mercredi 5 août 2015

Obama : roublardise et communication géopolitique sur le climat

Bien que je n’aies aucune sympathie particulière pour Obama qui a continué la politique hégémonique des USA et les frappes militaires en en ajoutant d’autres, je dois tirer mon chapeau à l’annonce faite « urbi et orbi » sur sa lutte pour le climat. Quand on parle de climat, on ne parle que réchauffement et de CO2. Le réchauffement doit être limité à 2 degrés impérativement sinon les plus grandes catastrophes nous sont promises, et l’homme est son propre destructeur en polluant la planète d’un surplus de CO2. Ne me demandez pas par rapport à quoi nous sommes en surplus car l’histoire de la planète a traversé des périodes où le taux de CO2 était bien plus élevé qu’aujourd’hui. Les politiques savent eux qu’il est trop haut et que nous en sommes responsables. Ils nous disent même que les efforts prévus ne suffiront pas et qu’il faut en faire encore plus. C’est la doxa et nul n’est autorisé à la remettre en cause sous peine d’être traité d’ignare et d’irresponsable.

Les politiques français et les médias se déchaînent en nous remontrant l’ours dérivant sur son glaçon ou des images anciennes de fonte des glaces aux pôles alors que les calottes glaciaires se sont reformées depuis. Il suffit d’aller le vérifier sur les sites scientifiques spécialisés et les vues satellitaires. Nos glaciers fondent, oui je l’apprenais déjà à l’école dans les années 45-50, photos à l’appui… Trop de CO2 produit par l’homme déjà à cette époque ? Nous sommes dans un cycle de propagande qui va durer jusqu’en décembre puis la vérité scientifique viendra ensuite tempérer les certitudes assénées au peuple crédule. 

Ceci étant il est intéressant de comparer la politique énergétique française avec celle des Etats-Unis et la façon dont chacun d’entre eux va se comporter politiquement. Du côté français on met en avant le plan de réduction de l’énergie nucléaire, qui ne produit pratiquement pas de CO2 (4 g/kWh contre 450 g pour le gaz et 900 g pour le charbon), et l’augmentation des énergies renouvelables (EnR). Ces dernières, de par leur intermittence demande la mise œuvre de centrales thermiques au charbon, au gaz ou au pétrole. C’est ce qui se passe en Allemagne où le développement des EnR demande de rouvrir des mines de lignite pour alimenter les centrales au charbon nécessaires à l’équilibrage du réseau (vérifié par moi-même sur place). En France, on va fermer des centrales nucléaires, non productrices de CO2 et fournissant un courant pas cher, pour des éoliennes fournissant un courant électrique plus cher et demandant plus de centrales thermiques polluantes qu’actuellement. Tout ceci au nom des vertus écologiques, peu soucieuses des paramètres économiques et de cohérence.

Au passage je signale que la France est en avance de 50 ans par rapport aux États-Unis. Elle consomme deux fois moins d’électricité par habitant (ce qui renseigne au passage sur la différence de niveau de vie), et ceci grâce principalement au nucléaire (75%) et à l’hydraulique (10%). En 2005, année de référence pour le plan américain annoncé, toutes énergies confondues, un Français a émis 6 tonnes de CO2, nettement moins qu’un autre européen, mais surtout plus de trois fois moins qu’un Américain (20 tonnes). Dans ce contexte d’excellence la France doit-elle encore faire mieux quel qu’en soit le coût au nom d’une prise de « conscience mondiale » ? Non, la politique française satisfait à une idéologie porteuse politiquement pour un Président en perte de vitesse et tendu vers l’élection de 2017 avec de belles promesses qui ne seront pas tenues d’ailleurs, parce que non tenables. 

En opposition à la politique énergétique incohérente et dispendieuse de la France, la position d’Obama est frappée au coin du réalisme économique et de la roublardise politique. D’abord on note une communication sur l’urgence d’intervenir sur une menace, « grande menace », « l’urgence d’agir immédiatement », « défis clés » de notre époque. Mais c’est ensuite que le discours est matois. Il soutient les énergies propres, ce qui va au-delà des EnR et inclut le gaz de schiste et l’énergie nucléaire car son plan de réduction est circonscrit au charbon. C’est très astucieux et réaliste. Les américains viennent de repousser la durée des réacteurs nucléaires à 60 ans au moins pour 40 au plus chez nous, donc pas question d’arrêt pour l’instant des 100 réacteurs en fonctionnement. Par ailleurs le gaz de schiste émet deux fois moins de CO2 par kilowattheure (kWh) produit qu’une centrale au charbon (450g/kWh au lieu de 900). C’est donc une contribution efficace et économiquement très rentable, l’autosuffisance étant plus qu’acquise sur ce gaz désormais moins cher que le charbon. Les États-Unis produisent près de la moitié de leur électricité (40%) avec du charbon et plus des deux tiers avec des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole). Il est donc facile de réduire significativement l’émission de CO2 et d’y gagner de l’argent en plus.

Le projet initial, présenté l’an dernier (en juin 2014) par l’administration américaine, avait fixé à 30% le plafond de réduction des émissions de CO2 des centrales électriques. Obama surenchérit à 32%, soit 2% en plus et fixe l’évaluation des réductions à partir de 2005, année où la pollution était maximale… Pas futé ou roublard Obama ? C’est comme on le sent. En tous cas Obama va se présenter à COP21 en décembre comme le grand leader de l’effort pour le climat volant ainsi une part de succès à Hollande… tout en étant et en restant le plus grand pollueur de la planète avec la Chine. En atteignant 355 g /kWh par habitant et par an, (en partant de 520 grammes en 2005), ce pays sera en 2030 encore dix fois plus mauvais que l’excellent niveau de la France qui est déjà d’environ 30 g en 2014. Mais c’est aussi un acte de politique intérieure qui met en difficulté les républicains, opposés à l’idée d’efforts dans ce domaine car nuisibles à l’économie, qui vont devoir affronter une part de l’opinion américaine travaillée au corps pour l’écologie et en passe d’évoluer dans ce sens. 

Il faut reconnaître qu’Obama fait une annonce politiquement, géopolitiquement et économiquement cohérente. La roublardise de celle-ci force Ségolène Royal à applaudir, alors qu’Obama va voler la vedette à Hollande en décembre… tout en favorisant subtilement le gaz et le nucléaire ! On ne peut que déplorer la politique politicienne française qui verse dans le discours, le virtuel, l’incohérence et les promesses non tenables. Incapable d’avouer que c’est grâce à l’hydraulique et au nucléaire que la France est le pays du monde occidental le moins polluant en CO2, la France va se mettre inutilement une balle dans le pied alors qu’elle était la mieux placée sur le plan du CO2 et du coût de l’électricité. Celui-ci est désormais en phase d’augmentation rapide sur le prix du kWh et de la taxe CSPE dont la majeure partie sert au soutien des EnR. Leur combinaison est le prix réellement payé par le consommateur. C’est la perspective de dizaines de milliards gâchés pour un impact négligeable sur le taux de CO2 mondial… si tant est que les scientifiques soient tous d’accord sur l’impact du CO2 sur le climat et sur la responsabilité significative de l’homme. C’est toujours loin d’être le cas. Quel gâchis ! 

Une politique énergétique ne peut se baser sur une idéologie. 

Elle y perd cohérence, pragmatisme et efficacité.

Les américains nous donnent une leçon

Politique d'économie et de réalisme

Face à une idéologie aveugle !

 
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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