jeudi 25 février 2016

Que nous réserve 2016 ? (3ème partie)



La survie de l’UE est posée en 2016, tout semble en effet y concourir. Pourtant à cette force de dislocation s’oppose une force centripète puissante, c’est celle qui a permis sa création, celle des États-Unis mus par des forces militaro-économico-financières qui agissent depuis la première guerre mondiale. Cette pression s’est concrétisée grâce au financement américain d’un projet britannique de construction européenne, parrainé par Churchill. Il a très vite abouti à la création du Conseil de l'Europe en 1949, mais a été fatalement marginalisé l'année suivante par la déclaration Schuman du 9 mai 1950 qui annonçait la création de la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier. Cette CECA, qui selon Robert Schuman, représentait «le premier pas vers la fédération européenne», avait pour but d'exclure le Royaume-Uni, qui était pourtant le plus grand producteur de charbon et d'acier en Europe à l'époque mais dont l'hostilité au fédéralisme était notoire. Aujourd'hui encore, l'Union européenne fête le 9 mai comme le jour de sa fondation, et non pas le 5 mai qui était, en 1949, la date de la création du Conseil de l'Europe qui est essentiellement une légère structure intergouvernementale.

Comme l’écrit John Laughland, directeur des Etudes à l'Institut de la Démocratie et de la Coopération (Paris), philosophe, historien et de nationalité britannique :  « La CECA était aussi la façon dont les Américains voulaient réconcilier les Français à la perspective d'un réarmement allemand cinq ans après la fin de la guerre. Le projet d'intégration européenne de type fédéraliste et supranational n'est donc aucunement un instrument de la paix, comme on nous le répète depuis 60 ans: il est, au contraire, un instrument de guerre, en l'occurrence de la guerre froide. » La création de l'euro au sommet de Maastricht en décembre 1991, et la décision prise au même sommet de démanteler la Yougoslavie en reconnaissant la Croatie et la Slovénie, a fait de l'Union européenne et de l'OTAN, agissant ensemble, le nouveau hégémon géopolitique en Europe centrale et orientale. Alors il faut s’attendre à de terribles soubresauts imposés aux pays centrifuges de l’Europe continentale comme la Hongrie, qui montre des signes de volonté de souveraineté, et la République tchèque qui regarde le Brexit avec intérêt et menace d’un référendum sur son appartenance à l’UE. L'UE et l'OTAN sont des frères siamois issus de la volonté américaine d'avoir une tête de pont sur le continent eurasiatique en vue de le dominer. 

La volonté américaine est de faire de l’Europe son pré-carré, un glacis à ses ordres, un terrain de déploiement de sa force militaire et économique face à la Russie. Cela lui évite d’exposer directement son peuple. Le renforcement de ses échanges commerciaux avec la Russie en même temps qu’elle impose à l’Europe la prise de sanctions envers ce pays en dit long sur les intentions américaines. C’est coup double, l’économie américaine y trouve son compte et l’Europe est affaiblie économiquement. Cela en dit long aussi sur la vassalité française qui en remet une couche personnelle avec l’affaire des Mistral. Le but est surtout d’empêcher la création d’un bloc eurasiatique.

La porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, dans l’émission « In the Now » (RT) de Anissa Naouai, a d’ailleurs parfaitement décrit le processus en cours et les inquiétudes du peuple russe que nous devrions partager : « D’une manière générale, je crois que nous sommes allés trop vite en disant que le calendrier des Mayas avait tout faux [en annonçant la fin du monde]. Il se peut qu’ils aient eu raison parce que ce à quoi nous assistons en ce moment, ce sont des mouvements tectoniques dans les relations et sur la scène internationales. Cela ne concerne pas qu’une région, qu’un continent, c’est un mouvement global, une redistribution des forces dans le monde. Du moins, tout l’indique, et malheureusement la tendance ne fait que s’amplifier. » 

« A la base [de ce mouvement], on trouve certains pays, – et on peut les nommer ouvertement, – et leur décision de remettre en question les principes fondamentaux des relations entre les nations et leur interaction. Ils ont cherché à réduire, à détruire certains principes, comme le respect mutuel entre États, l’intégrité territoriale, la souveraineté des autres pays, la non-ingérence dans les affaires d’autrui. Ces principes sont inscrits dans la Charte de l’ONU [...] et se retrouvent aujourd’hui en danger. » « Ce qui se passe aujourd’hui avec la situation des “migrants”, – ou, pour appeler un chat un chat, des “réfugiés”, – c’est un exode du Moyen-Orient. La situation du Moyen-Orient et la montée du terrorisme, ne sont que des signes avant-coureurs de ce qui va arriver, qui nous montrent ce à quoi le monde va aboutir... [...] Bien sûr, je ne veux pas jouer les Cassandre mais, comme je l’ai dit, ce ne sont que les premiers symptômes... » 

On ne peut que souscrire à cette analyse, dont les mots sont pesés de la part d’une représentante officielle du gouvernement russe. Elle traduit les convictions intimes de Poutine et il y a beaucoup à dire sur les derniers objectifs 2015 de l’ONU qui viennent clairement indiquer qu’ils sont la justification de ce plan. Nous en reparlerons. Comme nous le constatons, nous entrons dans la période des grands dangers entre une conception unitaire du monde à laquelle les États-Unis travaillent depuis longtemps poussés par les puissances de l’argent et une résistance désormais importante de pays qui veulent s’en abstraire. Ils représentent aujourd’hui une force et une détermination qui est un véritable affrontement sur le plan monétaire, économique, et militaire. 

La stratégie de pourrissement de tous les pays pouvant rejoindre cette volonté d’indépendance dans un monde multipolaire sont ou seront l’objet de cette tactique qui a pris un nom générique de « printemps arabe » mais  qui n’est que l’application de la théorie du chaos. Les tentatives de déstabilisation concernent tous les pays limitrophes de la Russie, Ukraine bien sûr mais tous les autres dont la Biélorussie. Mais ceci s’étend sur le Moyen-Orient, le Maghreb où l’Algérie est visée avec l’installation d’une Libye aux ordres de l’Empire et de son bras caché, Daech. On voit même que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont dans le collimateur quand on lit que l’Afrique du Sud vient de se plaindre d’ingérences américaines de déstabilisation dans son pays. Chaque pays devra choisir son camp mais il semble bien que nous n’ayons pas choisi le bon au nom de la vassalité protectrice… mais dévoreuse ! 

La France avait choisi le camp de la Liberté, 

Elle a préféré celui de la vassalité,

 L’addition sera Corsée ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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