samedi 12 mars 2016

Tchernobyl, Fukushima et la peur médiatisée



L’anniversaire de l’accident de Fukushima le 11 mars 2011 produit une floraison d’articles sur les conséquences de la catastrophe au Japon bien sûr mais aussi dans la presse mondiale, française en particulier. La position opaque du Président Hollande et de son ex-compagne prêtent évidemment le flan aux anti-nucléaires notoires qui ont là, par l’agitation de la peur du nucléaire, un excellent moyen de gagner des voix écologiques dans les élections. Le sujet est beaucoup plus porteur que le réchauffement climatique qui génère de plus en plus de scepticisme dans les milieux scientifiques et de ras-le-bol dans l’opinion, vu le matraquage incessant auquel il donne lieu. Alors je me permets de remettre les informations dans leur relative « dangerosité », puisque cet anniversaire est l’occasion de ré-instiller une dose de peur dans l’esprit de nos concitoyens et de justifier les voix écologistes pour les partis verts.

D’abord le fait de parler de la catastrophe de Fukushima, et non du tsunami de Sendai, est déjà une distorsion de l’horrible massacre de population fait par une catastrophe naturelle, le tsunami, déclenché par un tremblement de terre de magnitude exceptionnelle de 8,9, qui a ravagé les côtes du Japon, causant entre 20.000 et 30.000 morts et disparus. L’épicentre était situé à 375 kilomètres de Tokyo, au large des côtes orientales du Japon et à une profondeur de 25 km. La durée de la secousse a été très longue, près de 5 minutes ce qui confirme l’importance du tremblement de terre. Plusieurs répliques ont eu lieu quelques minutes après le premier séisme violent de 8,9. Une première vague de 4 mètres a touché les côtes du Japon. Un autre tsunami a frappé le port de Sendai avec des vagues de près de 10 mètres. Les dégâts économiques ont été considérables et encore loin d’être réparés. C’est cet aspect de la catastrophe, due à cette catastrophe naturelle, qui est la plus importante en vies humaines. Mais de surcroît elle a eu des conséquences graves sur les centrales nucléaires. 

Dans la zone de propagation du tremblement de terre et du tsunami se trouvaient deux centrales, Onagawa et Fukushima. La centrale nucléaire d’Onagawa, la plus proche de l'épicentre du tremblement de terre et soumise à des secousses encore plus violentes, n'a pas subi de dommages majeurs car conçue avec des marges de sécurité suffisantes. Elle a enregistré des secousses sismiques qui ont dépassé sa capacité nominale, et le sous-sol de l'un des bâtiments des réacteurs a été inondé. Mais l'usine a maintenu sa capacité de refroidissement, ses réacteurs se sont arrêtés sans dommages à leurs cœurs ni dommages importants aux systèmes de sécurité. C’est tout-de-même un élément important qui doit rassurer la population et montre la capacité de résistance des centrales aux tremblements de terre, précautions prises aussi en France pour assurer la sécurité des populations.

Alors pourquoi cela ne s’est pas révélé vrai pour Fukushima ? Parce que la vague du tsunami a endommagé et inondé les circuits de refroidissement et les installations de secours, conduisant à une perte totale des alimentations électriques et des moyens de refroidissement principaux durant de longues heures. Les réacteurs sont de la première génération et de type eau bouillante, ce qui explique que bien des améliorations de la sécurité ont été prises par la suite. Il eut fallu une digue plus élevée, mais l’historique des tsunamis ne permettait pas de le prévoir. Maintenant il est prévu des alternateurs et des réserves d’eau à l’abri des inondations, d’installer les « recombineurs » d’hydrogène préconisés par l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique). La perte des trois réacteurs n’aurait alors pas eu lieu. L’accident est un accident de refroidissement, en grande partie dû aux conditions extrêmes, il n’y pas eu d’explosion nucléaire. Les conditions d’intervention furent dramatiques. Villes et villages de la côte avaient été dévastées par le tsunami, les routes étaient impraticables et les premières interventions ont dû se faire dans le noir avec des hommes aussi à la recherche de leurs proches.

Les cœurs des trois réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima-Daiichi sont donc restés de longues heures sans apport d’eau. La surchauffe à 1200° du zirconium des gaines de combustible a créé une émission d’hydrogène dont la pression a fini par faire exploser le toit des réacteurs 1 et 3 et interrompu l’arrosage du réacteur 2 pour le refroidir. C’est son explosion tardive le 15 mars qui a été à l’origine de la contamination de l’environnement. Elle a toutefois laissé le temps de mettre à l’abri la population la plus menacée. Le bilan humain est sans comparaison avec celui du tsunami de Sendai, mais le stress de l’évacuation a fait de nombreuses victimes, et la contamination a pollué les sols pour longtemps. Toutefois les organismes de sûreté nucléaire, japonais, et mondiaux estiment que, tout bilan fait, très peu de gens ont dépassé la dose de radioactivité de 25mSv.

C’est là qu’on lit toutes les âneries possibles. On lit que les autorités ont invité les gens à retourner dans des zones contaminées… soi-disant au mépris de leur santé. Il faut savoir que les autorités ont décontaminé suffisamment ces zones pour les rendre habitables selon les normes internationales et que les habitants sont porteurs de dosimètres permettant de les suivre individuellement... par précaution. On lit que des employés auraient reçu des doses de 50mSv ou plus et que de nombreux décès seraient survenus peu de temps après. Il faut savoir que la dose dite mortelle à 100% est de 10Sv donc 200 fois plus, et qu’un travailleur du nucléaire qui aurait pris cette dose de 50mSv est tout simplement « mis au vert », il n’approche plus les zones radioactives… par précaution.

En effet une autre contre-vérité est la façon de parler du seuil de l’inacceptable en matière de dose, soit au-dessus de 1mSv pour le public (la dose annuelle reçue par la radioactivité naturelle est aussi de 1mSv) et 20mSv par an pour les travailleurs du nucléaire. Un dépassement de ces valeurs doit de toutes façons être accepté s’il arrive, c’est un fait. Il l’est d’ailleurs pour un scanner qui donne une dose de 9mSv. Le seuil définit la limite en deçà de laquelle on est sûr qu’il n’y a aucun risque pour la santé, ce qui ne veut pas dire que dès que l’on franchit le seuil, on est dans une zone de mort probable. La marge a été prise très grande comme pour les ascenseurs qui ne tombent pas s’ils ont plus de personnes ou de poids que la limite autorisée. 

Bien que l’accident nucléaire de Fukushima ait été classé au niveau le plus élevé 7 de l’échelle internationale, ses conséquences sont nettement plus faibles que celui de Tchernobyl par la quantité de radioactivité disséminée et la superficie d’épandage, on ne parle plus de 10.000 km2 mais de 100.000. Les travaux de mise en sécurité pour l’environnement seront terminés en 2017 mais les populations peuvent progressivement retourner et des zones de pêche sont ré-ouvertes. Les réacteurs endommagés sont refroidis en permanence et les eaux traitées. Une barrière de 1400m de long va plonger à 27 m de profondeur en aval des réacteurs pour piéger le restant des eaux contaminées. Toutes les matières radioactives entreposées sur le site ont été stockées en lieu sûr. Il faudra de nombreuses années pour évacuer les cœurs des réacteurs mais, contrairement à Tchernobyl, cette opération est prévue.

Le gouvernement japonais estime contrôler suffisamment la situation et avoir tiré suffisamment d’enseignements de cet accident pour redémarrer progressivement tous les réacteurs sauf ceux de Fukushima. Seul le nucléaire peut assurer l’indépendance énergétique du Japon. Sauf à estimer que les scientifiques japonais sont des ignares et les politiques des assassins, il faut arrêter de manier en permanence le spectre de la peur. Plus de 400 réacteurs fonctionnent dans le monde et en France le premier réacteur expérimental date de 1958 sans que nous ayons eu un accident nucléaire dépassant le niveau 2. Un incident nucléaire, nommé ainsi parce qu’il n’a aucun impact sur l’environnement, devient accident à partir du niveau 3. Sachez qu’un simple manquement à une procédure d’exploitation est classée niveau 1. A force de dénigrer le nucléaire, nous nous discréditons. Nous nous sommes faits dépasser alors que nous étions en tête de cette énergie et la bisbille AREVA-EDF fait des ravages financiers et techniques. La peur est mauvaise conseillère mais elle est l’argument qui impressionne les foules parce que l’explication raisonnable est beaucoup plus difficile dans ce type d’industrie qu’ailleurs. La radioactivité, ça ne se voit pas et c’est très compliqué. Mais l’industrie nucléaire reste plus sûre que l’industrie chimique. 

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage.

Quand on se permet de promouvoir des énergies 

 A coup de subventions, on gruge le citoyen.

Comme l’allemand, le français le paiera 

Sur sa facture d’électricité ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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