lundi 9 février 2015

Grèce et France souverainistes ?



La victoire de Syriza a dû être complétée par un apport d’un parti souverainiste. Cela peut paraître d’autant plus étonnant que le parti Syriza d’obédience communiste pouvait choisir une alliance avec le Pasok socialiste qui était au pouvoir précédemment ou un parti du Centre. En réalité c’est bien le sentiment d’humiliation du peuple grec qui a prévalu dans le choix d’un parti indépendantiste reniant la participation à l’euro tout autant que la teneur des traités de l’UE. Le sentiment national de la Grèce est affirmé avec dans les têtes grecques un « L’Europe oui mais pas en esclave » !

On touche là à ce qu’une partie de la population française ressent de plus en plus profondément. L’élection du Doubs est la confirmation de la progression de ce sentiment de rejet des politiques de la pensée unique qui brade l’indépendance de notre pays et demande au peuple de nourrir banquiers et multinationales dans une Europe où la démocratie est réduite à sa portion congrue. La distance avec le peuple s’accroît et c’est ce que le peuple grec vient de crier en s’apprêtant au pire. L’aventure dans laquelle se lance Syriza est à priori sans issue car l’argent va leur manquer rapidement et résister c’est vraiment du sang et des larmes au bout d’une volonté d’indépendance. 

La Grèce se voit déjà rejetée par les pays du sud qu’Alexis Tsipras est allé voir dans sa tournée européenne. Les gouvernements en difficulté qui ont imposé une austérité drastique au peuple n’envisagent ni de payer pour une cigale mangeuse d’olives ni de soutenir une politique de gestion austère bien différente de celle de l’austérité infligée à leurs peuples. Il n’envisage donc pas de se déjuger. Cette attitude fait fi du peuple qu'il soit irlandais, portugais, espagnol ou italien. Il ne faut attendre qu’une attitude nombriliste de la part de la France, qui va surfer sur la situation grecque pour desserrer les contraintes sur son budget 2015 mais n’oubliera pas qu’elle est le deuxième contributeur dans le cas d’annulation partielle ou complète de la dette grecque.

L’Allemagne, qui a toujours eu des mots très durs pour la Grèce, ne peut relâcher sa politique de l’austérité pour celle-ci sans se déjuger vis-à-vis des pays de l’UE. Les Etats-Unis tiennent à maintenir la Grèce dans l’OTAN, toute fuite vers la Russie l’expose aux pires tourments. La connivence atlantique ne ménagera aucun artifice financier pour faire plier la Grèce. C’est dire combien une résistance souverainiste de la Grèce ne peut qu’aboutir à une sortie de la zone euro, voire de l’UE. C’est tout l’enjeu de ce combat de David contre Goliath. La Grèce sera-t-elle assez humiliée mais fière pour résister et se défaire du licou qui l’asphyxie ? Si c’est le cas, alors un processus d’humanisation et de démocratisation de l’UE sera en cours et l’Europe des peuples pourra espérer naître. 

La France a montré que son pouls n’était plus atone après le rassemblement du 11 janvier. Toutes tendances confondues, elle a voulu montrer qu’elle existait en dehors de tout le matraquage politique. L’occasion lui en a été donnée par deux actes ignobles sur le blasphème et le peuple juif, deux symboles qui montrent que le racisme a aussi une couleur anti-blanc qui se nourrit de tous les morts innocents que nous tuons en pays musulman sous nos bombes. On ne peut mettre seulement sur l’émotion et la compassion ce grand mouvement populaire. Le peuple a senti que l’heure était venue de se faire entendre, que sa représentation politique n’était plus la véritable expression de la volonté populaire.

C’est l’élection du Doubs qui est venue montrer le nouveau clivage qui s’opère dans notre pays, non plus droite-gauche mais souverainiste ou non. Le deuxième tour de cette élection législative est particulièrement intéressant dans un fief socialiste. La droite de la pensée unique s’est trouvée devant une fracture béante entre le Front Républicain et une tactique attentiste montrant que l’UMP est déjà morte. Ses électeurs ont voté en leur âme et conscience mais une partie importante a fait l’impensable, voter pour le FN. Celui-ci est un tel repoussoir pour ces électeurs dûment chapitrés depuis des années qu’ils ont fait un acte mûrement réfléchi. Leur vote n’est pas l’attirance du FN dont il renie les fonds baptismaux pour la plupart, c’est le sentiment qu’on enlève au peuple de France la maîtrise de son destin. 

En un mot près de la moitié des citoyens de cette circonscription du Doubs se sont retrouvés sous la bannière souverainiste. La reconquête des esprits est en marche. Le président Sarkozy ne peut se targuer de sa réussite antérieure où il a retiré au peuple sa décision référendaire sur la Constitution européenne en signant le traité de Lisbonne, copie conforme, par voie parlementaire. Le président Hollande continue à appauvrir et à vassaliser la France, derrière l’Allemagne et les Etats-Unis, ajoutant la crise à la crise et la guerre aux guerres. Le peuple, comme l'on fait les politiques et les électeurs anti-Maastricht, commence à réaliser que la pensée unique « eurobéate » conduit à l’échec et qu’on lui vole la démocratie comme l’Europe l’affirme.

Lu dans le Figaro du 29/01/15 :
Dans un entretien exclusif au Figaro, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, affirme qu'«il n'est pas question de supprimer la dette grecque. Les autres pays de la zone euro ne l'accepteront pas». Rappelant qu'«on ne peut pas sortir de l'euro sans sortir de l'Union européenne», il affirme: «Nous voulons que la Grèce soit un acteur constructif dans l'euro et dans l'UE. Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». 

Les souverainistes ont sans doute trop de drapeau

Mais la reconquête des esprits est en marche 

Un vent de révolte se lève en Europe

La Grèce ne sera bientôt plus seule ! 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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