad reste, par crainte d’une guerre civile – un spectre qui n’a pas le même caractère théorique que pour les syriens qui résident à l’étranger. Par contre il est important de pousser le régime d’Assad à organiser des élections libres avec des observateurs indépendants pour contrôler le scrutin. C’est la raison de la visite russe à Damas.

Autre fait troublant, la présence d’avions US, sans signe distinctif, sur un aérodrome turc et ayant transporté des Libyens. La coalition veut reproduire le démarrage du scénario de la Libye avec action des services secrets, infiltration de soi-disant combattants de la liberté, fournitures d’armes aux insurgés que l’on baptise comme des représentants légaux du pays. A cela on ajoute une intense action diplomatique qui sert de couverture à des actions plus ou moins secrètes.

Cette fois les occidentaux et les « nations » du Golfe trouvent une réaction déterminée de la Russie et de la Chine. Cette presse estime que Russes et Chinois ont été échaudés par l’affaire libyenne. Toutefois, à la réflexion, il apparaît que Moscou et Pékin ne cherchent pas à présenter la facture de Libye, ni à protéger l’administration el-Assad elle-même, mais à prévenir la réédition de ce type d’opération dans un autre pays. En toile de fond, c’est de l’Iran dont on parle implicitement ; un Etat dont le basculement serait grandement préjudiciable à la Russie et à la Chine. Elles sont devenues ainsi les championnes de la défense des peuples et de la paix volant le leadership à l’OTAN et aux pays de Golfe, Qatar en tête.

Il apparaît que les Etats-Unis testent les limites à ne pas dépasser en étendant les conflits. C’est un jeu dangereux qui frôle le déclenchement d’une troisième guerre mondiale. Un bloc Russie-Iran-Chine, auquel d’autres pays vont se raccrocher, se constitue. La stratégie d’Hilary Clinton du « leadership par l’arrière » pousse ses alliés de l’OTAN qui ont besoin, pour raison électorale, de se mettre en première ligne comme en Libye. La France risque autant que les éclaireurs sur un champ de bataille… Les français en ont-ils conscience, empêtrés dans les Droits de l’Homme et sa croyance dans une démocratie et une liberté à l’occidentale ?

La France a abandonné toute idée de survivre par elle-même

Elle est devenue une « copiste »

Comme un peintre sans imagination.
Claude Trouvé