mercredi 19 octobre 2016

Allons continuer à payer pour des mirages ? (2ème partie)



Parlons des Charges de Service Public d’Électricité (CSPE) devenue la Taxe Intérieure sur la Consommation Finale d’Électricité (TICFE) depuis le 1er janvier 2016. Cette taxe figure en clair sur notre facture d’électricité et est en augmentation de 11% depuis 2015 pour atteindre 21,6 /MWh en 2016. Cette augmentation se poursuivra sur 2017 avec une augmentation de 19,7% portant la TICFE à 25,9 /MWh pour un montant total de 5,65 Mds soit une augmentation de 88% depuis 2014 ! En 2016 la part due aux énergies renouvelables était de 67,6%. La part des énergies renouvelables dans les charges de service public de l’énergie passe la barre des 70% du total en 2017. Le surcoût du tarif d’achat éolien (90,2€/MWh contre 90€/MWh en 2016) est estimé à 1,5 Milliard d’euros, celui du photovoltaïque à 2,8 Milliards d’euros, avec un tarif d’achat moyen qui passe à 356,9 €/MWh, (contre 348,6 €/MWh en 2016). Cette augmentation peut surprendre en regard des annonces de la baisse régulière annoncée des coûts de cette filière.

Le surcoût engendré par la production d’électricité verte, notamment éolienne et solaire, est en principe relativement bien connue, EDF étant autorisée à le répercuter sur ses clients et à en faire apparaître le montant au dos des factures envoyées aux clients. Mais ce n’est pas vraiment le cas, le gouvernement français, comme son homologue espagnol, reculant d’année en année la prise en compte intégrale de ce surcoût douloureux. Les données de la CSPE qui étaient pour 2014 de 3 milliards d’euros augmentent très rapidement avec la mise en fonction de nouvelles méga-centrales, principalement éoliennes (et prochainement offshore). On peut s’attendre au moins à une taxe de 35 /MWh en 2020 pour un montant total de 7,56 Mds. Vu l’accélération entre 2016 et 2017 on peut sans doute s’attendre à pire. La part de cette taxe à imputer aux EnR, énergies intermittentes aléatoires dites renouvelables, est de 70% en 2017 soit une augmentation de 3,96 /MWh en 2017 et 5,29 /MWh en 2020. 

Pour information, la France est le 1er exportateur mondial d’électricité avec un solde export net de 63,4TWh sur ces 12 derniers mois. (source douanes françaises). La priorité de l’électricité exportée est donnée à celle issue des EnR. Elle a exporté cette électricité au prix moyen de 33€/MWh soit déjà en-dessous des coûts moyen de production situés entre 42 et 50 /MWh mais très en-dessous des 90 /MWh des éoliennes terrestres. Autrement dit on vend à perte la surproduction générée par les éoliennes. Si l’on a vendu la totalité de la surproduction annuelle de 63,4 TWh comme énergie éolienne, la perte a été de 3,6 milliards d’euros. La gabegie sera encore plus énorme avec la vente de l’énergie produite par les éoliennes marines dont le coût est entre 200 et 220 /MWh ! Plus on exporte plus on perd de l’argent, et on se demande pourquoi EDF est en difficulté. On voit qu’en 2017, la TICFE ne compense pas le coût de production des éoliennes, si on l’ajoute au coût moyen toutes énergies soit 42 à 50 /MWh + (25,9 /MWh x 0 ,7) d’où 60,6 à 68,6 /MWh pour un coût éolien de 90,2 /MWh. On est bien loin des promesses au-delà de 2015 où les producteurs éoliens devaient générer une rente pour la collectivité, c’est devenu une charge qui va s’accroître d’année en année pour elle. C’est pour cette raison que le prix de l’électricité allemande est le double du prix français et nous y allons progressivement.

Mais on n’en a pas fini avec les dépenses, il faut encourager les économies d’énergie pour un coût annuel de 0,75 Mds. Le concept derrière des Certificats d’Économie d’Énergie est de contraindre les vendeurs d’énergie à encourager leurs clients à réduire leur consommation. Le jeu consiste donc pour les entreprises à accumuler assez de « certificats d’économie d’énergie », des sortes de bons points, pour ne pas avoir à payer d’amendes ou pour  monnayer leurs CEE auprès d’entreprises moins « vertueuses ».  Peu à peu, les fournisseurs de toutes les sortes d’énergie sont soumis à cette contrainte : électricité, gaz, carburants donc EDF, GDF Suez, Total, Carrefour, Leclerc, Auchan …  De leur côté les particuliers ou les collectivités locales qui réalisent des travaux d’économie d’énergie gagnent aussi des bons points qu’ils peuvent revendre aux entreprises qui ont besoin de ces certificats. Une usine à gaz et un trafic entre entreprises sont ainsi mis en place, qui ont nécessité la mise en place d’une administration complexe responsable de la tenue à jour du fichier des intéressés, de vérifier que les travaux sont effectifs et de leur attribuer les certificats correspondants. Tout cela est payé finalement par la collectivité. 

Pour cette transition énergétique de lutte contre le carbone, il faut ajouter 3 Mds pour les règlementations concernant les véhicules neufs entraînent des surcoûts évalués à mille euros en moyenne par véhicule privé. La subvention à l’achat d’un véhicule électrique (6.000 à 10.000 euros + aide de 1.000 à 2.000 euros dans certaines régions) est proche du prix d’un petit véhicule classique neuf mais le coût total pour l’État reste limité vu la faiblesse des ventes. Les surcoûts concernent aussi les transports publics, la ville de Paris estime par exemple que chaque nouvel autobus hybride puis électrique coûtera au moins 500.000 euros  soit entre 40 à 100% plus cher que les classiques diesels.

S’ajoutent aussi 5 Mds de surcoût construction et rénovation. De même qu’est ancré dans l’esprit français que l’argent est utile au pauvre et sale entre les mains des riches, il est entré dans les esprits qu’il faut consommer moins d’électricité. Ce qui est tout-de-même curieux quand par ailleurs on défend l’idée de l’électricité inépuisable et gratuite dans les EnR grâce à Dame Nature, soleil et vent. La notion économique est totalement absente de ce raisonnement. Il faut, carbone oblige. Heureusement que la bougie se consume en émettant du carbone sinon nous y serions revenus. Si la notion de gaspillage, d’électricité consommée en pure perte sans autre bénéfice est une règle de bon sens, elle devient beaucop moins évidente si l’on parle des réverbères municipaux qui donnent un confort visuel et une meilleure sécurité pour les déplacements et contre les agressions. 

Les règlementations thermiques, dont la RT2012, imposent des normes pour toutes les constructions neuves, provoquant une augmentation des coûts de 8%. Pour les seuls 340.000 nouveaux logements annuels, le surcoût est estimé par l’IFRAP à 6 milliards d‘euros (9 milliards si les 500.000 logements prévus sont effectivement réalisés); 2 milliards pour les bâtiments publics et professionnels. En parallèle, des plans de rénovation des bâtiments existants sont mis en œuvre pour un coût moyen de 40.000 euros par logement réellement mis au niveau des nouvelles normes. Pour 200.000 logements, le montant est donc de 8 milliards d’euros. Des travaux similaires sont prévus dans les bâtiments publics et professionnels. Ces travaux sont utiles mais les promesses d’amortissement sur une vingtaine d’années  grâce aux économies d’énergie sont très rarement tenues, notamment dans les immeubles collectifs.  C’est d’ailleurs pourquoi toute une série de subventions est nécessaire pour motiver des intéressés réticents à réaliser ces travaux, que la chute du prix du pétrole et du gaz rend encore moins attractifs. L’IFRAP estime que le tiers de ces coûts correspond à des dépenses non justifiées économiquement.

Arrêtons-nous provisoirement avant de parler de tous les coûts répartis tous azimuts dont la somme finit par poser la question du « Est-ce bien raisonnable ? ». C’est cette question sur laquelle se finira cette série d’articles dans sa troisième et dernière partie. 

La transition énergétique s’impose non comme une nécessité

Mais comme un dogme, une idéologie qui balaie toujours 

Toute réflexion économique et même souvent

Bafoue le simple bon sens… Alors le coût 

Vaut-il vraiment la chandelle ? 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon