mercredi 14 août 2013

Un PIB inattendu est-il signe d’une sortie de crise ?

Le chiffre du PIB du deuxième trimestre vient de tomber et sa variation positive de 0,5% a étonné les observateurs économiques et permet au gouvernement de claironner la justesse de sa politique. Si l’on doit se réjouir de ce bon chiffre doit-on en déduire que la récession est derrière nous ? Doit-on en déduire que c’est la politique gouvernementale qui en est le moteur ? 

La réponse à ces deux questions mérite une analyse plus pointue que l’aubaine saisie par un ministre des finances en difficulté. Qu’est-ce que le PIB ? Ce Produit Intérieur Brut, et sa variation qui donne le taux de croissance, sont des notions dont beaucoup de gens ignorent ce qu’ils représentent exactement. On croit qu’un pays est forcément en bonne santé lorsque son PIB croît mais on ne se pose pas la question sur la façon dont obtient ce chiffre. Alors revenons aux définitions :

« En tant qu'indicateur économique principal de mesure de la production économique réalisée à l’intérieur d'un pays donné, Le PIB vise à quantifier — pour un pays et une année donnés — la valeur totale de la « production de richesse » effectuée par les agents économiques résidents à l’intérieur de ce territoire (ménages, entreprises, administrations publiques). Le PIB reflète donc l’activité économique interne d’un pays et la variation du PIB d’une période à l'autre est censée mesurer son taux de croissance économique. » 

Bon c’est l’objectif, mais allons plus loin sur la méthode de calcul.  Le PIB recense à la fois la production marchande et la production non marchande, composée exclusivement de services. En France, le PIB non marchand est presque exclusivement le fait des administrations publiques (sécurité, justice, santé, enseignement). Donc si les dépenses des administrations publiques augmentent, le PIB augmente… intéressant non ? 

On a donc : PIB = Somme des valeurs ajoutées + TVA + Droits et taxes sur les importations – Subventions sur les produits 

En fait le PIB est calculé et publié sur la formule suivante :
PIB = Consommation + Investissement + variations de stocks + Exportations – Importations 

On constate donc que la consommation non marchande (Administrations publiques) n’est qu’une dépense de l’Etat et que son augmentation, ainsi que celle des stocks et de la TVA, augmente le PIB. Autrement dit des impôts, des dépenses publiques, des stocks qui croissent augmentent le PIB ! Cela n’a rien à voir avec une évolution positive de l’économie. 

Il faut donc être très circonspect vis-à-vis du chiffre du deuxième semestre quand l’INSEE communique que le commerce extérieur a été sans impact sur la croissance (pas d’amélioration) et que, sur les 0,5% de croissance, 0,2% sont dus à la variation de stocks. La croissance des stocks entretient la production mais ne correspond pas à une dynamique réelle du marché. L’investissement est par ailleurs en recul. 

C’est donc la consommation qui a progressé, reste à savoir si c’est la consommation marchande ou non marchande. Il faut aussi savoir si la consommation marchande a été prise ou non sur l’épargne des consommateurs. Enfin il faut noter que le premier trimestre 2011 avait donné une croissance de 1,1% pour retomber à -0,1% le trimestre suivant. La plus grande prudence s’impose donc. 

Par ailleurs cette apparente embellie n’a pas empêché une dégradation de l’emploi dans tous les secteurs. En effet l'Insee a parallèlement annoncé un net repli de l'emploi salarié (-27.800 postes) sur cette même période. Des stocks qui enflent, de l’investissement qui baisse, des emplois qui disparaissent ne donnent pas une perspective très bonne pour l’avenir. Attendons donc les chiffres du troisième trimestre qui seuls peuvent permettre d’envisager un réel progrès. D’ailleurs le Medef n’affiche pas un réel optimisme et on ne voit pas quelles mesures gouvernementales peuvent avoir eu déjà cet effet… (En dehors des impôts !) 

Il n’est pas de pire erreur 

Que de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! 

Mais y-a-t-il d’autre peau à vendre 

Que la nôtre ?

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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