mercredi 17 septembre 2014

Vote de confiance : Théâtre oui mais Tragédie

Ils ont voté la confiance… contre toute attente… dois-je dire que c’était vendu d’avance ? Le Premier Ministre avait chauffé la salle en invoquant l’Europe catastrophique qui plombe notre pays, l’Allemagne qui ne prend pas ses responsabilités, la gravité internationale dans les conflits de l’Ukraine et du Proche-Orient, le lourd handicap laissé par ses prédécesseurs de l’opposition. L’heure était au rassemblement du camp socialiste, il s’agissait d’une œuvre de salut public. On avait enfin la recette miracle et il n’était pas question de bouder son plaisir. Tout était déjà parti ou dans les cartons que l’on n’allait pas tarder à ouvrir. 

Fort de la certitude d’avoir le bon remède, il suffisait de la confiance de l’Assemblée pour faire basculer  l’Europe dans un processus de relance de la croissance en bousculant l’Allemagne, autrement dit en lui demandant de répartir un peu de sa richesse. Valls va aller en Allemagne avec le verbe haut qu’on lui connait : « A quatre pas d’ici je vous le fais savoir ! »… enfin qu’on lui connait en France parce que là-bas le mauvais élève de l’Europe aura moins de superbe face à la bonne élève. Il n’a manqué à ce vote que le symbole d’un vote le 22 septembre, le 1er Vendémiaire jour de la création du calendrier républicain en 1792. Dommage, vu l’accent pathétique du discours, cela aurait eu plus de solennité en Comité de Salut Public républicain. Car le pathétisme a atteint son paroxysme avec l’avilissante abstention des forces socialistes de contestation et des Verts ; tous étaient verts de peur… de perdre leur siège. J’avais l’impression de revoir la fin de la quatrième République avec ce ballet de gouvernements qui se succédaient pour solliciter en permanence la confiance… parce qu’ils ne l’avaient que très peu de temps. 

La force d’une Constitution c’est de résister au temps, c’est vrai pour l’État comme pour l’homme. Une Constitution doit être un ensemble équilibré dont on ne peut toucher les fondements qu’avec circonspection et une analyse profonde des conséquences. On ne bricole pas une Constitution ou alors on la revoit de fond en comble. C’est ce qu’avait fait la Vème République avant que nous ne la bricolions en passant le mandat présidentiel de sept à cinq ans. Nous sommes d’un seul coup passé d’une Constitution où le Président devait affronter deux élections législatives durant son mandat et où il appuyait aussi sa légitimité sur les référendums, à une Présidence qui s’abstient du vote populaire une fois élu d’autant plus que le système électoral lui permet d’avoir la majorité absolue. 

C’est pourquoi la pièce de théâtre qui vient de se jouer sous nos yeux est une tragédie. L’opinion ne laisse que 13% d’appréciations favorables pour le Président qu’elle a élu, et 30% pour le second Premier Ministre de son mandat. Pire près de la moitié des sympathisants de leur camp ne donnent plus leur confiance, ce qui réduit à moins de 15% leur nombre dans l’opinion. Autrement dit la confiance donnée par les sympathisants des autres partis est quasiment nulle. Or le Président n’a aucune obligation de demander un vote populaire ni par dissolution de l’Assemblée, ni par référendum. Le Premier Ministre peut affirmer sans sourciller que le Président de la République et lui-même finiront le mandat. Évidemment ils n’ont rien à craindre, ni des institutions ni du vote populaire. 

Nous nous trouvons donc dans la situation d’un pays qui est dirigé contre son gré, avec une Assemblée Nationale qui ne la représente plus, pour encore plus d’un demi-mandat. Le Premier Ministre ne s’adresse même plus à la France devant l’Assemblée mais à son propre parti qui représente pour lui l’opposition, laquelle ne représente que 5,5% de l’Assemblée et moins de 3% de l’opinion française actuelle. Comme, dans les circonstances difficiles actuelles, le courage manque à celle-ci pour aller devant la consultation nationale d’élections anticipées, nous avons un gouvernement encore tout puissant puisqu’il détient les clefs de l’Assemblée Nationale et du Sénat, la presque totalité des régions et de la majorité des départements même si quelques grandes villes lui ont échappé récemment. 

Par ailleurs ce gouvernement est complètement décrédibilisé et ne peut susciter aucun élan national pour aider au redressement du pays. C’est donc un colosse aux pieds d’argile qui n’a d’ailleurs plus de poids à l’extérieur de nos frontières si ce n’est d’agir servilement avec ses petits poings de guerrier disponible mais incapable de se rendre sur le terrain sans emprunter les moyens de transport aérien, comme les Antonov, d’une nation où ses banques et ses sociétés voient s’abattre nos sanctions. La fin de cette tragique pièce de théâtre du 16 septembre 2014 va se jouer dans un dernier acte qui va commencer à Bruxelles. Les dernières petites mesures de largage d’argent aux petites gens, financées à crédit, vont s’ajouter au reste et y susciter de grands reproches pour finalement nous mettre plus au moins sous tutelle dès le mois d’octobre. Soyez sûrs néanmoins que nos gouvernants en reviendront contents d’avoir été écoutés en entonnant « Le message de la France est bien passé »… Crois san ce que tu veux ! 

Il est de ces séries policières où le coupable ne se dévoile qu’à la fin. 

En France les coupables peuplent quarante ans d’inconscience. 

Comme à l’école ils mériteraient une punition collective 

Car chacun d’entre eux désigne son voisin ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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