jeudi 18 mai 2017

L’important aujourd’hui ? Guerre ou paix !

Une nouvelle équipe ministérielle vient d’être nommée. Je laisse un certain nombre de mes concitoyens s’exciter sur les choix faits. Au risque d’en décevoir certains, je trouve que beaucoup de postes sont attribués à des personnes ayant compétence pour y travailler de façon efficace, si on excepte certains cas comme Nicolas Hulot dont l’action méritera de voir si elle dépassera de beaucoup le mois qui nous sépare de l’après-législatives. Je note cependant que Sylvie Goulard qui était la troisième personne choisie par l’OTAN pour devenir Premier Ministre vient d’être nommée Ministre des Armées. L’oligarchie mondiale a placé sa dernière carte car son bras ne peut mettre l’UE en dépendance que par des liens économiques forts, comme le TAFTA, et une présence militaire sur le terrain. Le changement du Ministère de la Défense en Ministère des Armées n’est pas que de nature sémantique. On a noté l’engagement ferme de Macron dans la guerre au Moyen-Orient et il n’a pas parlé d’adoucir les relations avec la Russie. Mme Goulard n’est pas la plus compétente sur ce ministère. Son domaine, c’est l’Europe. Elle est députée européenne et elle a été le bras droit de Romano Prodi, ancien président de la Commission Européenne. Au jeu des chaises musicales, on aura compris qu’il fallait donner l’Europe à Marielle de Sarnez ; le prix de la trahison de François Bayrou.

Avec le trio Goulard, Le Driant, Sarnez, on voit combien l’enracinement à l’UE et à l’OTAN est renforcé dans la droite ligne de la mission confiée à Macron par l’oligarchie financière étasunienne et son bras armé, l’OTAN. Bref, la France selon Macron sera de plus en plus diluée, dissoute dans l’UE et la mondialisation, faisant l’apologie de la France multiculturelle, préférant défendre la LGBT plutôt que la famille pour ouvrir ses portes à une immigration invitée à la juxtaposition et non à l’assimilation. Mais l’aspect le plus inquiétant est ce sentiment de voir la France s’engager toujours plus avant dans des conflits extérieurs dont les motivations cachées ne sont ni celles officiellement annoncées, ni dans l’intérêt de notre pays. Ce nouveau Ministère des Armées redonne une tonalité offensive au nom de Ministère de la Défense utilisé depuis quarante ans. Après une politique de sanctuarisation de notre territoire grâce à la stratégie de la dissuasion nucléaire, nous allons vers une politique de plus en plus interventionniste en dehors de nos frontières. 

La menace du terrorisme islamique est-elle jugulée par notre intervention en Irak et en Syrie, la Libye est-elle pacifiée, le Mali a-t-il résolu la demande d’indépendance du peuple berbère que vient soutenir le terrorisme islamique ? La réponse est non. Nous avons au contraire les meilleurs raisons de penser que nos interventions en terre d’Islam ne font qu’attiser la haine et donner des raisons d’être à un terrorisme qui porte la guerre sur notre territoire. La France est en guerre disait Valls en parlant du terrorisme, comme Mitterrand l’a dit à propos des Etats-Unis. Ces derniers ont toujours les forces de l’ombre, CIA, NSA et leurs commanditaires de l’oligarchie financière ainsi qu’un complexe militaro-industriel, qui souhaitent la guerre partout hors de leur sol. La certaine volonté de retrait de l’interventionnisme de Donald Trump est violemment combattue. Son idée de rapprochement plus cordial avec la Russie lance une campagne médiatique sans précédent où on veut le faire passer pour un traître. Hillary Clinton crée un parti dont la traduction du nom donne « En avant ensemble » (ça ne vous rappelle rien ?) dont le but est tout simplement la destitution du Président. Jamais on n’avait vu un tel déchaînement médiatique contre un Président des États-Unis. Le clan des faucons ne désarme pas. 

Mais on note que Sylvie Goulard, nouvelle ministre des Armées, avait applaudi des deux mains les sanctions contre la Russie. Cette « eurolâtre » forcenée au sein de l’UE, accompagnée d’une autre européiste, Marielle de Sarnez, va continuer de plus belle la politique d’alignement sur l’OTAN aux ordres de l’Allemagne et des États-Unis. En préparation de la visite du président Donald Trump en Europe le 24 mai à Rome, le 25 au Sommet de l’OTAN de Bruxelles, les 26-27 au G7 de Taormina, le Pentagone a présenté son plan stratégique pour le « théâtre européen ». Il l’a fait par la voix du général Curtis Scaparrotti qui, étant à la tête du Commandement européen des États-Unis, est automatiquement à la tête de l’OTAN avec la charge de Commandant suprême allié en Europe. Au Sénat des États-Unis, le 2 mai, le général rappelle que « le théâtre européen reste d’une importance cruciale pour nos intérêts nationaux » et que « l’OTAN nous donne un avantage unique sur nos adversaires ». Cet avantage se trouve cependant à présent mis en danger par « une Russie résurgente, qui essaie de miner l’ordre international sous conduite occidentale et de se réaffirmer comme puissance mondiale ». 

Tout est dit dans ce discours. L’hégémonie américaine ne peut supporter que la Russie tente de redevenir une puissance mondiale. Cela suffit donc pour discréditer un pays, le fait qu’il veuille exister au point de ne plus vouloir subir la férule américaine. L’URSS a accepté de se dissoudre pour se contenter du territoire russe en échange de la non intervention de l’Europe occidentale et de l’OTAN sur ses anciens satellites de l’Europe de l’Est. Depuis l’UE n’a pas cessé de s’étendre vers l’Est et de capter ces pays en violation de l’accord signé. Dans ce discours il est aussi clair que l’OTAN parle des intérêts nationaux en intégrant implicitement les nôtres avec ceux des États-Unis, dans une puissance militaire qu’ils dirigent. Autrement dit nous sommes dans l’obligation de nous conformer aux intérêts nationaux américains. Mais dans ce discours on voit aussi que l’OTAN se prépare désormais à une attitude agressive. Elle se vante par ailleurs de se doter des moyens nécessaires pour exercer une première frappe nucléaire en limitant la frappe russe en retour par un délai de détection de cette frappe beaucoup plus long (1/2h) que celui à disposition de la Russie (1/4h). 

Cette attitude agressive et de mainmise sur l’UE se confirme dans les intentions et actes à venir. En réponse à ces défis, annonce Scaparrotti, le Commandement européen des États-Unis « est en train de revenir à son rôle historique de combat, en adaptant ses plans aux menaces que nous avons face à nous ». Il demande donc au Congrès d’augmenter les fonds pour la « European Reassurance Initiative », l’opération lancée par les USA en 2014 officiellement pour « rassurer » les alliés OTAN et partenaires européens, pour laquelle 3,4 milliards de dollars ont été attribués en 2017. « De significatifs investissements sont nécessaires —souligne le général— pour augmenter dans toute l’Europe notre présence avancée, le pré-positionnement de matériels militaires, les exercices pour la préparation aux conflits ». Le plan est clair et il est déjà en acte : transformer l’Europe en première ligne de la confrontation avec la Russie. C’est ce que confirme l’annonce, faite le 4 mai, que l’Armée US en Europe a constitué un nouveau quartier général à Poznan, en Pologne, pour commander les plus de 6 000 GI’s basés en Pologne, Estonie, Lettonie, Lituanie, Allemagne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie et Bulgarie, dans le but de « renforcer le flanc oriental de l’Otan comme dissuasion envers la Russie ». 

Voilà ce qui se prépare et où nous sommes conviés à participer. Au déploiement sur le flanc oriental, comprenant forces blindées, chasseurs-bombardiers, navires de guerre et unités de missiles y compris nucléaires, participent les puissances européennes de l’OTAN, comme le démontre l’envoi de 400 soldats des troupes françaises, et de chars d’assaut britanniques en Estonie. Mais les troupes en Lituanie et Estonie manœuvrent de façon voyante et provocatrice à la frontière russe. Les États-Unis sont très présents en Ukraine auprès de Porochenko et la Géorgie est dans la ligne de mire de l’intégration à l’UE et de l’OTAN. Tous ces pays sont frontaliers de la Russie. Nous sommes donc en première ligne d’un déclenchement de guerre mondiale qui peut naître à tout moment si la Russie se sent menacée dans son existence même. Mais la « menace » ne provient pas que de la Russie : les États-Unis, déclare l’amiral Harris, chef du Commandement Pacifique, sont défiés dans cette région simultanément par « une Chine agressive et une Russie revancharde ». En fait les États-Unis sont prêts à faire la guerre pour sauver leur hégémonie face à l’Eurasie et veulent y entraîner la partie occidentale… dont nous faisons partie. L’avant-dernière fois que nous avons eu un Ministère des Armées c’était en… 1938. 

Jamais la France n’a autant eu besoin de son indépendance. 

Jamais la France n’a été aussi prête à la perdre 

Pour la livrer aux puissances de l’argent 

Pour lesquelles la chair humaine 

Est aussi de la chair à canons !


Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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