mardi 27 août 2013

Mini-réforme des retraites, moutons à tondre, croissance en berne !

« Ptet ben qu'oui ptet ben qu'non » comme on dit en Normandie quand on veut faire baisser le prix de la vache sur le marché aux bestiaux. « J’y vas-t’y, j’y vas-t’y pas ? », pense le baigneur devant la perspective de rentrer dans l’eau froide.  Pour la blanche Albion c’est « To be or not to be ? ». Traduction politique française : CSG ou cotisation sociale ?

La réforme des Retraites ne se pose qu’en question budgétaire soit 6 à 7 milliards à trouver, les mesures de justice accompagnatrices ne sont là que pour faire passer la pilule. Seulement la difficulté c’est que l’UE et le FMI viennent de demander à la France de faire des économies au lieu d’augmenter les impôts. Patatras ! Après mûre réflexion socialiste, on avait décidé d’augmenter les impôts, non pardon, la Cotisation Sociale Généralisée, merveilleux instrument inventé par Michel Rocard. Elle n’avait rien à voir avec les retraites mais bof le tout est de faire rentrer de l’argent. C’était la bonne solution parce que notre Président avait promis de ne pas toucher ni à la retraite à 62 ans (voire même de la ramener à 60 ans) ni à la durée de cotisation (ou alors bien au-delà de 2022) et n’envisage pas de toucher aux régimes spéciaux et particuliers. 

Un malheur n’arrivant jamais seul, les sondages d’opinion montrent une allergie grandissante à l’impôt même si sur ce point nous sommes vice-champion d’Europe… Un pays primé pour son civisme et l’efficacité de son système de collecte cela devrait se fêter, une fois n’est pas coutume en économie. La CSG a donc du plomb dans l’aile. Il reste l’augmentation des cotisations retraite dont on sait que le patronat ne veut pas entendre parler et que les syndicats salariés prônent comme la solution miracle… si elle est payée par l’employeur. 

Bon on va troquer un peu de prise en compte de la pénibilité pour arracher un brin de cotisation retraite salariale et, devant la bonne volonté des salariés, on va pouvoir en ajouter une bonne couche sur les cotisations patronales. Comme on ne peut pas fâcher tout rouge les patrons en leur collant tout sur le dos, le compte n’y sera pas. Alors l’imagination de nos politiques étant dans ce domaine particulièrement fertile, il faut trouver de nouveaux pigeons à plumer et de nouveaux moutons à tondre. 

Pourquoi choisir des pigeons et des moutons ? Parce qu’ils doivent faire partie de ceux qui ont des difficultés à manifester dans la rue et dans les médias n’ayant pas de représentants réellement organisés. Le premier choix c’est les familles et les retraités. Donc allons-y pour une réduction des prestations familiales, le rabotage d’une niche fiscale des retraités et un blocage, qu’on peut prolonger ad libitum, de la revalorisation du montant de la retraite avec l’inflation. Youpi ! En plus ce n’est pas une augmentation des impôts et taxes ! 

Certains esprits chagrins diront que le problème des retraites n’est pas réglé pour autant, ce à quoi l’on répondra qu’à chaque année suffit sa peine et que dès 2014 la croissance va amener des rentrées supplémentaires. En plus cette réforme aura amené cette justice qui a tant manqué à la réforme précédente. Le tour sera joué en « Hollandie » avec un petit peu par ci, un petit peu par là et un climat social que l’on espère désabusé et courbant l’échine dans une réforme à minima. 

Car en fait la grande échéance c’est le budget 2014 qui s’avère beaucoup plus difficile que prévu d’autant que le budget 2013 ne respectera pas le déficit sur lequel la France s’était engagée. L’hypothèse de croissance de 2013 pas plus que celle encore prévue pour 2014 ne sera tenue de l’aveu même de Moscovici. La croissance mondiale faiblit, celle faible des Etats-Unis ne tient que par une planche à billets qui fournit 6 à 7 dollars pour gagner un dollar de croissance. Le Mexique, l’un de ces principaux clients, vient d’afficher une croissance négative. L’Inde voit s’écrouler ses exportations et sa roupie. La Chine piétine, le Japon régresse et l’Europe n’a qu’une faible croissance ne permettant pas de réduire le chômage. 

La France est désormais considérée comme le problème de l’euro par son inertie et son poids relatif. Pour la première fois, un conseiller du Ministre des Finances allemand et conseiller également d’Angela Merkel, vient de déclarer que l’Allemagne va peut-être devoir abandonner l’euro pour sauver l’Europe. Ballon d’essai avant les élections allemandes ou signal d’avertissement au moment où la Grèce s’apprête à demander une nouvelle aide de 10 milliards ? Probablement un avertissement pour l’intérieur et l’extérieur du pays ! 

Politique de gribouille tant à l’extérieur qu’à l’intérieur,

Manque de courage et de vision à long terme,

 Perte de démocratie et appauvrissement,

Sans réformes structurelles en cours 

La France inquiète l’Europe ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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