vendredi 2 août 2013

Quand un petit pays peut donner des leçons aux grands !

Les vacances poussent au farniente et le farniente pousse à la rêverie et finalement à la réflexion. Notre pays rentre dans une phase d’austérité, de mise en sommeil de la démocratie et, son corollaire, d’apparition d’actes qui empruntent au totalitarisme. Sur ce dernier constat on peut se poser la question du lien qu’il peut y avoir entre la perte de pouvoirs régaliens au profit de l’Europe et ce regain d’autoritarisme du pouvoir. C’est comme si le gouvernement y trouvait une compensation nécessaire à l’exercice du pouvoir qui lui reste.

Nous sommes englués dans l’aventure européenne, à notre corps défendant pour la Constitution Européenne, mais grâce à la représentation parlementaire pour le traité de Lisbonne, qui n’est qu’une copie conforme mais qui a parachevé notre engagement. Sans véritable sentiment européen, si ce n’est le nom de la monnaie dans notre poche, content de pouvoir traverser de nombreuses frontières européennes et y payer comme chez nous, le français est désormais très dubitatif pour le moins et très majoritairement déçu sur les bienfaits de l’Union Européenne. 

Toute autre voie serait catastrophique pour la France, ne cesse-t-on de nous répéter par la voie des partis au pouvoir depuis quarante ans, lesquels font faire chorus à de nombreux médias et économistes à leur botte. Pour les croire il faudrait qu’il n’existe que des constats d’échec des autres voies empruntées. Or dans l’UE, la Suède est sans doute le pays qui réussit le mieux jusqu’à présent. Hors de l’UE mais dans l’Espace Economique Européen, la Norvège est riche et prospère. Certains vont arguer qu’ils ont du pétrole, ce n’est pourtant pas la seule raison.
 
Mais alors regardons la Suisse, ou plutôt la Confédération Helvétique, pays enclavé, sans débouchés sur la mer, mais pays riche et prospère. Ce pays de 8 millions d’habitants et de 41.285 km2, 1/16ème de la France est subdivisé en 28 cantons et a quatre langues officielles. Sa subdivision est plus fine que celle de nos départements français. Cela nous fait réfléchir sur la volonté de supprimer les départements pour raison d’efficacité et d’économie chez nous. 

La Suisse est riche car son PIB représente 1/4 de celui de la France et son PIB/habitant est le double du nôtre. Sa croissance en 2013 est prévue à 1,4%, la nôtre sera proche de 0%. Le taux d’emploi en 2011 était de 79,3% en Suisse et de 63,9% en France. Dans l’Indice de Développement Humain (IDH) des Nations-Unies, fondé sur l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation et du niveau de vie, la Suisse est 9ème, la France 20ème. 

Au classement PISA 2009, qui mesure les performances des systèmes éducatifs, la Suisse est 8ème en Mathématiques, 15ème en Sciences, 14ème en lecture. Au même classement la France est respectivement 22ème, 27ème, 22ème. Mais plus significatif encore pour la démocratie, dans le classement 2011-2012 des Reporters sans Frontières la Suisse est 8ème, la France 38ème juste derrière le Salvador. 

Notre grand pays n’a donc pas de quoi se vanter. On peut alors se poser la question du pourquoi de cette différence de réussite. Il est trop facile de botter en touche sous le prétexte que la Suisse est un petit pays qui est riche par ses banques. La Suisse est un petit pays mais qui a une industrie solide dans la chimie, la mécanique de précision, la pharmacie. Quatre caractéristiques nous différencient nettement. La Suisse est une Confédération, elle pratique la démocratie directe et garde sa monnaie et son indépendance.

La Suisse n’a négocié au coup par coup que des accords bilatéraux avec l’Union Européenne sur des sujets ciblés. Ce pays tient à son indépendance et l’assume, c’est là son secret. Le 1er août était la fête Nationale Suisse et le discours de son Président est révélateur. De l’histoire du combat de David contre Goliath, il tirait trois enseignements :

Premièrement : Ce qui est grand nous impressionne.
Deuxièmement : Ce qui est petit n’est pas forcément sans valeur.
Troisièmement : À défaut d’être fort, il faut être différent, si on veut survivre. 

Il montrait que la Suisse ne se laissait pas impressionner, que la petitesse n’empêchait pas de faire de grandes choses et que l’intelligence de la survie pouvait pallier à la faiblesse. Il concluait :

« Nous avons en effet la chance de vivre dans une démocratie directe. En tant que citoyennes et que citoyens, c’est vous qui avez le dernier mot. Engagez-vous pour notre liberté, notre prospérité, notre patrie ! » 

Liberté, Prospérité, Patrie valent donc autant que Liberté, Egalité, Fraternité 

Parce que ces mots renient les idéologies et les objectifs inatteignables 

Pour la recherche d’un bonheur concret et d’une identité ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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