lundi 12 décembre 2016

Maux et remèdes de l’économie française (2ème partie)



L’article précédent a montré que ni l’augmentation du nombre d’heures travaillées, ni la réduction du nombre de fonctionnaires, ni le transfert des cotisations sociales des salariés sur une assiette élargie à l’ensemble de la population par la CSG ne sont en mesure d’avoir un impact positif notable sur le PIB/habitant. Ce dernier critère étant avec le chômage, tous deux liés, les meilleurs signes de la santé économique d’un pays. La France ne réunit pas les conditions où les actions citées peuvent redonner le coût de pouce suffisant à notre économie. L’article précédent a également montré que les pays hors zone euro se portaient mieux globalement que les pays de la zone euro en termes de croissance et que la France faisait pâle figure même dans la zone euro. Par son endettement, son taux de chômage et son PIB/habitant, elle fait mieux que l’Italie… mais elle suit néanmoins le même chemin de descente de son économie.

Le fiasco des quinquennats précédents est patent. L’augmentation faramineuse de la dette publique depuis 2007 sans que le PIB/habitant ait évolué en comparaison, montre que la France vit tout simplement au-dessus de ses moyens. Il est bon de revenir sur la comparaison entre les pays d’Europe sur le PIB/habitant. Le graphique ci-contre montre les disparités de valeur. La Suisse caracole en tête et la France est dans le peloton de queue de ces pays et sa croissance est faible, même si l’Italie a même en plus régressé. Il convient de regarder plus précisément l’évolution du PIB/habitant entre 2009 et 2015. C’est ce que vont mettre en évidence les graphiques suivants en élargissant le regard sur l’ensemble des pays de l’OCDE.

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Le graphique ci-contre montre clairement que notre croissance du PIB/habitant est inférieure à celle de l’OCDE, de l’OCDE Europe, de l’UE28 et même de la zone euro. Il est particulièrement significatif de mieux visualiser la variation de ces chiffres d’évolution de la croissance de 2009 à 2015 par rapport à celle de l’UE. C’est ce que le second graphique met encore mieux en évidence. L’Allemagne et la Suède montrent que ces deux pays ont tiré le maximum de croissance en dépassant celles de l’OCDE, l’OCDE Europe, l’UE28 et l’UE Europe à 15. Il est frappant de noter que la Suède a refusé l’euro et a pratiqué la dévaluation de sa monnaie. Voilà bien la preuve que la sortie de l’euro et la dévaluation de la monnaie ne conduisent pas à la catastrophe bien au contraire. Le cas de l’Allemagne est unique en Europe dans les grands pays. Si l’on retrouve la Suisse en retard par rapport à l’UE, il faut noter que son PIB/habitant est l’un des plus élevés des pays européens cités. Ce n’est pas le cas de la France et surtout de l’Italie, la grande perdante.


 On voit que 7 pays font mieux. On a dans l’ordre d’importance l’Irlande, la Lettonie, l’Estonie, la Pologne, la République slovaque, la Hongrie et la Suède. Tous ces pays sont dans l’orbite d’influence de l’Allemagne et des pays nordiques. Par contre 4 pays sont dans ceux qui font plus de 100% moins bien. On a dans l’ordre la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, tous pays du Club Med. 

On constate que la performance de croissance ne touche pas forcément les pays à fort PIB/habitant. La question se pose néanmoins de savoir si la faiblesse relative du PIB/habitant est un handicap à la croissance ou à l’inverse si les pays à fort PIB/habitant en tirent une aide. Une représentation dans la figure jointe montre qu’il n’y a aucun lien statistique avéré entre le PIB/habitant en $ de départ et la valeur de la croissance obtenue de 2009 à 2015.

On retrouve aux quatre coins de la figure, la Grèce, le Luxembourg, l’Irlande et les deux Pays Baltes de l’Estonie et de la Lettonie. Si l’on exclut les trois premiers on pourrait dire qu’une tendance apparaît dans tous les pays dont le PIB/habitant est inférieur à celui de la France soit 11 pays allant de l’Italie à la Lettonie sur la figure. Dans ce cas seulement la faiblesse du PIB/habitant est un facteur favorable à la croissance. Il faut probablement y voir un effet de reversement de fonds européens de solidarité.

Pour tous les autres pays on peut dire que le PIB/habitant de départ n’a pas de lien avec la croissance. Ceci veut dire que tous les pays ont leur chance mais que celle-ci n’est pas saisie de la même façon par les politiques économiques de ceux-ci. D’ailleurs l’Irlande est représentative du cas d’un Etat qui a négocié un passe-droit sur les impôts de sociétés auprès de Bruxelles et qui en tire le maximum. On voit qu’il n’y a pas de petit ou de grand pays en matière économique, il y a de bonnes ou de mauvaises politiques économiques. C’est donc notre politique économique qui est responsable. En résumé la France n’a pas de handicap ni d’aide à attendre du niveau de son PIB/habitant mais elle accumule du retard par rapport à tous les pays hors ceux du Club Med, et particulièrement à l’Allemagne. Le poids que fait peser l’euromark sur l’économie des pays du sud est évident et la France n’y échappe pas. Toutefois La France a un énorme gain possible sur le PIB créé par les heures travaillées pour retrouver de la croissance sans augmenter celles-ci. C’est sur ce point que doit s’appuyer la politique de notre pays. Afin de sortir des idées martelées et reçues, il convient de regarder le lien entre la dette publique et le PIB/habitant avant de proposer des solutions. Ce lien existe-t-il ? Si oui, que faut-il en déduire ? Nous le verrons dans la 3ème partie de cet article.

Avant de définir notre politique économique 

Il faut regarder ce qui se passe ailleurs

Et particulièrement en Europe. 

On ne coupe pas un arbre

Avant de savoir…

Quoi en faire !
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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