lundi 27 mai 2013

L’Empire romain sombre dans la pauvreté (3ème partie)


La Grèce et le Portugal sont dans une situation difficile et leur peuple souffre mais ils ne font pas partie des pays poids lourds de l’Union Européenne. Les dispositions d’aide prises avec entre autres le Mécanisme Européen de Stabilité peuvent éviter le pire pour ces deux pays. Il en est tout autrement pour l’Espagne qui traverse une période très difficile.
 
La bulle immobilière espagnole, ajoutée à la crise des « subprime » américains, a miné l’économie et la pauvreté s’installe.  Il suffit de se promener dans les rues des principales villes d’Espagne, à commencer par Madrid ou Barcelone, pour constater combien la misère gagne du terrain. Une pauvreté aux conséquences dramatiques sur la santé physique et mentale, notamment des populations les plus fragiles, dont les enfants et les personnes âgées.

La pauvreté devient tellement envahissante en Espagne, qu’elle se transforme en objet politique et en enjeu de débats entre les deux principaux partis politiques espagnols. Le taux de chômage, qui atteint désormais 27,16% de la population active espagnole, demeure l’indicateur le plus symptomatique de l’augmentation de la pauvreté en Espagne. D’autant que le pays compte actuellement 1,8 million de foyers où l’ensemble des membres se trouve au chômage. Ce qui en dit long sur la dégradation de la situation.

C’est 21% de la population qui est sous le seuil de pauvreté, qui se situe à 613€ par mois. Et on s’en doute, le nombre de pauvres continue d’augmenter en 2013. Pire : 40% des foyers restent incapables de faire face aux dépenses imprévues, et 13,7% ne parviendraient pas à « boucler les fins de mois ». Le nombre de personnes faisant appel au Secours catholique a été multiplié par 2,5 depuis 2006 pour dépasser le million. Caritas, l’une des associations les plus actives sur le front de la pauvreté, soutient plus d’un million de personnes dans le besoin en Espagne. La Croix Rouge annonce de son côté qu’elle a apporté son aide à près de 2,4 millions d’individus dans le besoin en 2012, soit trois fois plus de personnes qu’au début de la crise économique, en 2008.

Selon l’Unicef, 26% des plus jeunes seraient aujourd’hui dans une situation inquiétante. Selon l’Association des Sciences environnementales, un ménage sur 10, soit 1,7 million de foyers est dans l’incapacité de payer entièrement les factures d’électricité, d’eau ou de gaz. Selon les opérateurs de distribution de l’énergie électrique, des coupures d’électricité ont touché un million de foyers pour non-paiement des factures. L’Observatoire national de la Durabilité note une augmentation de la mortalité de 20,5% en hiver, soit le taux le plus élevé de tous les pays occidentaux. En Espagne la pauvreté tue beaucoup plus que la route !

La pauvreté et la précarité ne cessent d'augmenter en Espagne depuis le début de la crise économique qui a eu des répercutions négatives sur le pouvoir d'achat des citoyens, souligne un rapport dont les conclusions ont été présentées mercredi à Valence (Est de l'Espagne). Le niveau de la pauvreté a enregistré une hausse de 8 % entre 2006 et 2012 et celui du développement humain a accusé une baisse de 4,4 % lors de la même période, précise le rapport intitulé "Développement humain et pauvreté en Espagne" élaboré par l'Institut des recherches économiques de Valence (Ivie) et la Fondation Bancaja.

« Dans ce contexte, il n’est guère étonnant de constater que l’Espagne, pays d’immigration au cours de la dernière décennie, redevient un pays d’émigration. De fait, la population espagnole se réduit dans son ensemble pour la première fois depuis 1996, comme le révèlent les statistiques de l’INE. Le pays comptait, au 1er janvier 2013, 47 059 533 habitants, soit 205 788 personnes de moins qu’un an auparavant. Principale raison : le retour dans leur pays d’origine de 3,8% des 5,5 millions d’étrangers recensés en Espagne, pour la majorité des ressortissants des pays d’Amérique Latine. Mais ces immigrés ne sont pas les seuls à faire leurs valises. Il faut ajouter à ce solde migratoire les 54 912 Espagnols qui ont également quitté le pays en 2012, pour aller chercher une meilleure fortune hors de leurs frontières. Car la principale motivation de cette émigration concerne le marché de l’emploi, où les jeunes demeurent particulièrement pénalisés par un taux de chômage de plus de 50%. Le profil des nouveaux émigrés espagnols s’avère d’ailleurs révélateur : des personnes de 32 ans en moyenne (hommes et femmes en égale proportion), ayant fait des études supérieures. » Francis Mateo à Barcelone

En proie à une joute politique, qui n’exclue pas de défendre ou non l’indépendance budgétaire vis-à-vis de la troïka, les perspectives de récession en 2013 ne peuvent que mener l’Espagne dans une situation de plus en plus proche de la Grèce. Cela peut conduire à un climat social délétère où les manifestations contre la pauvreté ont remplacé celles pour les salaires. Si l’Espagne, ses régions et ses banques demandent une aide massive de l’UE ou de la zone euro, c’est l’explosion de l’Europe.

L’Europe s’appauvrit pendant qu’elle s’agrandit

Les Etats passent sous tutelle de la troïka
 
L’euro salvateur creuse les inégalités

Entre les Etats et entre les citoyens.

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon