vendredi 24 février 2012

Un bilan sarkozyste catastrophique ou mirifique ?

Deux duettistes se déchirent sur les lambeaux d’un bilan qui vient de traverser une crise majeure. Les mots prennent des ampleurs qui recouvrent de brouillard une réalité que vit un peuple désabusé et conscient que l’avenir ne promet rien de bon. Deux autres duettistes, ferraillant en mode mineur, chassent sur les mêmes terres et, oubliant ce qui les rapprochent, s’invectivent ou se snobent. Que peut-on en dire plus sereinement et quelles perspectives a-t-on à court terme ? Deux aspects différents sont à considérer, d’une part le ressenti par la population centré principalement sur le niveau de vie et l’emploi, et d’autre part les indicateurs économiques.

Toutes les statistiques de 2011 ne sont pas encore disponibles. Mais on peut regarder ce qui s’est passé entre 2006 et 2010. Il est aussi intéressant de se comparer à des pays de l’UE. L’indicateur qui mesure l’écart entre faibles et forts revenus montre que celui-ci est passé de 4,0 à 4,5. C’est donc une aggravation sensible mais elle se note aussi en Allemagne (4,1 à 4,5) alors que la Suède fait beaucoup mieux (3,6 à 3,5). Ceci corrobore l’augmentation des personnes reçues aux Restos du cœur ou menacées de coupure d’électricité. Par contre le pouvoir d’achat a augmenté de 2,5% durant la même période comme l’Allemagne.

Pour ce qui concerne le taux d’emploi il a légèrement augmenté de 63,6 à 63,8% mais c’est très loin de l’Allemagne (67,2 à 71,1%) et de la Suède (73,1 à 72,7%). Par contre le chômage augmente de 5% en 2011 et il augmente encore de 0,5% en janvier 2012. En décembre 2012 le taux de chômage était de 5,5% pour l’Allemagne et 9,9% pour la France.

En résumé le consommateur, dans son ensemble, n’a pas ressenti réellement l’effet de la crise s’il avait un emploi. C’est sur l’emploi que se joue l’avenir et l’augmentation des impôts va en 2012 faire sentir que l’effet de la crise touche cette fois tous les citoyens. Le bilan Sarkozyste, vu sous cet angle, apparaît plus inquiétant pour l’avenir qu’il n’a été négatif pour le consommateur avec toutefois un plus grand nombre de personnes en-dessous du seuil de pauvreté.

Mais c’est sur le plan de l’endettement et du commerce extérieur que les choses se gâtent. La dette s’accroit et le remboursement des intérêts de la dette devient l’un des grands postes du budget. Le déficit de la Sécurité Sociale prend des allures catastrophiques alors que l’Allemagne a ramené en 2011 son déficit à 1% et affiche un excédent sur les prestations sociales et de 150Mds€ pour le commerce extérieur. Notre balance commerciale est très préoccupante pour l’avenir et de plus l’Etat prévoit des recettes supplémentaires mais ne réduit pas son train de vie.

Les solutions envisagées pour relancer notre économie ne s’avèrent pas à la hauteur du problème. On parle de baisser le poids de la fiscalité sur le coût du travail. En effet en 2010 il était plus élevé en France qu’en Allemagne (45,5% pour 44 ,9%). La différence est faible et la combler n’apparaît pas de nature à changer notre déficit commercial avec l’Allemagne. La solution n’est pas là. D’ailleurs le Royaume-Uni où le poids n’est que 25,1% a le plus important déficit du commerce extérieur !

En réalité c’est la fuite de nos cerveaux et de notre industrie qui est au cœur du problème. Il n’y a qu’une seule voie possible pour refaire le terrain perdu comme l’ont pratiqué plusieurs pays. Malheureusement l’UE, qui s’enfonce et perd régulièrement des parts du marché mondial, fait de l’euro un carcan pour les principaux pays, hors l’Allemagne et les pays du nord. La compétition internationale ne peut se gagner hors Europe que par des prix des marchandises de l’ordre de 25% moindre qu’actuellement. Ceci d’autant plus que les pays émergents n'augmentent leurs coûts salariaux qu'au rythme de l’augmentation de leur compétitivité, ce qui n’est pas notre cas.

Le bilan Sarkozyste n’est que moyen par rapport aux pays de l’UE sur les principaux indicateurs économiques, avec la meilleure note des pays du Sud, un point c’est tout. Par contre il nous a enfoncés dans une voie sans issue défavorable pour notre pays. C’est dans les années qui viennent que tout cela va se faire sentir par la baisse du pouvoir d’achat et par un chômage accru par la faiblesse de la croissance, voire par la récession. Les indicateurs pour 2012 et 2013 sont au rouge et nous font descendre dans la hiérarchie des pays européens.

Sans rétablissement de la préférence communautaire

Sans protectionnisme intelligent

Sans manipulation monétaire

Sans effort sur la recherche et l’innovation

La France ne pourra que s’enliser.

Claude Trouvé