mercredi 11 janvier 2017

L’écologie bancale face à la pollution (3ème partie)

Dans les articles précédents on a pu constater que sont surtout mises en cause les « particules fines » ou particules de suspension, c’est-à-dire la poussière de l’air. On utilise le mot « suspension » parce qu’elles ne sont pas posées au sol. Elles volettent dans l’air et nous les respirons. Ainsi, dans la résolution du problème, entrent en compte non seulement la question de la production des particules fines, mais aussi celle de leur « transport ». Par exemple, le trafic routier ou les machines pour ramasser les feuilles ont pour conséquence directe de les lever. C’est aussi le cas de l’aération dans le métro ou dans les parkings. L’action du vent et les conditions météorologiques sont, du reste, déterminantes. C’est la raison pour laquelle le plus souvent les autorités informent les citoyens que les niveaux de particules fines recommandés sont dépassés, tout en attendant des conditions météos meilleures.

La plupart des particules qui forment les nuages de fumée couvrant nos villes et parfois nos campagnes ne sont pas visibles à l’œil nu. Et pour cause, elles sont minuscules ! On les classe en quatre catégories en fonction de la taille de leur diamètre en micromètres :

- PM 10 (moins de 10 micromètres de diamètre)
- PM 2,5 (moins de 2,5 micromètres de diamètre)
- PM 1 (1 micromètre de diamètre)
- PM 0,1 (moins de 0,1 micromètre de diamètre)

PM fait référence à « Particulate Matter » en anglais. 

Parmi ces particules, certaines sont produites naturellement : les poussières de sable du désert, les résidus d'éruptions volcaniques ou d’érosion par le vent ou encore celles créées par les incendies de forêt. Le reste provient de l’activité humaine. Et les sources de création sont multiples : chauffage, travaux, activités industrielles en tout genre, freinage des voitures, des trains et des métros, combustion des véhicules, épandages d’engrais et de pesticides, consommation de tabac, etc. Souvent ces particules sont issues d’une réaction chimique (on les appelle alors particules secondaires). A ces particules fines qui polluent l’air s’ajoutent d’autres polluants comme du dioxyde d’azote (NO2), des oxydes d’azote (NOx), des composés organiques volatils (benzène par exemple), du dioxyde de soufre (SO2), du plomb, de l’ozone, du monoxyde de carbone (CO), ainsi que divers autres métaux lourds, comme l’arsenic ou le cadmium (et la liste n’est pas exhaustive !). Mais le terme « particule » ne renvoie pas à une catégorie définie de polluants. Ce qui compte, c’est la taille.

Les autorités s’inquiètent de la pollution de l’air lorsque le seuil d’information et de recommandation du public est atteint ou, pire, lorsque l’on a dépassé le seuil d’alerte. Ces seuils sont fixés par les administrations (préfectures en France) en fonction de la législation européenne. L’inquiétude grandissant, et les responsables politiques voulant montrer qu’ils sont prêts à agir, il a fallu trouver des coupables. On en a repéré trois ces derniers temps :

  • ·        le chauffage au bois
  • ·        le diesel
  • ·        l’Allemagne, et certains pays de l’Est comme la Pologne.


En ce qui concerne le premier, il est vrai que personne ne le défend à part les routiers et les propriétaires de véhicules diesel. Le chauffage au bois produit de nombreuses particules fines et autres polluants, notamment du benzène qui est hautement cancérigène. Sont pointés du doigt les poêles à bois, en augmentation depuis… le Grenelle de l’Environnement, or l’usage du bois pour le chauffage augmente l’émission de CO2 dans l’air, et donc le réchauffement climatique ! Mon voisin doit toujours être persuadé que c’est une attitude écologique de se chauffer au bois puisqu’il semble avoir choisi le bois et le solaire… la totale en émission de CO2, en plus de la déforestation qui nous prive d’oxygène ! Il semble avoir confondu la construction de maisons en bois, qui stocke le carbone, avec la combustion de celui-ci, qui le rejette dans l’air. Il apparaît cependant qu’à Paris seulement 4% de la pollution aux particules fines seraient dus aux feux de cheminées parisiens. Mais alors que dire des chauffages au charbon, au gaz et au fuel qui sont beaucoup plus utilisés et polluants ?

Selon le site de surveillance de l’air de Paris : « la tendance pour les PM10 (inférieures à 10 µm) et les PM2,5 (inférieures à 2,5 µm) est globalement stable ces dernières années, avec des niveaux largement supérieurs aux valeurs limites à proximité du trafic.» Les voitures et les camions sont donc visés. Le diesel est mis en cause mais on oublie de dire que les véhicules à essence, en particulier ceux de 10 ans d’âge, sont désormais plus polluants par leur surplus de consommation de carburant que les véhicules diesel récents. On oublie aussi de dire que la pollution en particules fines par le freinage des véhicules est émise par tous pour se focaliser sur le diesel où la France a un savoir reconnu en perpétuelle amélioration et que le principe de base de ce moteur est technologiquement meilleur. Il est plus économique en carburant et la longévité des moteurs est supérieure parce qu'ils tournent moins vite. C’est donc un coup bas à notre économie de préférer l’essence au diesel et une atteinte financière aux utilisateurs pauvres faisant beaucoup de kilomètres en dehors des agglomérations. La remontée des taxes sur ce carburant va de même à contresens et a un impact direct sur le transport routier de marchandises.

Sur ce sujet, le témoignage de Daniel Legrou, ancien de chez Renault ayant travaillé sur les moteurs diesel, est intéressant. Selon lui, les moteurs diesel ont fait d’énormes progrès depuis des années et ne polluent pas plus que les moteurs à essence. Il préfère mettre en cause le comportement des conducteurs et l’absence de volonté politique d’imposer aux voitures des systèmes efficaces de réduction de la consommation. Selon lui « le Centre Technique Renault de Rueil avait équipé une Renault 14 (la “poire”) d’une transmission à variation continue qui gérait électroniquement le bon rapport, le moteur fonctionnant sur deux modes seulement, « ralenti et pleine charge ». La pédale d’accélérateur ne commandait pas le moteur, mais la transmission, pour lui faire part de l’intention. En simulation taxi dans Paris, la consommation n’était que de 3 l/100, pendant que sa copine « normale » était dans la zone 10 à 14 l/100 km ». La focalisation sur le respect des normes sur les émissions de carbone a d’ailleurs poussé les constructeurs à tricher sur l’émission de NOx, qui est lui un véritable polluant. 

Le système de bonus-malus se trompe de cible, c’est ce que j’appelle l’écologie bancale. La preuve ? Malgré le «dieselgate», Volkswagen a réalisé un record de ventes en 2016 en devançant Toyota en perte de vitesse. Nous, nous préférons subventionner la voiture électrique mais est-ce raisonnable ? On va en reparler. Il me faut conclure sur une proposition plus réaliste de la lutte contre la pollution qui s’éloigne de l’écologisme et des idées reçues dues au matraquage pratiqué par un monde médiatique et politique à la solde des lobbies. Il va falloir aussi faire le tri entre la pollution créée sur notre territoire et celle importée des pays voisins. Ce sera l’objet du prochain article.
 
Concilier énergie et lutte contre la pollution 

Demande de prendre en compte

La réalité des chiffres et non 

Une idéologie qui ignore

Celle-ci et la masque !


Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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