vendredi 16 décembre 2016

Maux et remèdes de l’économie française (4ème partie)



Il convient pour terminer l’examen des maux, avant de passer aux remèdes, de regarder les dépenses des administrations publiques en comparaison des autres pays. Le graphique ci-contre est révélateur. La France est le deuxième pays européen en valeur de dépenses publiques/PIB derrière la Finlande soit 17,3% au-dessus de la moyenne de la zone euro et 20,5% au-dessus de la moyenne de l’UE. Les pays en jaune sont les pays hors de l’UE et forment deux groupes distincts entre pays riches et pauvres. Les pays nordiques Finlande, Suède, Norvège et Danemark sont les pays où les dépenses publiques sont très élevées. Si l’on regarde les variations des dépenses publiques entre 2009 et 2015 on constate que le pourcentage de dépenses/PIB ont diminué de l’ordre de 5% dans l’UE et dans la zone euro mais ont un peu augmenté en France. Ces variations ont-elles eu des conséquences sur la variation du PIB/habitant durant cette même période de 2009 à 2015 ?

Le croisement des dépenses publiques/PIB et le PIB/habitant ne donne pas de liaison significative. Autrement dit chaque pays s'est calé sur un niveau de dépenses publiques qui tient compte de tous les autres facteurs influents et définit son propre PIB/habitant. Par contre la représentation ci-contre montre que la liaison, sur les variations dans le temps de ces deux facteurs, est assez significative pour les principaux pays européens. A une variation de 10% du PIB/habitant correspond une variation des dépenses publiques/PIB d’environ 6%. On voit que sur ce point la France n’a pas fait d’efforts avec une augmentation légère de 0,35% mais loin de ceux faits par la Suède, l’Allemagne, le Luxembourg et le Royaume-Uni. Les efforts du Portugal et de l’Espagne ne semblent pas avoir porté leurs fruits sur le PIB/habitant. Le résultat le plus spectaculaire est celui de l’Irlande qui a fait une réduction drastique de ses dépenses publiques et devient le pays européen au plus faible taux de dépenses publiques/PIB avec moins de 30% du PIB alors que nous en sommes à 57%. Par contre la Grèce a diminué ses dépenses tout en continuant à dégrader son PIB/habitant. 

Que peut-on en déduire ? La réduction des dépenses publiques a globalement un effet positif sur le PIB/habitant. Toutefois il ne s’agit pas de le faire sans précaution. Il s’agit de savoir où ces dépenses doivent être réduites. En fait les dépenses publiques dont il s’agit recouvrent plusieurs sortes de dépenses et en particulier les dépenses dites de fonctionnement des administrations publiques d’État et des collectivités locales, les dépenses de santé, sociales, d’enseignement, d’ordre et de sécurité, de logements, d’équipements, d’infrastructures, de culture et de loisirs, etc. Les dépenses publiques mélangent donc ce qui est du fonctionnement à répéter chaque année, de l’investissement pur à effet à court terme (logements, équipements, infrastructures), et de l’investissement à plus long terme comme la recherche et l’enseignement.

Pour ce qui concerne l’investissement à court terme, ce sont les collectivités locales qui font l’essentiel des dépenses à hauteur de 70% d’entre elles, et majoritairement faites par les communes pour ce qui concerne les logements et équipements. Les investissements de l’État se concentrent essentiellement sur les investissements militaires, de santé, d’ordre et de sécurité publique. Toutefois il est très impliqué dans les dépenses d’Avenir dans les infrastructures (voies ferrées, routières, maritimes, et de communication). En revanche s’il supporte le poids des salaires des enseignants, il n’est présent que dans les investissements immobiliers des lycées et facultés. On voit que la définition des investissements est floue et que ceux-ci sont fortement décentralisés. La France est d’ailleurs dans le top 5 de cette décentralisation. 

Il faut alors entrer dans le débat sur la décentralisation, débat de plus en plus important par suite de la création récente de super-régions et celle de tâches nouvelles ou plus décentralisées. Si la décentralisation permet une meilleure prise en compte des particularités locales, donc d’aller vers une meilleure efficacité, il importe que le cadre d’utilisation des deniers de l’Etat soit clairement défini avec des objectifs précis et mesurables. Au fur et à mesure que l’augmentation des missions et des dotations de l’Etat aux régions augmente, entraînant en même temps la flambée des impôts locaux, le poids de l’Etat, diminue. Ceci affaiblit la nécessaire coordination nationale et le contrôle des dépenses et des objectifs atteints. L’autorité de l’Etat peut rapidement être mise en cause, d’autant plus que c’est l’objectif recherché par l’UE. N’oublions pas que qui détient l’argent détient le pouvoir.

Par suite de la politique d’austérité, il est commode pour l’Etat de diminuer ses dotations aux collectivités locales, mais la nature et les missions à remplir allant plutôt en augmentant, ces deux évolutions vont vers une inflation plus forte des taxes et impôts locaux. Ceci finit d’une part par jouer sur la consommation des ménages mais augmente l’autonomie financière des collectivités locales. Il importe de garder un Etat stratège et responsable. Or les missions de ce dernier sont aussi rognées par le haut sous la coupe de Bruxelles, le danger est donc double. Dépenses de fonctionnement et d’investissement sont entremêlées dans la comptabilité nationale et dans les budgets. Il reste à juger de l’impact de chacun d’eux dans la politique économique et de cibler en quoi et où les investissements peuvent y contribuer favorablement dans le prochain article.


Si la diminution des dépenses publiques peut être favorable 

Il est clair que tout dépend de l'état de notre économie.

Dépenses de fonctionnement et d’investissement 

N’ont pas le même but et peuvent varier

Dans des sens différents pour 

Améliorer chacun

Le PIB/habitant.


Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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