lundi 10 mars 2014

La puissance de l’argent sur la géopolitique

Le week-end nous incite, devant la désespérance qui nous envahit à cause de la pauvreté, l’indigence, l’inefficacité de la politique française, à prendre un peu de recul sur la marche du monde, marche que nous subissons d’autant plus que la parole pour agir sur notre destin nous est chichement comptée.

« L’argent ne fait pas le bonheur » est cette affirmation de bon sens qu’aime proclamer tous ceux qui n’en ont pas, et ce n’en est que plus vrai. « Nous sommes tous égaux devant la mort », c’est la vérité implacable à laquelle personne n’échappe. Seulement nous ne sommes plus tous égaux devant la maladie et l’argent vient troubler la vue idyllique de l’égalité pour tous en la ramenant à la réalité. Sans vouloir continuer un discours  philosophique de bas étage, la réalité incontournable est que l’argent ouvre toutes les portes du pouvoir et de la puissance sur les hommes et les évènements. 

Les puissances de l’argent cherchent donc à dominer le monde et poussent vers un gouvernement mondial évidemment sous leur influence. La puissance des politiques est de plus en plus mise sous le boisseau des puissances financières comme les marchands dominaient la république de Venise, comme nombreux sont nos rois n’ayant pu tenir leur rang que grâce aux banquiers usuriers. La République Française a crû un temps y échapper mais la première visite à l’étranger d’un Président socialiste français a été à la City de Londres, haut lieu de la puissance de l’argent. Que ce soit Obama, Cameron ou Hollande, rien ne peut se faire sans l’aval de ce qu’on nomme les puissances de l’Ombre et notre Président est allé aux ordres puisque celles-ci ont dû abandonner Strauss-Khan. 

Par exemple encore aujourd’hui, qui tient le pétrole tient le monde. La phrase n’est pas de moi mais des puissances de l’Ombre. Demain ce sera peut-être, avec le développement de l’électronique et des énergies renouvelables, les terres rares. Elles viennent de jouer leur premier rôle de géopolitique dans les conflits sur les îles revendiquées par la Chine et le Japon. Ce dernier qui base l’essentiel de son développement sur l’électronique est dépendant de la Chine pour les Terres rares, matières premières indispensables dans ce type d’industrie. Ainsi il n’est pas de guerre qui puisse exister sans que l’argent n’en soit le nerf voire le provocateur dans des compromissions et des duplicités les plus impensables. 

C’est par l’argent que le Qatar ouvre la porte de la France pour y acheter patrimoine et industries privées, pour y déverser des subsides dans les quartiers difficiles, les écoles coraniques et les mosquées, pour soutenir les rebelles libyens puis syriens avec les occidentaux, et dans le même temps aider les djihadistes qui, à partir de leurs bases libyennes et soudanaises, mènent le combat d’implantation de la civilisation musulmane sunnite dans toute l’Afrique du Nord et centrale. La France, pour des raisons économiques et de vassalité aux USA, joue le jeu de la collaboration sous de fallacieux prétextes, comme la démocratie ou la non-prolifération nucléaire. Elle refuse par exemple de prendre en compte ce que les grands leaders musulmans proclament, hors d’Europe, c’est-à-dire à terme le combat pour une Europe musulmane. 

La guerre encore froide en Ukraine n’y échappe pas, car le conflit pacifique de la démocratie victorieuse ferait rire si elle n’avait pas jeté dans des tombes des centaines de personnes persuadées de mener un combat pour un avenir plus heureux. La démocratie vient d’être bafouée par ceux qui prétendent la défendre. La destitution du Président n’a tenu aucun compte du respect de la Constitution de 2011 en vigueur dans ce pays où le Parlement, de plus sous menace physique, ne peut décider seul de celle-ci. Les armes des agitateurs parmi lesquels les néo-fascistes et les Israéliens ont pris leur part, ont fait basculer la démocratie. Poutine a alors beau jeu de poser sa défense sur ce non-respect patent qui n’a que le nom de coup d’Etat. Même si la présence de troupes russes ne peut être expliquée ainsi, la décision des autorités de Crimée autonome de faire un référendum le 16 mars ne peut plus alors être contestée par les occidentaux. 

Derrière tout cela se joue une partie de géopolitique à haut risque. D’un côté on a une Russie, où Poutine a chassé ou emprisonné les puissants oligarques mafiosos qui pourrissaient la vie du pays depuis Eltsine, arc-boutée sur un no-mans land autour de ses frontières, arc-boutée sur la maîtrise de la Mer Noire face à la Turquie, historiquement son pire ennemi, arc-boutée sur le port syrien de Tartous qui lui ouvre la Méditerranée orientale et sur une union douanière avec ses voisins biélorusses, ukrainiens et du Kazakhstan. 

De l’autre on a les USA dont le but est d’approcher l’OTAN au plus près des frontières russes pour développer un grand marché économique transatlantique et agir sur toutes les ressources économiques de la Russie pour en réduire la puissance dans un combat mondial contre la Chine, la Russie et sans doute l’Inde qui n’a pas encore choisi clairement son camp. L’Ukraine est le lieu privilégié d’un affrontement auquel on mêle l’UE par l’extension aux pays limitrophes de l’emprise de Bruxelles. L’intérêt de l’Europe n’est pas dans un affrontement avec la Russie. L’Allemagne le sait et mène parallèlement à une pression sur l’Ukraine, des conversations bilatérales officieuses et officielles sur ses relations économiques privilégiées avec la Russie. 

La France ? Tant qu’elle veut bien jouer le jeu des États-Unis, la France est ménagée car sa docilité est nécessaire à la progression de l’hégémonie américaine. Sa puissance économique est en déclin, son aura sur la politique étrangère est très affaiblie mais elle a encore des atouts. Elle fait partie du Conseil de Sécurité à l’ONU avec droit de véto, elle a une présence importante dans l’Afrique francophone, terrain de jeu de la progression de la civilisation musulmane et de l’économie chinoise. Enfin son grand domaine maritime lui permet d’être présente sur tous les continents. Obama lui distribue les terrains de jeux guerriers où son opinion ne veut plus envoyer ses soldats. Les puissances de l’ombre ne l’envoient plus en « guerre » sans prendre la France sous son bras et Obama reçoit son Président comme Louis XIV recevait à Versailles… ses vassaux ! 

L’argent va dominer le monde car personne ne pourra plus y échapper, 

Les riches seront plus riches et les pauvres plus pauvres, 

Tant que les peuples ne voudront pas ouvrir les yeux ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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