samedi 18 mai 2013

L’été risque d’être très chaud

Enfin une bonne nouvelle me direz-vous, on va pouvoir arrêter le chauffage. Le Président a le moral et il est à l’offensive. C'est parti. On va attaquer les vrais problèmes. Enfin. C'est ce que nous a promis notre chef suprême des Armées. Il va inverser la courbe du chômage tout seul, on ne sait pas comment, et il va même sortir toute l'Europe de sa langueur. Il est vraiment impressionnant ce Président. La phrase qui le dépeint le mieux c’est : « La France n'est pas le problème de l'Europe mais la solution. » 

Bon, restons sérieux. Il a senti que l’Allemagne commence à être victime de la dépression européenne et que son commerce extérieur faiblit. L’occasion est bonne pour reformuler l’idée de relance de la croissance, à coup de dépenses publiques moins réduites que prévu, d’une BCE accommodante qui ferait de la  création monétaire comme le fait la FED aux Etats-Unis et la Banque du Japon. La solution n’est pas géniale mais elle permet de maintenir une croissance acceptable même si l’accroissement de la dette ne l’est pas.

Le seul problème c’est que l’Allemagne a toujours son triple A mais avec désormais une appréciation négative. Si l’Allemagne craque, il s’ensuit deux conséquences. D’abord il ne sera plus possible, pour le principal contributeur aux pays en difficulté, de sauver l’Espagne et surtout l’Italie qui file du bien mauvais coton en ce moment. Ensuite les taux d’emprunt vont remonter alors que les investisseurs se tournent vers les obligations japonaises devenues plus intéressantes. Ils vont remonter pour l’Allemagne mais aussi pour la France qui, avec sa dette, a une bombe à retardement.

Enfin le secteur bancaire montre des signes inquiétants en Allemagne mais aussi en France où les banques sont bourrées d’obligations souveraines de pays à risque. A ce propos je vous propose de lire ce que dit un expert, Claude Bébéar, Président d’honneur d’AXA (...) dans un article paru dans Challenges n°365 : 

Il affirme, en substance, qu’il ne faut pas se laisser bercer d’illusions par la faiblesse des taux d’intérêt de la dette française, qui est une ‘véritable bombe à retardement’ aux mains des non-résidents, à hauteur de 60%.(…). Il ajoute : 

« La bombe pourrait exploser dès cet été, avec une remontée brutale des taux d’intérêt, si des décisions sérieuses de remise en ordre des comptes publics, et donc de baisse des dépenses, ne sont pas mises en place. » 

Je vous le disais l’été pourrait être très chaud. Notre Président joue sur la mauvaise santé de l’Allemagne pour se faire entendre et sur la croissance mondiale pour réussir son pari sur l’emploi. Autant dire que c’est une partie d’équilibriste amateur et sans filet. En effet la crise de 2008, c’est la faillite de Lehmann Brother, incendie jugulé aux Etats-Unis par une injection monétaire immédiate. Ceci a évité un effondrement généralisé par contagion de tout le système bancaire.

Les banques allemandes et françaises sont particulièrement concernées par ce phénomène. Elles détiennent des monceaux de dettes grecques, espagnoles, portugaises ou encore italiennes... comme le montre le graphique ci-contre représentant le niveau d'exposition des banques françaises et allemandes aux dettes des pays périphériques de la zone euro.

Les banques françaises sont considérées comme « too big, to fail », trop grosses pour faire faillite, en partant sur le principe que les Etats sont en mesure de les renflouer en capitaux propres. Sauf que, le montant total d'exposition des banques allemandes aux dettes de pays périphériques se monte à 390 milliards de dollars, soit environ un dixième du PIB allemand (3 600 milliards de dollars).

L’union bancaire, projet de mutualisation des dettes, ne peut résister à un effondrement de l’Italie, ni à celui des banques allemandes ou françaises. Il y a trop d’obligations pourries en circulation. Les banques françaises sont aussi en risque comme la BNP qui détient 19,1 Mds€ d’obligations italiennes, portugaises et espagnoles qui représentent 29,6% de ses fonds propres. Cet édifice n’étant qu’un château de cartes, la défection d’une grosse banque entraîne les autres et les montants sont alors tels que plus aucun pays ne peut éteindre l’incendie. 

Notre Président joue avec le feu

L’été est propice aux incendies

Le pyromane est souvent un

Pompier !


Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire