jeudi 9 octobre 2014

Une autre route pour la France ! (2ème partie : l’économie relookée)



Il est trop tôt pour savoir ce qu’il sortira des négociations déjà en cours entre Hollande, Barroso et Junker, ces derniers respectivement président sortant et entrant de la Commission européenne, mais notre budget 2015 ne passera pas tel que présenté. A part l’Italie, la plupart des pays européens considèrent que la France ne tient pas ses promesses et l’argument de l’atonie de la croissance européenne a fait long feu. Il est donc trop tard pour espérer jouer sur le déficit pour retarder les décisions d’austérité. C’est la politique européenne et nous sommes priés de nous y conformer.

Le problème de l’avenir de la France est donc clairement posé. Soit nous suivons la politique économique européenne, largement inspirée et soutenue par l’Allemagne, soit nous sommes tancés et punis éventuellement d’amendes financières. Car ceci s’étend d’ailleurs à des domaines non financiers par traductions devant la Cour de Justice européenne pour des décisions sur les lois sociétales ou l’immigration. La France s’est mise elle-même sous tutelle et ne peut renier ce qu’elle a signé en restant dans l’UE actuelle. Elle a notamment accepté d’élargir les pouvoirs de la Commission européenne sur les budgets et ne peut décemment en contester l’application sur le sien. 

En conséquence la position de la France dans l’UE doit être redéfinie car elle est poussée d’année en année vers une union fédéraliste sans que son peuple en ait été consulté et en ait décidé. Il faut clairement sortir de l’euro puisque les politiques d’austérité appliquées sur les pays du sud ne permettent pas à ceux-ci de sortir de l’augmentation de l’endettement et du chômage. La manipulation de la monnaie a déjà existé dans notre pays où le franc Pinay a laissé de bons souvenirs. La Suède, l’Islande et d’autres l’ont aussi pratiqué avec succès récemment. Il faut enfin donner la parole aux économistes qui le prônent et ouvrir le débat que certains ne veulent pas voir arriver. Il faut noter que le FMI cite la zone euro parmi les raisons de la faiblesse de la croissance mondiale et elle pourrait devenir son principal problème. Alors l’euro qui protège est bien un leurre ! 

La vraie difficulté sur laquelle il faut se pencher, c’est sur la meilleure façon d’y arriver, sur les modalités pratiques bien sûr mais sur le choix de la monnaie nationale ou commune dans un panier de monnaies. On peut le faire à plusieurs pays du sud, ce qui apparaît préférable, ou à défaut seul. Sinon la tournure des évènements avec nos engagements militaires dans l’OTAN, ceux futurs dans le traité transatlantique de libre-échange, et la tutelle économique de Bruxelles, montre que le carcan de l’UE actuel risque d’enchaîner notre pays dans une Europe dominée par l’Allemagne et les USA. L’urgence d’un grand débat national sur la forme de notre appartenance à l’UE se précise, comme l’a fait en son temps le Royaume-Uni. 

Ceci étant dit, ce qui suit fait l’hypothèse d’une sortie de l’euro et d’une indépendance de notre politique économique car il est clair pour moi qu’il n’y a pas d’autre alternative pour faire retrouver à notre pays la place à la hauteur de ses potentialités. Cette condition de sortie de l’euro est un préalable nécessaire même s’il n’est pas suffisant et doit permettre de relancer l’activité économique avec une dévaluation externe ramenant la parité dollar/monnaie nationale entre 1 et 1,1. Au lancement de l’euro la parité était de 1,15 et le franc avait été surévalué. Vu l’affaiblissement de notre économie depuis, il n’est pas aberrant de viser une parité légèrement inférieure à celle de notre entrée dans l’euro. 

La dévaluation engendrée par la BCE sur l’euro par rapport au dollar, qui est passé de 1,38 à 1,26 en quelques semaines, ne semble pas devoir durer selon plusieurs économistes mais surtout elle n’améliore en rien notre compétitivité sur le marché de la zone euro majoritairement visé par nos exportations. Pour l’extérieur vers les pays à forte compétitivité et monnaie faible, l’avantage sera très mince sauf pour des produits à forte valeur ajoutée. Cette solution de la dévaluation de l’euro ne résout pas les différences de compétitivité, de dettes, de pression fiscale, de niveau social à l’intérieur de la zone euro. Elle va dans le bon sens, un point c’est tout, mais la France ne la maîtrise pas et elle peut être éphémère. L’Allemagne a fait savoir que, jusqu’à une parité de 1,5, son économie pouvait tenir. Bien avant notre économie sera sous l’eau ! 

L’argument de l’augmentation de la dette du fait de la dévaluation ne tient pas juridiquement car les emprunts sont faits dans la monnaie nationale pour 94% d’entre eux. L’augmentation de la dette ne serait que de 40 milliards pour une dévaluation de 30% (on va donner 21 milliards pour le fonctionnement de l’UE en 2015) donc parfaitement supportable même si la croissance demande un délai pour repartir. Enfin l’argument des dévaluations concurrentielles des autres pays du sud pouvant nous handicaper est recevable mais trouve ses compensations vers les pays restant dans l’euro ou ayant dû réévaluer leur monnaie comme l’Allemagne si elle en sort. Reste le danger d’une fuite brutale des capitaux dans les banques et à la Bourse si les dispositions adéquat ne sont pas prises. Chypre a montré comment il fallait faire et elles sont bien connues des économistes. 

Une fois cette évolution décidée et acquise, le champ est libre pour appliquer toutes les mesures de rigueur budgétaire en les réservant exclusivement aux dépenses de fonctionnement. La croissance revenant la pression fiscale peut être desserrée mais nous reparlerons de tout cela dans un prochain article. La France n’est pas finie si elle veut bien se prendre en charge elle-même et non se confier à des mains qui ne lui veulent pas que du bien. Elle a des potentialités énormes dues à sa position géographique, son histoire, ses cerveaux, son savoir-faire  et sa culture mais elle est à la croisée des chemins. Soit elle laisse les autres la piller, soit elle relève la tête et accepte quelques sacrifices pour retrouver son indépendance. 

Il n’est pas pays plus menacé que celui qui fait envie. 

La France, même un peu blet, attire les convoitises 

Il lui reste à comprendre qu’elle n’est… 

Ni à vendre ni à dépouiller !
 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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