mercredi 8 mai 2013

Notre avenir dans le retour 80 ans en arrière… (3ème partie)


Comme on peut le constater nous vivons des évènements qui sont des rappels à l’histoire d’une période particulièrement importante pour notre pays. En effet elle a vu une crise profonde boursière, financière, économique et monétaire, une révolte ouvrière qui a profondément changé les conditions de travail des salariés et un tragique aboutissement dans la seconde guerre mondiale.
 
Deux périodes distinctes l’ont marqué. La première de 1929 à 1934 est celle de la descente aux enfers économiques aux Etats-Unis, en Europe et particulièrement en Allemagne, ce qui a provoqué l’arrivée d’Hitler. La seconde de 1934 à 1939 marque la lutte des classes et l’évolution sociale pour se terminer enfin dans un rebond économique boosté par les préparatifs d’une guerre mondiale.

Les causes et le traitement de la Grande Dépression ne reçoivent pas un consensus de tous les historiens et économistes. Les causes évoquées seraient d’origine spéculative, ou l’explication viendrait de la sous-consommation ou du cycle économique, des fautes de l’Etat et de la banque centrale, de l’absence d’une puissance capable d’imposer un jeu coopératif, de la transformation de la récession américaine en dépression mondiale. Dans cette dernière explication on cite l’inactivité du gouvernement américain, les réactions inappropriées de la Banque Centrale, les dévaluations compétitives et le protectionnisme.

Il n’apparaît pas justifié de mettre en cause le protectionnisme car l'essentiel de la contraction du commerce se joue entre janvier 1930 et juillet 1932, soit avant la mise en place des mesures protectionnistes. La chute du commerce international serait plutôt l’effondrement des liquidités internationales en 1930 (-35,7 %) et 1931 (-26,7 %) selon Jacques Sapir.

Evidemment les raisons sont multiples mais certaines ont eu beaucoup plus d’impact que les autres. C’est ainsi que l’une des explications principales qui rend le mieux compte de cette période est celle de l’économiste Jacques Rueff, l’explication monétaire. Il voit l'origine des difficultés dans l'établissement d'un système de Gold Exchange Standard par la conférence de Gênes au début des années 1920. Le système hybride de Gênes prévoit que chaque nation pourra au choix :
  • Mettre en œuvre une convertibilité de leur monnaie en or si leur stock le leur permet
  • Considérer la Livre et le Dollar comme monnaie de réserve substitutive
Dans le système de l'étalon-or, tout déficit de la balance des paiements provoque une sortie d'or et une restriction proportionnelle du crédit. Par contre dans un système d'étalon de change or où une monnaie privilégiée peut être conservée comme réserve monétaire, le pays privilégié, lorsque sa balance est déficitaire, voit sa monnaie revenir chez lui et servir de base par l'intermédiaire du multiplicateur de crédit à de nouveaux crédits qui aggravent les déficits. Le Gold Exchange standard a donc tendance à accroitre sans limite l'endettement du pays privilégié. On voit ainsi la spéculation remplacer l’investissement industriel.

Non seulement, les accords de Bretton Woods en 1944 de décrochage du dollar par rapport à l’or ont amené la stagflation de 1974 mais certains économistes y voient la source de la crise de 2008-2009 par un effet de double pyramide de dettes, américaine et par contagion à l’ensemble du monde. Nos difficultés avec l’euro qui est balloté par le dollar, le yen et le yuan ainsi que par la perte d’une référence      à l’or et la disparition de la monnaie nationale, ne peuvent que donner du poids à cette explication des causes de la crise que nous vivons.

Par contre il ne semble pas que les gouvernements aient pris en compte les leçons de l’histoire. Il nous faut pourtant dire quelques mots dans le prochain article sur les orientations de la politique française. On voit bien que les balbutiements actuels entre austérité et relance ne permettront pas de sortir la France de la crise et que notre politique étrangère nous expose à des conflits majeurs.

Il n’est pas de pires sourds que ceux qui ne veulent rien entendre.

Aux grands maux il faut de grands remèdes.

Notre perte est inscrite dans

L’amnésie politique.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon