lundi 31 mars 2014

Le pire est devant nous !



La France d’en bas a parlé, le verdict est tombé et le bipartisme tremble sur ses bases. Le populisme, ce mot que l’on couvre d’opprobre, s’est fait entendre et les oubliés ont bousculé les partis gouvernementaux traditionnels. Une fois de plus on a voté contre le gouvernement, comme on l’avait fait pour sortir Sarkozy. Ce dernier avait reçu le choc de 2008, année où tout le système monétaire, financier et économique a manqué basculer. Sarkozy a néanmoins fini son mandat. Il n’est plus sûr qu’Hollande finisse le sien ! 

Hollande en est réduit au soutien des socialistes, fidèles à une idéologie complètement effilochée par sa confrontation à la mondialisation, et à la béquille écologique, elle-même confrontée au coût qu’elle engendre. Il est paralysé par Bruxelles et encadré par les États-Unis dans la géopolitique d’une nation hégémonique. Sa politique n’est que la déclinaison pratique des décisions de Bruxelles largement influencées par Angela Merkel. 

Le socialisme est déchiré entre deux tendances celle de la politique d’austérité et celle de la justice sociale. Le «  Il faut donner plus aux entreprises et plus aux travailleurs privés et publics » n’est pas compatible avec la baisse des dépenses publiques et les engagements de la France envers l’Europe. La droite traditionnelle n’a rien à proposer d’autre qu’une politique bis de réduction des dépenses et d’aide aux entreprises avec la même soumission à Bruxelles. C’est la reconduction de ce qui a été fait sous Sarkozy. On connait le résultat. 

La croissance réelle que l’on peut espérer est désormais de l’ordre de 0,5% et ne permet plus de maintenir le niveau actuel de dépenses sociales. De plus la disparition de nos entreprises s’aggrave. Elle alimente le chômage, le déficit commercial et l’augmentation de la dette par la baisse des rentrées fiscales. C’est donc vers le pire que nous allons. L’Allemagne, dont la démographie est en baisse, a épuisé les pays du sud et doit réorienter son économie vers les pays émergents. Elle a mangé son pain blanc. L’eurozone enrichit des banques dont les fonds propres sont trop faibles pour garantir leur survie et ce ne sont que des parasites d’une économie réelle qui patine. 

L’attentisme et l’espace restreint de liberté de la politique économique de la France ne lui laisse aucun levier pour inverser la tendance de l’endettement et du chômage. En 2013 le déficit public a atteint 4,3% du PIB (3,6% promis) et la dette 93,5%. Ces deux chiffres sont au-dessus des prévisions et l’objectif du 3% de déficit pour 2015 est impossible à tenir, l’année 2017 risque même d’être trop près. Le Pacte de Responsabilité, qui favorisera surtout les grandes entreprises travaillant avec l’international et moins touchées par la crise, demande de trouver 50 milliards sur les dépenses publiques, vraisemblablement sociales et territoriales. Mais l’argent que ne récupèreront pas les régions et les départements sera répercuté sur leurs administrés par l’augmentation des taxes, de même que la baisse des dépenses sociales par le biais des mutuelles.

Booster artificiellement la croissance par une injection d’argent public, selon le modèle américain et japonais, creuse la dette et repousse le problème devant soi avec une issue d’autant plus dramatique qu’on le repousse plus longtemps. Dans la mesure où notre politique européenne n’est pas remise en cause, avec une impossibilité de jouer sur la monnaie, il n’y a pas d’issue favorable mais des solutions plus ou moins mauvaises. Tout le reste n’est que palabres, bavardages sans consistance et enfumage politique. 

La vague bleue ne laissera que du bleu à l’âme si les partis européens, du PS à l’UMP, ne remettent pas en cause notre participation à l’Europe et la liberté de notre politique économique. Il est vital de comprendre que les prochaines élections européennes sont aussi importantes que l’ont été les votes pour le traité de Maastricht et la Constitution européenne. Ce n’est pas être anti-européen que de vouloir rediscuter les fondations de l’Europe. Elles ont désormais prouvé qu’elles ne soutiennent pas efficacement ses peuples mais sont les pourvoyeuses d’argent pour les multinationales et les banques. La disparition progressive des nations ne peut qu’accentuer cette dérive. 

Il reste néanmoins à la France l'objectif de se doter d’un Président qui ait le courage de le faire. Puisse-t-il méditer sur ceci : 

« N’essayez pas de devenir un homme à succès. 

Essayez de devenir un homme qui a de la valeur » 

Jaime B Ook 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

dimanche 30 mars 2014

Municipales dénaturées par le contexte national avant le véritable enjeu européen


Quel que soit le résultat des urnes, ces élections municipales, dont on voulait qu’elles se réduisent à l’intérêt local, se sont pliées au combat de deux partis dominants par FN interposé. Engluée par Mitterrand dans la diabolisation du FN, la droite pense surfer sur la défaite de la gauche et renonce à pactiser avec le FN. La gauche joue le jeu ancien de l’exagération de la montée du FN pour en détourner l’électorat de l’UMP. Elle utilise pour cela le relais médiatique (34 pages du Monde) et accentue la diabolisation d’un parti qui mord sur sa gauche. Elle marginalise le Front de Gauche qui pourtant a mieux résisté qu’elle.

Ainsi, en dehors de petites municipalités, la chasse au FN est devenue le leitmotiv des deux principales formations politiques et les municipales sont devenues un champ clos de guerre à trois entre deux partis républicains et un qui ne l’est pas ou n’est pas considéré comme tel. En réalité c’est le combat d’une majorité de votants, englués dans des promesses non tenues depuis trente ans, contre les désabusés de l’abstention et ceux qui ne veulent pas renoncer à voir s’ouvrir un vrai débat sur l’Europe et l’immigration, responsables à leurs yeux, du chômage et de l’insécurité. 

Les élections européennes sont jusqu’à présent l’occasion d’un abstentionnisme record. C’est malheureusement la preuve du désintéressement du peuple pour une entité informe, antidémocratique, distante et qui se signale à lui par des normes et une politique d’austérité imposée derrière un drapeau. Combien de drapeaux européens voit-on brandis spontanément ? Il est vrai qu’à l’élection du Président de la République on cherchait les drapeaux français dans le florilège de drapeaux étrangers. 

L’arrivée dans la vie locale d’un parti qui prône une autre vision de l’Europe et qui n’élude pas le problème de l’immigration, quelle que soit la solidité de ses arguments, ouvre la perspective d’un véritable débat sur l’Europe souhaitée par le peuple et non par ses élites, les multinationales américaines et les lobbies en général. 

C’est l’occasion de laisser les économistes se battre sur l’intérêt de l’euro, sur la politique économique nationale et non européenne à suivre. C’est l’occasion de définir si nous acceptons de nous diriger inexorablement vers une Europe fédérale où les pouvoirs régaliens des nations sont réduits à ceux d’un Conseil Régional, au mieux type « länder ». Doit-on continuer avec une Commission européenne non élue qui a l’exclusivité des propositions, un Parlement qui n’a que le pouvoir de les accepter ou non avec des gouvernements nationaux réduits à un rôle d’acquiescement ou au mieux de freins, un Conseil européen dont les décisions échappent à tout contrôle, une Cour de Justice qui impose la primauté du droit communautaire sur le droit national, une Banque Centrale dont l’unique rôle statutaire est celui de la régulation de l’inflation mais est tordu pour venir au secours des banques, etc. ? 

Le véritable enjeu pour la France est la place qu’elle veut occuper dans l’Europe. Celle-ci est marginalisée dans le duo États-Unis – Chine. Cette dernière va devenir bientôt la première puissance économique mondiale même si l’hégémonie américaine va continuer par sa puissance militaire, la puissance financière de ses multinationales et par le jeu des alliances qu’elle a constitué dont l’Otan fait partie. Les États-Unis ont basculé leur flotte dans le Pacifique, l’Europe est devenue l’attraction d’un marché transatlantique et un glacis devant la Russie. Elle n’existe plus qu’en tant que telle. 

Si l’Europe veut encore exister, elle doit présenter un front commun de nations unies et non disparues qui redéfinit un espace européen incluant la Russie, laquelle a une culture commune et des échanges commerciaux privilégiés dans ce territoire européen. La France a sanctionné la gauche mais elle ne verra pas changer notre allégeance aux États-Unis ni l’emprise de l’Europe sur notre politique économique et migratoire. Il va falloir que les Français se posent la question de l’Europe qu’ils veulent. C’est pour notre pays une décision qui engagera beaucoup plus notre avenir que les élections qui viennent de se terminer. 

La commune est la cellule de base de la vie politique 

Mais c’est la Nation qui structure l’Europe 

Sa disparition est en jeu. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon 

samedi 29 mars 2014

Le culte du mensonge et le fossoyage de la confiance !



Les mauvaises nouvelles sur le chômage et la manœuvre complexe et vicieuse des socialistes entre les deux tours servent d’illustration au titre de cet article. Plus les mauvaises nouvelles s’accumulent, sur l’économie et le chômage, plus le pouvoir, avec le Président et les principaux ministres, pratique le mensonge et les manœuvres politiciennes. Cela avait déjà commencé entre les deux tours de l’élection présidentielle : « le prochain mandat doit en effet permettre d’inverser la courbe du chômage », et même, tout aussi imprudemment que son adversaire (et bientôt prédécesseur) : « J’accepterai d’être jugé sur cette promesse ». C’est fait, par ce qu’a exprimé l’électorat dans le premier tour des municipales.

Hollande le 9 septembre 2012 : « Nous devons inverser la courbe du chômage d’ici un an ». 

Lors de ses vœux du 1er janvier 2013 : « Toutes nos forces seront tendues vers un seul but : inverser la courbe du chômage d’ici un an. Nous devrons y parvenir coûte que coûte ». Premier accommodement de la promesse après avoir gagné trois mois de plus de délai. 

A peine un mois plus tard, il concède que 2013 sera sans doute « marquée par une progression du chômage ». 

Le 28 mars 2013, cette fois sur France 2 : « mon premier objectif, c’est d’inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année ».

En mai 2013, interrogé sur cette improbable promesse : «  je m’y tiens  ». 

En août 2013, Michel Sapin, Ministre du Travail déclare à son tour «  oui, nous inverserons la courbe du chômage [...] d’ici la fin 2013 », ajoutant, pathétique, que si les chiffres de juillet marquent « un ralentissement […] c’est que nous allons dans la bonne direction parce qu’avant d’inverser, il faut arrêter  ». Autrement dit pour passer la marche arrière, il faut passer au point mort. La palisse n’est pas mort lui ! 

Le mois suivant, le même se dit une nouvelle fois convaincu que le gouvernement est « en phase » de « stopper la hausse » et a noté une « amélioration »… dans la hausse du chômage ! 

Pierre Moscovici, dopé sans doute par un micro-rebond inespéré de la croissance au deuxième trimestre 2013 (+0,5% selon l’Insee) fanfaronne aussitôt sur l’inversion de la courbe du chômage qui « va arriver d’ici la fin de l’année. J’en ai la conviction, une conviction informée ». Je n’invente rien. Au même moment, Hollande continue se déclarant « confiant sur l’inversion de la courbe du chômage […] nous allons y arriver  ». 

Toutefois on se met timidement à déclarer que si « l’inversion est commencée » « le freinage, puis le retournement de la courbe […] devra être analysé en tendance », sur « plusieurs mois ». 

En novembre,  les résultats mensuels du chômage restent toujours plus médiocres les uns que les autres, résultats auxquels il faut ajouter (et en juillet 2013 seulement !) plus de 500 000 emplois « aidés » en France (Emplois d’avenir, Contrats uniques d’Insertion, Entreprises d’insertion dont CDD avec aide forfaitaire, Contrats Uniques d’Insertion, Contrats d’autonomie, CIVIS). Et cela sans compter bien-sûr l’explosion du nombre des allocataires du RSA (2,3 millions de foyers en 2013, soit plus 7,2 % en un an). 

En décembre 2013, malgré une nouvelle hausse (+ 0,5 % officiellement), Hollande affirme ainsi que «  l’inversion de la courbe du chômage est bien amorcée  » et que « la tendance à la baisse […] n’est pas modifiée  ». 

Même baratin chez Michel Sapin : le ministre du Travail affirme même qu’ « au quatrième trimestre, le gouvernement a pu inverser les choses, inverser la courbe du chômage », ajoutant, complètement hors sol : « Au début de l’année 2014, nous devrons faire reculer plus fortement et durablement le chômage [...] Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus l’inversion mais l’amplification et l’inscription dans la durée de cette tendance ». Le député de Paris et secrétaire national du Parti Socialiste Jean-Christophe Cambadélis affirme : «  il n’y a pas encore nettement d’inversion de la courbe, mais c’est à portée de main » et encore « Les chiffres ne sont pas décevants. Ils sont encourageants pour les jeunes et ils marquent une tendance à la décélération du chômage  ». 

Fin janvier 2014, Michel Sapin salue pour sa part une « stabilisation, ce qui est déjà considérable » ! 

Depuis janvier 2014, la tendance est à la hausse exponentielle. Entre les deux tours des élections municipales les chiffres catastrophiques de février viennent de tomber dans un relatif silence médiatique… 


  • + 31 600 chômeurs de catégorie A (sans aucune activité), soit presque 1 % d’augmentation pour le seul mois de février. A noter que ce total est obtenu après que Pôle Emploi a radié administrativement… 57 800 chômeurs de ses listes durant le même seul mois de février. Le véritable chiffre de l’augmentation du chômage de catégorie A en février devrait donc être en réalité + 89 400 chômeurs supplémentaires ! 
  • Le chômage des « seniors » a littéralement explosé, avec + 12,1 %. 
  • Celui des jeunes n’est limité que par le recours massif aux fameux « emplois d’avenir », qui n’en ont justement aucun (+ 50 000, plus de 100 000 prévus avant la fin 2014). 


Il nous faudra aller plus loin dans l’analyse de l’augmentation du chômage, phénomène endémique que rien ne peut arrêter sauf une dévaluation relative par rapport à l’Allemagne… donc la sortie de l’euro. Ceci est une autre histoire dont nous reparlerons mais ce feuilleton grotesque de promesses non tenues sur le chiffre du chômage a un effet dévastateur de perte de confiance. On ne peut espérer diminuer le chômage dans le contexte actuel, sans jouer sur la monnaie car la croissance ne reviendra pas d’elle-même au 1,5% nécessaires pour le stopper. Gauche et droite s’y sont cassés les dents mais on continue… On ment, on enfume, on gagne du temps. Il faut tenir pour se faire réélire, un point c’est tout. Qui peut encore les croire ces vieux chevaux de retour qui tirent la carriole dans le fossé mais viennent prendre leur botte de fourrage ! 

Le culte du mensonge tue la démocratie ! 

Car un peuple désinformé et enfumé 

N’a plus de cap et tourne en rond 

Jusqu’à épuisement ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon