jeudi 5 novembre 2015

L’or sera l'arbitre entre les deux mondes unipolaire et multipolaire



L’évènement majeur des conflits au Moyen-Orient reste la réunion à Vienne du 30 octobre pour laquelle les médias français n’ont pas fait la une de leurs éditoriaux. Pourtant la diplomatie russe y a marqué un point capital. Le gouvernement syrien reste en place. La France est mise dans l’obligation de l’accepter. C’est donc entre la Russie et les USA que se joue la partie au Moyen-Orient. La Russie n’abandonnera pas la Syrie et les USA n’abandonnent pas l’idée du redécoupage du Moyen-Orient auquel tient Israël avec un Etat kurde au Nord-est de la Syrie. Si on joue une partie serrée dans cette région du monde, la menace d’un affrontement direct s’éloigne après cette réunion où les deux antagonistes se parlent pour régler cette affaire entre eux même si chacun se prépare à la guerre. Même la possible « bavure » d’un avion israélien sur l’avion civil russe en Egypte au cours des manœuvres aériennes « Blue Flag 2015 » dans cette région ne soulève ni commentaires ni protestations russes à la hauteur de l’évènement qui ne peut se traiter que dans le secret.

La vraie bataille se livre ailleurs dans le domaine monétaire, domaine qui gère tous les autres, financier, économique et militaire. C’est le système financier mondial qui est le terrain d’affrontement entre d’une part le monde unipolaire, géré par les USA et leur dollar, et d’autre part le monde multipolaire des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Les USA, grâce au dollar, tirent profit de la mondialisation mais le système financier devient incontrôlable. L’argent papier, grâce au Quantitative Easing (QE: Planche à billets), se déverse sans discontinuer par les Banques Centrales et alimente principalement la spéculation. C’est un circuit fermé non productif qui lâche peu sur l’économie mondiale dont la croissance naturelle est bien inférieure aux dépenses des Etats. Il suffit de regarder les Etats-Unis. Il n’y a pas eu un seul excédent budgétaire réel aux États-Unis depuis le début des années 1960. Il s’ensuit un endettement croissant et de plus en plus rapide de l’ensemble des pays soumis au dollar papier directement ou indirectement comme l’euro. N’ayant pour but que le soutien des marchés, la Fed et les banques centrales réagissent sur le court terme mais n’ont aucune vision à long terme permettant d’arrêter la spirale infernale du déversement de liquidités et de l’endettement. 

C’est pourquoi Egon Von Greyerz, l’homme qui est devenu une légende pour ses anticipations de Quantitative Easing (Planche à billets), dans les fluctuations des devises et sur des événements mondiaux majeurs, alerte sur le fait que les gens doivent se préparer à la destruction totale du système financier actuel. Il est difficile d’imaginer que les investisseurs du monde entier continuent longtemps à croire dans un système où les milliers de milliards de dollars de papier sans aucune valeur, imprimés par les banques centrales, ne peuvent pas créer de richesse. Ces QE des banques centrales américaines, britanniques, européennes, japonaises, chinoises nous conduiront tout simplement à une implosion totale du système financier et à de multiples défaillances systémiques. A cause des QE les marchés financiers sont littéralement surévalués. Ils le sont parce que le monde a augmenté la dette totale de 50% à savoir d’environ 70.000 milliards de dollars depuis 2007.

C’est ce dont les BRICS ont pris conscience et œuvrent à trouver une parade. Ils ont compris que malgré tous ces efforts pour soutenir les marchés, le Dow Jones a perdu les 2/3 de sa valeur depuis les années 1999-2000 et que le billet vert ne cesse de perdre de la valeur. A contrario le costume d’un homme qui avait un niveau de vie décent il y a 2000 ans coûtait une once d’or, tout comme aujourd’hui. Ce dernier représente donc un pouvoir d’achat stable. Les BRICS ont compris qu’une monnaie de réserve ne peut s’asseoir indéfiniment sur une dette croissant sans limite et ils préparent l’arrivée d’une nouvelle monnaie de réserve, le renminbi (yuan chinois). Les transactions entre eux s’amplifient dans cette monnaie. Mais on observe parallèlement un accroissement des achats d’or car l’avilissement inexorable des monnaies de papier conduira implacablement à l’appréciation continue de l’or et cela d’autant plus vite que la demande de ce métal dépasse l’offre. 

Sur les dix premiers mois de l’année 2015, la Chine a acheté plus de 2.100 tonnes d’or. Cela indique une acquisition probable de 2.500 tonnes d’or par la Chine pour l’ensemble de l’année 2015. L’Inde est susceptible d’acheter environ 1.000 tonnes cette année. Cela fait un total de 3500 tonnes pour ces deux pays seulement et il y a beaucoup d’autres pays qui accroissent leurs avoirs aussi. Or la production mondiale d’or n’est que de 2.500 tonnes ! Cette rafle de l’or existant aurait déjà dû faire exploser le prix de l’or selon la loi de l’offre et de la demande. S’il n’en est rien c’est que le prix de l’or est manipulé et n’est pas défini sur la base du marché physique mais décidé quotidiennement à Londres par 3 banquiers (HBSC, Citibank et JP Morgan) à l’issue de conversations téléphoniques privées. Il est bridé par un marché papier manipulé par les Banques Centrales et la BRI (Banque des règlements internationaux) et c’est ce système qui détermine le prix de l’or. Goldchartsrus a estimé que les échanges journaliers d’or papier sont d’environ 8000 tonnes. La production d’or quotidienne est de 10,5 tonnes. Si leur chiffre sur le volume de négoce d’or papier au quotidien est exact, il est presque 800 fois supérieur à la production physique quotidienne d’or. Autant dire que si un grand nombre de détenteurs d’or papier réclament leur or physique, ils ne seront pas tous servis et alors le prix de l’or explosera. 

L’or est l’adversaire des monnaies qui reposent sur de la dette, et particulièrement du dollar américain. L’or doit être faible pour éviter une perte de confiance dans le dollar. Il est donc fondamental de comprendre que l’action des BRICS, Chine en tête, pour introduire le renminbi comme monnaie de réserve va s’accompagner d’un lien avec l’or. D’une part le yuan retrouvera un équivalent physique et réduira à quasiment zéro la valeur de la monnaie papier dollar. D’autre part les dettes souveraines futures ne pourront plus s’alimenter de l’impression sans limite de monnaie. Le président chinois Xi Jinping s’est rendu en Grande Bretagne afin de faire de Londres l’un des principaux centres d’affaires pour le renminbi (RMB), la monnaie chinoise. En mars, la France avait ignoré l’appel de Washington de ne pas rejoindre la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB). Celle-ci doit financer un énorme projet OBOR "One Belt, One Road), à la hauteur de 1.400 milliards de dollars pour financer l’infrastructure routière et ferroviaire permettant un transport terrestre rapide entre de la Chine et les marchés européens en passant par la Russie et l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’Europe de l’est.

C’est une guerre frontale que se livre les deux mondes et il en va de la survie du règne américain. Le vainqueur n’est pas connu même si les USA sont désormais sur la défensive. Le Nouvel Ordre Mondial dispose d’armes redoutables et la politique américaine du chaos va continuer jusqu’en Russie et en Chine. C’est par le pourrissement intérieur que celle-ci compte bien mettre ses adversaires à genoux, car sinon la bataille monétaire risquerait fort d’être perdue et l’hégémonie américaine aussi. 

La guerre totale est désormais engagée sur tous les fronts

Avec Chine-USA sur le plan monétaire et économique, 

Russie-USA sur le plan militaire et diplomatique.

L’enjeu c’est l’Europe de consommation, 

L’Afrique des ressources minières,

Le Moyen-Orient du pétrole ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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