lundi 10 septembre 2018

Changement de blog..

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Désolé pour ce changement mais les circonstances l'impose.
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mardi 4 septembre 2018

Seule la croissance garantit notre modèle social


L’article précédent a mis le doigt sur un décalage entre les dépenses publiques en pourcentage par rapport au PIB et les dépenses publiques par habitant, et ceci par comparaison avec le Danemark, pays cité en exemple par Macron. Ce constat était apparu dans la comparaison avec des grands pays de l’UE et il convient d’étendre celle-ci sur les pays dont les données sont disponibles dans les bases de données de l’OCDE. Celles-ci sont presque complètement renseignées pour 2016. Le graphique ci-contre montre le pourcentage des dépenses publiques annuelles par rapport au PIB d’un grand nombre de pays, principalement européens. La France est en tête parmi 28 pays dont 4 en dehors de l’Espace Economique Européen, 3 en dehors de l’UE. On pourrait tirer gloire de ce classement sachant que les dépenses sociales en sont une grande partie. Il prouve que la France est attachée à un modèle social qui prône la solidarité des plus riches vers les plus pauvres. Notre pays partage cette orientation politique avec la Finlande, le Danemark et notre voisine, la Belgique. A l’autre extrémité des taux faibles, on trouve paradoxalement les pays européens riches, comme l’Irlande et la Suisse avec les Etats-Unis et le Japon. On voit bien qu’il s’agit d’une orientation politique quand on compare deux pays étant parmi les plus fortes valeurs du PIB/habitant au monde, à savoir la Suisse et la Norvège. Ces deux pays sont pourtant aux antipodes du modèle social.

Mais le but de la redistribution n’est pas la part du PIB qui est consacrée au modèle social mais l’argent consacré par habitant. Cet indicateur donne l’image de ce que nous pouvons espérer comme transfert vers le citoyen dans l’ordre inverse du niveau de richesse. C’est l’accès des plus démunis à l’éducation, à la santé, à la culture, à la prise en charge des handicaps, à la sécurité et la justice pour tous, à la protection de nos richesses nationales comme le patrimoine, etc. C’est aussi les moyens de défense, le maintien et l’évolution de infrastructures. C’est en résumé ce que l’on peut faire avec l’argent du PIB. Il ne suffit pas d’allouer un gros pourcentage du PIB pour cela si ce PIB est relativement maigre. Le graphique ci-contre abaisse nettement notre autosatisfecit de pays donnant les moyens de solidarité les plus importants. Nous ne sommes plus qu’à la 9ème place et plus à la première. Cette fois, ce sont les pays les plus riches, au meilleur PIB/habitant, qui sont en tête. La Suisse en queue de peloton pour le pourcentage de dépenses/PIB est cette fois à la 3ème place. Néanmoins l’orientation politique des pays du Nord, Norvège, Danemark, Islande, Suède, placent ces pays dans les premières places grâce à un PIB/habitant élevé. A contrario les dépenses/PIB montrent la volonté politique de la Hongrie et de la Grèce, mais faute d’un PIB suffisant le résultat est très faible rapporté au nombre d’habitants. Les inégalités ne seront pas corrigées car la solidarité reste un vœu pieux par manque de moyens financiers. 

Autrement dit, cette volonté politique de dépenses publiques existait toujours en 2016, mais le recul relatif de croissance de notre pays érode son résultat financier. Le graphique ci-contre croise les deux indicateurs dépenses/PIB et dépenses/habitant, après avoir retiré les pays extrêmes par leur PIB/habitant à savoir Norvège, Suisse, Islande, Etats-Unis d’une part, Hongrie et Grèce d’autre part. Un lien fort apparaît alors entre ces deux indicateurs, ce qui est assez normal, et on note que 1% de plus de dépenses/PIB entraîne une augmentation de 970 euros par habitant. On constate aussi que la politique de dépenses du Danemark donne sa pleine efficacité mais avec un PIB/habitant de 44% supérieur au nôtre ! Le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suède montrent un retour sur l’habitant très supérieur à l’ensemble des autres pays pour un même pourcentage de dépenses/PIB. Ces quatre pays ont un PIB/habitant très supérieur au nôtre. A contrario la Pologne, la Slovaquie, le Portugal, la Slovénie, l’Italie et surtout la France, font nettement moins bien que la moyenne des pays.

L’engagement solidaire consacrant une part importante du PIB ne suffit pas, encore faut-il que la richesse du pays soit au rendez-vous. Prenons le cas de la Grèce qui consacre près de 50% des son PIB aux dépenses publiques, soit un peu plus que la moyenne des pays européens. Elle ne dispose que de 8000 euros/habitant alors qu’elle devrait en disposer plus du double selon la moyenne des mêmes pays. La maîtrise des dépenses publiques est le nerf de la guerre de la gestion d’un pays. Mais si le pays est en décroissance relative et si les règles d’austérité sont appliquées sur celles-ci, la décroissance ne peut que s’accélérer. C’est ce qui s’est passé pour la Grèce. Les économies de gestion ont peu représenté par rapport aux économies sur la solidarité (retraites, salaires publics, allocations diverses, etc.), sur la qualité des services publics et des infrastructures comme on vient de le voir en Italie. La diminution générale du pouvoir d’achat avec une augmentation globale de la pression fiscale, alliée à celle des retraites, des allocations diverses, des prestations de santé, etc. se retrouve dans la diminution de la consommation et de la croissance.  Si une part importante de cette ponction part sur l’aide aux entreprises en croyant booster la croissance, on oublie seulement qu’une bonne part de celles-ci repart à l’étranger dans la fuite des capitaux, les délocalisations, les paradis fiscaux, les investissements sur du matériel étranger (cf. les éoliennes par exemple).
 
La France n’a pas bénéficié de son entrée dans la zone euro et sa compétitivité s’est détériorée au fil des ans alors qu’elle a maintenu une politique de solidarité. D’année en année elle a augmenté le pourcentage de dépenses publiques au-delà de ce que la croissance lui permettait. La croissance des dépenses de santé est visible sur le graphique ci-contre. Alors que la France, le Danemark et l’Allemagne consacraient des pourcentages du PIB pour la santé très proches en 2001, la situation s’est aggravée rapidement jusqu’en 2010. Sommes-nous mieux soignés pour cela ? Les français vantent partout leur système de santé, est-ce vrai ? Le prochain article essaiera d’y répondre.
 
« Rien de sert de courir il faut partir à point » La Fontaine 

Rien ne sert de partager grassement sa bourse

Si elle se vide, c’est là le problème français. 

L’austérité est mortifère sans croissance.

Elle ne cautérise pas, elle gangrène. 

Sortie de l’UE et dévaluation

Sinon point de salut !

Claude Trouvé 
04/09/18

dimanche 2 septembre 2018

Macron au Danemark et la Gaule en Grèce

Macron a fait une tournée nordique apparemment sans grand intérêt pour notre économimais dont le but réel est plus proche des intérêts personnels du Président que de ceux de la Gaule, puisque selon lui nous ne sommes pas français, ni par le mélange d’invasions diverses, de Romains d’Ostrogoths, de Wisigoths, de Vikings, de Maures et même d’apports asiatiques. D’ailleurs le clivage entre le Sud de l’Europe, chrétien catholique, et les pays protestants luthériens, reste un clivage de l’Union Européenne, dont Macron aurait pu s’abstenir de le mettre en lumière. Macron sent qu’Angela Merkel passe par une période de contestation, et, en toute amitié du couple franco-allemand, il veut profiter de l’occasion pour avancer ses pions en grand leader d’une UE fédéralisée.

Des choix vont devoir être faits pour remplacer le Président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker, et celui de la BCE, Mario Draghi. L’Allemagne sait qu’elle ne peut pousser un candidat allemand pour ces deux postes et semble pencher pour la Présidence de la Commission, sachant que de toute façon le Président de la Bundesbank a un poids prépondérant au sein de la BCE. Macron ambitionne de trouver un appui au sein de la BCE pour ses grandes vues européennes et il cherche des appuis dans les pays de l’UE, appuis qui se font de plus en plus rares. Dans six mois la Finlande prendra la présidence de l’UE, et Macron vient leur dire qu’il soutiendra la candidature d’un Danois ou d’un Finlandais à ce poste. Tout va bien entre l’Allemagne et la France.

Alors Macron a fait sa cour dans les pays nordiques, fustigeant son peuple pour mieux encenser ses hôtes. En dehors de cette faute diplomatique grave, Macron veut donner aux français l’image d’un Danemark de la réussite. Il oublie d’abord que ce pays est en lien économique direct avec l’Allemagne et partage sa réussite, et que la monnaie n’y est pas l’euro mais la couronne danoise. Macron mène une politique de régression sociale, d’ouverture affichée au multiculturalisme et à la migration, même si les actes ne suivent pas. C’est donc avouer qu’il est partie prenante de la régression de notre pays sans se rendre compte encore vraiment qu’il se rapproche dangereusement d’une situation socioéconomique italienne, voire grecque. En effet le graphique ci-dessus montre que le Danemark a fait mieux que nous pour la croissance. Mais pourquoi ne pas aller demander à nos amis suisses ou à ce pays vraiment nordique, l’Islande, le secret de leur réussite ? Il aurait pu aussi se rendre en Irlande pour les féliciter d’avoir négocié la tenue d’un second référendum sur la Constitution Européenne moyennant l’autorisation de pouvoir avoir l’impôt sur les sociétés le plus bas d’Europe. 

Heureusement nous ne sommes pas seuls à montrer notre incapacité, les italiens, les espagnols et les grecs nous permettent de parader encore. Mais au fait est-ce le refus du changement qui bloque notre pays ? Le graphique ci-contre nous chante plutôt le fiasco de nos entreprises qui n’exportent pas assez et nous obligent en plus à acheter à l’étranger faute d’avoir les fabrications chez nous. Alors Macron pourrait se poser la question de l’utilité des dizaines de milliards déversés sur les entreprises sans résultat sur le chômage et avec une balance commerciale non seulement en déficit mais en déficit grandissant de 2016 à 2017. Est-ce nos entreprises qui sont mauvaises ou lui ? 

Le Danemark, mis sur un piédestal par Macron, est-il le pays de cocagne ? Si l’on en croit le graphique ci-contre des données OCDE de 2013, ce n’est pas le cas et nos retraités apparaissent privilégiés. Entre ces deux pays il y avait une différence de poids annuel sur les dépenses retraites/retraité de 1855 euros/an, soit compte-tenu de l’inflation de l’ordre de 1950 € en 2017. Les français et les Italiens sont-ils prêts à perdre cette somme ? J’en doute. On peut y trouver une raison de baisser les retraites, ce que demande d’ailleurs l’UE conformément à la politique allemande. Mais cette politique française date de longtemps et depuis une époque où la France était prospère. Ce n’est pas seulement un choix économique mais un choix politique. La baisse des retraites ne justifie en rien une politique de son reversement sur les grandes entreprises qui organisent des fuites de capitaux à l’étranger. Mais les retraites apparaissent nettement comme une variable d’ajustement budgétaire puisque l’on note une dépendance chez les grands pays de l’UE entre le montant des retraites/retraité et celui-ci par rapport au PIB. 

Une baisse de 1% des retraites/PIB pourrait être corrélative avec une baisse de 264 euros par retraité en 2013 soit 1,73% sur la retraite moyenne/retraité. Pour une baisse 2018 de 0,3% par rapport au PIB prévu donc reportable sur 2019, le gouvernement annonce le gel des retraites. L’inflation à prévoir étant de 2%, on voit que Bruno Lemaire force de fait la ponction sur les pensions des retraités avec 2% au lieu de 0,52% (1,73%*0,3). La baisse des pensions de retraite de 2% pour raison de baisse du PIB n’est que de 0,52% et les 1,48% restants sont donc un matelas que se constitue le gouvernement pour satisfaire le monde des entreprises. Quelles sont les sommes en jeu en 2019 ? A démographie constante, on peut en faire un calcul approximatif. La retraite n’a pas été revalorisée et même a été ponctionnée d’une augmentation de la CSG. On va donc prendre le montant moyen de pension à 15000 euros 2018/an et un nombre de pensionnés de 19 millions. On arrive à la somme de 285 milliards dont le gouvernement ponctionne subrepticement 2%, libérés par l’inflation, soit 5,7 milliards répartis en 1,482Mds€ destinés à compenser la perte de 0,3% de PIB, et 4,218 Mds€ à disposition pour prendre en compte le passage du CICE à une baisse d’impôt pérenne sur les sociétés. Non seulement le retraité doit assumer sa part de baisse prévisionnelle du PIB, mais servir de vache à lait pour les entreprises et verra son pouvoir d’achat amputé de 300 euros en moyenne durant 2019… en accord avec les directives de l’UE ! 

Puisque le Danemark est la nouvelle référence pour Macron, on peut regarder les dépenses sociales sur des données plus récentes de l’OCDE en 2016. Si la France est pointée par l’UE comme un pays trop généreux envers ses retraités, elle ne dame pas le pion au Danemark pour les dépenses sociales par habitant. Toutefois nous sommes les premiers en ce qui concerne le niveau de dépenses/PIB. Nous réussissons la performance de délivrer 31% de moins de dépenses sociales par habitant et de dépenser presque 10% de plus par rapport au PIB que le Danemark ! De toute évidence il y a là un dysfonctionnement majeur. Au passage on notera le choix politique de l’Irlande qui ne fait pas bénéficier la population de dépenses sociales en rapport avec l’excellence de son PIB/habitant supérieur de 75% au nôtre ! Cette anomale empêche de mettre en lumière une dépendance entre le pourcentage de dépenses sociales/PIB et les dépenses sociales/habitant. Hors Irlande on peut en gros dire que cette dépendance existe et est de l’ordre de 1% de plus de dépenses/PIB générant 1600 euros de plus par habitant. La France affiche un net manque de retour vers les citoyens de l’ordre de 2000 euros compte-tenu de son niveau de dépenses ou alors il y a des économies à faire de l’ordre de 130 milliards ! Cela mérite que l’on approfondisse le sujet car on ne peut guère évoquer le chômage au vu de ce que donne et dépense l’Espagne avec un chômage double du nôtre.

Prendre le Danemark en exemple, quand on rogne les dépenses sociales mais en diminuant les dépenses donc les prestations par habitant, montre une inefficacité notoire. Cette parade danoise n’est que du vent. Seule la bonne gestion des dépenses dans une compétitivité redonnant vie à la croissance reste l’objectif. Mais sur le deuxième point déshabiller Pierre pour habiller Paul reste une stratégie qui ne mène à rien de plus qu’un affaiblissement progressif de notre richesse globale.

La France vit désormais au-dessus de ses moyens 

Mais ce n’est pas en réduisant la carburation

Que le véhicule France ira plus rapidement. 

Sans consommation les usines fermeront

Quelles que soient les aides apportées. 

Sans le jeu d’une monnaie nationale,

Le contrôle des fuites de capitaux, 

Les taxes douanières spécifiques,

Le peuple paiera pour sombrer !

Claude Trouvé 
02/09/18