lundi 8 décembre 2014

Défiance à l’intérieur, duplicité à l’extérieur ?

Deux évènements sont assez symptomatiques de l’état actuel de la France à l’intérieur de ses frontières, les États-Généraux du PS à la porte de la Villette et l’élection législative de l’Aube. Dans le premier cas, l’affluence n’était pas au rendez-vous puisque seulement un tiers des 1500 invités étaient présents, laissant de nombreuses chaises vides. Les absents ne regretteront pas les banalités sur l’écologie et l’égalité des droits, ni même l’affirmation de Manuel Vals sur sa certitude de rester en poste jusqu’à la fin du mandat. S’autoproclamer inamovible relève plutôt de la méthode Coué tant l’ampleur de la défaite socialiste aux prochaines élections interviendra dans la décision du Président Hollande. 

Mais cette descente d’opinion favorable au sein même du parti ne fait que suivre la perte de votants pour ce parti mis en évidence par les sondages et corroboré par le vote aux législatives partielles de l’Aube. Le candidat socialiste ne fait guère plus que la moitié du score du candidat FN. Avec 14% de votants la preuve est faite que le parti socialiste a perdu la moitié de son électorat. Sondages et expression populaire se rejoignent. C'est la quatrième défaite depuis la vague rose.  Avant l'Aube, le Parti socialiste a été lessivé dans l'Oise, évincé du Lot-et-Garonne et carrément marginalisé dans le Nord. 

On note au passage que le MRG ne totalise pas plus que dans élections précédentes avec 7% et que les écologistes n’atteignent pas les 5%. L’un ne profite pas de son opposition au gouvernement et l’autre commence à lasser avec ses empêchements incessants dans la vie économique du pays. Malgré cette déroute de la gauche, le duo UMP/UDI ne profite pas de l’occasion. Celle-ci ne profite qu’au FN. L’effet balancier droite gauche ne fonctionne plus, un coup toi, un coup moi… depuis quarante ans. Nous entrons dans un tripartisme où la gauche jouera l’anti FN la plupart du temps en ne récoltant que les miettes et il n’est même plus sûr que le Front républicain fonctionne. 

Mais un autre résultat de cette élection est tout aussi intéressant, c’est le taux d’abstention à 76%. Ceci reflète la désaffection pour le monde politique et en particulier pour ceux qui ont gouverné depuis quarante ans. La défiance a envahi le pays et elle risque de durer jusqu’en 2017 au moins. Si l’on en revient aux États-Généraux du PS, on constate aussi que les réunions sur des lieux publics doivent se dérouler sous haute surveillance policière. « PS, Medef, même combat ! » C’est sous les huées et protégés par un cordon de CRS les séparant de manifestants précaires et chômeurs, que les délégués du parti socialiste ont quitté leurs états généraux, ce samedi à Paris. Le parti socialiste devient stigmatisé comme le parti des « bobos ». 

Si la défiance des français contre les politiques alternativement au pouvoir ne cesse de croître, celle des étrangers en fait autant. Notre politique extérieure est de plus en plus reçue comme une politique de duplicité. Il n’est pas jusqu’au dernier voyage dans l’ex-URSS de François Hollande qui pousse à des interrogations sur notre sincérité dans nos interventions internationales. Le Kazakhstan est un grand pays, très influent auprès des ex-républiques de l’URSS et nous avons noué des accords commerciaux dont le plus important est l’extraction de l’uranium naturel dans lequel nous participons. Ceci étant, ce pays est  bien géré mais sous une main ferme, pour ne pas dire dictatoriale. Le respect des Droits de l’Homme n’est pas sa priorité et il fait de l’homosexualité un délit. 

Ce point est intéressant parce que c’est la raison pour laquelle François Hollande n’a pas voulu se rendre à Sotchi pour les jeux olympiques d’hiver malgré l’invitation de Poutine. Voilà donc notre Président qui classe Poutine, dans un pays à démocratie certes imparfaite, dans les parias et vient rencontrer un dictateur qui a la même position sur un point considéré comme capital. Le voyage au Kazakhstan est donc pour le moins très discourtois vis-à-vis de la Russie. Il eut été sage de laisser les entreprises mener leur jeu international sans que l’État s’en mêle. 

La visite d’une heure rendue à Poutine samedi 6 décembre dans le plus grand secret des préparatifs et la mise-au-courant une heure avant d’Angela Merkel laisse place à de nombreuses interrogations. Ce cavalier seul dans une affaire qui concerne l’UE et les États-Unis pour le moins, sans être missionné par l’Europe, n‘est pas de bon augure dans une politique étrangère européenne concertée. Cette visite non réellement préparée par le duo franco-allemand mettrait la France dans une fâcheuse position si elle n’avait pas recueilli l’aval des USA, lesquels s’affichent en permanence à Kiev après soufflé sur les braises lors de l’émeute de la Place Maïdan. Il est illusoire de penser que la France puisse faire retomber la tension entre la Russie et les alliés occidentaux et que Poutine accepte longtemps le retard de livraison du Mistral sans réagir. Les navires militaires américains sont en Mer Noire comme ceux des russes. Les troupes russes sont aux frontières le doigt sur la gâchette et les missiles américains prêts à partir dans les États Baltes. Poutine ne souhaite pas la guerre mais ne peut reculer. Alors en mission commandée par les USA ? Pied de nez à l’UE ? Sans doute les deux. 

Défiance et duplicité, deux attitudes d’une France inconsistante, 

Fumées qui ne se dissiperont pas dans les nouvelles largesses… 

Pour la fiscalité des « cigarettiers » ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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