vendredi 12 juin 2015

Le désastre est évitable, mais le temps presse (3ème partie)


En ce qui concerne le flux migratoire, si la première chose à faire est d’éviter de rajouter des causes à celles plus ou moins endémiques par nos ingérences armées, il faut aussi les diminuer. La tendance de l’invasion du sud vers le nord est lié à la disproportion de la richesse disponible par habitant et de plus à l’aggravation continuelle de cette disparité. L’économie africaine ne peut suivre la natalité qui est trois ou quatre fois plus importante qu’en Europe. La richesse se concentre de plus dans une très petite partie de la population. L’émigration est liée, à la démographie, l’économie et la guerre sous toutes ses formes. Sur quoi pouvons-nous agir ? 

L’aide coopérative au lieu de l’ingérence des armes
 
Le cas du Mali est particulièrement intéressant. Nous sommes arrivés là-bas avec nos armées pour sauver un gouvernement incapable de repousser une guerre civile partie du nord pour une revendication de territoire par les berbères, autrefois seigneurs du Mali et désormais repoussés aux confins du Sahel. Leur communauté, devenue très minoritaire par rapport à la poussée démographique des habitants de l’ouest, a été écartée du pouvoir et c’est l’origine du conflit. L’arrivée des djihadistes à leur côté est lié à une conjonction d’intérêts contre le gouvernement légal mais ne va pas au-delà. Alors que nous traquons les djihadistes jusqu’à la frontière de la Libye, le gouvernement malien coopère avec les djihadistes dans l’intention de les retourner contre les berbères, véritables ennemis du gouvernement. De toute évidence nous ne pouvons donner une issue définitive par les armes à ce conflit dans un tel contexte. Par contre le gouvernement malien ne tient que par notre présence dans un pays dont nous tenons en fait les rênes sous une nouvelle forme de colonialisme. Cette attitude se retourne toujours finalement contre nous, étrangers devenant indésirables et assassins. Pendant ce temps le pays s’appauvrit, les actions terroristes continuent et l’émigration en est une conséquence inévitable.

C’est donc une toute autre politique qui est souhaitable. Le Mali doit trouver seul son équilibre et seule une issue avec un régime fort garantit une certaine stabilité. Vouloir imposer notre vision de la démocratie est une erreur mais nous avons un rôle à jouer, celui de médiateur et de coopérateur. Le premier rôle intervient lors du chaos, première étape dans la recherche de stabilité. Il se poursuit dans l’aide au régime établi pour assurer cette stabilité. Les leçons de Lyautey au Maroc, qui a eu affaire avec les Berbères d’ailleurs, devraient toujours nous inspirer. Notre rôle de coopération a trois facettes. La première est l’aide à la mise en place d’une administration structurée, compétente et solide et à la formation d’une élite sous condition de retour au pays. Nous avons montré notre efficacité au Maghreb sur ce point. La seconde est l’aide à la création des infrastructures nécessaires à l’économie, en particulier à tout ce qui touche à l’énergie et à l’eau (priorité à l’eau et à l’électricité pour tous), les infrastructures de liaison routières, ferrées, fluviales et maritimes, ainsi que celles nécessaires à la santé et à l’éducation. La troisième est la persuasion pour un ralentissement de la démographie. En tant qu’intervenant sonnant et trébuchant, nous aurions les moyens de persuader. Il doit être impératif que ceci soit mis en œuvre pour bénéficier d’une aide ainsi.

Ce projet peut paraître trop coûteux et ne donner qu’une aubaine pour ce pays sans résultat sur l’évolution économique et humaine à long terme. L’expérience ancienne du Maroc est là pour nous prouver que cela peut marcher. Ce pays est l’un des rares pays qui peut résister à l’expansion de l’islamisme intégriste, retour aux sources du Coran, et avec lequel nous pouvons établir des relations solides. Pour le coût il faut d’abord diminuer notre présence militaire et cesser toute action d’ingérence armée qui ne soit pas demandée par un gouvernement légal et ayant prouvé sa stabilité. Nous avons fait l’inverse en Syrie. Par ailleurs nous pouvons non seulement exécuter les travaux par des sociétés françaises, ce qui agira sur notre chômage donc sur son coût, mais aussi prévoir une ponction sur les recettes des équipements à l’instar des sociétés d’autoroute. La Chine envahit l’Afrique par ce biais, ce faisant elle participe à la stabilité des pays africains. Nous avons un énorme avantage sur ces pays, c’est que nous pouvons emprunter à taux très bas pour des investissements beaucoup plus facilement rentables. C’est donc une toute autre politique qu’il faudrait mettre en œuvre. Le principal obstacle est la stratégie américaine qui privilégie le chaos et dont nous dépendons mais je reviendrai plus globalement sur ce point de politique étrangère. 

Sortie du traité de Schengen

Revenons donc sur l’immigration qui fait que nous voyons arriver sans cesse des immigrés en transit ou en situation irrégulière, et que nous constatons que petit à petit la présence d’une autre civilisation se fait de plus en plus importante et petit à petit influe sur notre mode de vie sans que nous l’ayons choisi. J’ai donné des pistes pour diminuer la pression du flux d’émigration mais il est nécessaire d’en contrôler l’arrivée dans notre pays. La libre circulation des hommes du traité de Schengen s’y oppose. Les pays de l’UE ont perdu le droit de contrôle pour la plupart, alors que le flux migratoire traverse l’UE avec des cibles privilégiées dues aux facilités d’accueil et de travail différentes d’un pays à l’autre. Ce traité devient un empêcheur et non un « faciliteur » pour l’équilibre économique et sociétal des pays inclus dans le traité. Il est donc nécessaire d’en sortir rapidement ou d’en amender sérieusement ses dispositions. Un véritable contrôle aux frontières est nécessaire tant pour notre sécurité face à un terrorisme islamique que pour accueillir décemment de nouveaux arrivants et faciliter leur intégration. Le retrait de Schengen est d’ailleurs dans les revendications actuelles du Royaume-Uni et Cameron en fait une condition de son soutien au maintien dans l’UE auprès du peuple britannique pour le référendum à ce sujet. Il est donc possible d’affirmer une volonté politique. Encore faut-il qu’elle existe et qu’elle soit incluse dans une politique globale de l’immigration.

La politique de l’immigration a été évoquée en trois volets, cessation de l’ingérence armée, aide coopérative et retrait du traité de Schengen. Il reste à voir deux volets de cette nouvelle politique. Le quatrième volet se rapporte aux conditions d’accueil sur notre territoire, conditions jugées très favorables par les pays d’Afrique francophone en particulier. Elles sont favorables par rapport à la législation française qui permet facilement de séjourner et par les aides multiples qu’ont peu y trouver. Il reste un cinquième volet qui traite de l’assimilation. C’est le volet le plus difficile à traiter. Il concerne l’intégration des immigrés vivant sur notre territoire et en particulier de ceux ayant acquis de droit ou sur demande la nationalité française pour lesquels il s’agit même de les assimiler. Nous en parlerons dans un prochain article pour aborder le volet de la politique étrangère aux liens forts avec les flux migratoires et le monde multipolaire en construction. 

La politique sur l’immigration commence d’abord 

Par un problème de robinet et de baignoire

Et l’ignorer ne ferait qu’aggraver 

Les problèmes humains

Et ceux de société. 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon

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