samedi 9 mai 2015

L’américanisation des cerveaux continue

Depuis la prise de contrôle des pays d’Europe de l’Est par l’URSS, la peur des russes s’est emparée des esprits en même temps que la jeunesse accueillait à bras ouverts la culture américaine des boîtes de conserve, du coca-cola, du chewing-gum, mais aussi du jazz, de la comédie musicale, du cinéma d’Hollywood, des chanteurs et des danses anglo-saxons. Macdo a complété cette pénétration dans le mode de vie et la culture de notre pays. Dostoïevski, Tolstoï, Gogol et autre Soljenitsyne, n’ont plus eu beaucoup de place. L’apport culturel de ce pays, apport essentiel depuis des siècles, s’est réduit à sa plus simple expression. Les chanteurs de l’Armée Rouge et les danseuses du Bolchoï ont encore enchanté les yeux et les oreilles de certains d’entre nous mais ceux de la jeunesse étaient tournés vers l’Ouest, vers ce grand pays symbole de la puissance d’un peuple conquérant, tourné vers l’avenir.

Tout cela n’était évidemment pas un hasard. L’effort de propagande de cette culture et de ces mœurs était soutenu, encouragé, à tel point que nous avons dû demander pour la France, l’exception culturelle. Les médias ont servilement accompagnés ce mouvement en se battant pour des parts d’audience et les publicités qui y étaient associées. Les médias résistants se sont faits de plus en plus rares. Même la littérature française a reculé devant l’invasion de la littérature anglo-saxonne mais aussi devant l’amélioration de la qualité de celle-ci. La chanson et le cinéma doivent se battre pour sortir de l’hexagone ou y dominer à l’intérieur. D’une certaine façon, New-York est devenu Rome mais nous avons perdu Vercingétorix. De Gaule a fini comme lui, non pas traîné à mort derrière un char, mais renvoyé dans le sombre manoir de Colombey-les-Deux-Eglises par son peuple manipulé de l’extérieur. 

L’américanisation de notre pays ne s’arrête pas là car celui-ci se vend de plus en plus ouvertement à la religion américaine. Notre dernier sursaut de rébellion date déjà d’une dizaine d’années avec le refus de Jacques Chirac de participer à la guerre en Irak aux côtés des américains. Depuis Nicolas Sarkozy a rouvert l’amitié franco-américaine en allant chez les Bush et en revendiquant le droit d’aller le premier frapper la Libye, honneur qui lui a été facilement accordé. On commence à se rendre compte des conséquences désastreuses de cette intervention, mezzo voce il est vrai puisque l’UMPS l’avait votée en chœur. On aurait pu espérer que la gauche, dont le sentiment américain était autrefois très mesuré envers le pays champion du libéralisme extrémiste, prendrait quelques distances. Il n’en est rien, bien au contraire. Entre le discours du candidat au Bourget et son investiture, François Hollande court à la City de Londres dont on sait les liens étroits avec Wall Street, les deux symboles du capitalisme anglo-saxon. Vient ensuite la commémoration du soixante-dixième anniversaire du débarquement avec un hymne appuyé à l’Amérique accompagné par la mise en retrait protocolaire du représentant russe, Poutine en personne.

C’est à ce moment que l’on aperçoit le décalage entre la France fraîchement libérée de l’occupant nazi et celle d’aujourd’hui. Il faut se souvenir que De Gaulle n’a jamais participé à ces commémorations et il avait de bonnes raisons de le faire. Le débarquement s’est effectué sans son accord et il a débarqué de son propre chef quelques jours plus tard. Par ailleurs il savait que les américains n’étaient pas venus libérer la France mais l’occuper. Ils avaient même fait imprimer la monnaie française, copie du dollar, pour prendre le contrôle de nos finances et de notre économie, monnaie que De Gaulle a dû interdire à la Libération. Il lui a fallu diligenter en urgence la division Leclerc pour libérer Paris qui s’était soulevé mais n’aurait pu résister longtemps. Les USA filaient droit vers l’Allemagne, Paris aurait succombé ou aurait été détruit par leur Armée par la suite.

Les trois quarts de l’effort de guerre contre les nazis a été l’effort russe. La majorité de la population française de l’après-guerre le savait comme le montre les sondages chez les anciens. Aujourd’hui la proportion s’est inversée. Nous avons gagné la guerre grâce aux américains qui sont venus nous remercier de l’apport de La Fayette à la guerre d’Indépendance. Voilà comment on écrit l’histoire. Cette version se traduit dans les faits. C’est ainsi que le peuple ne prend pas garde à notre vassalisation américaine. C’est pourquoi nous trouvons normal de voir Poutine en retrait des commémorations françaises et de noter que Hollande n’ira pas à celle proposée en Russie, pour commémorer la victoire et saluer les dizaines de millions de morts russes dans ce pays (7 à 8 millions de soldats et 20 millions de civils) qui a payé le plus lourd tribut. Nous enfonçons même l’offense plus avant en allant à la place à Cuba, pays ami de l’ex URSS. C’est pourquoi nous laissons se dérouler les négociations pour le TAFTA, ce traité transatlantique qui parfait l’arrimage de l’Europe aux Etats-Unis combinant l’emprise économique à l’emprise militaire de l’OTAN. C’est pourquoi nous nous réjouissons sans vergogne de fournir des avions de chasse à des pays qui participent au chaos du Moyen-Orient et que nous envoyons nos forces spéciales au Yémen. François Hollande est ainsi fêté comme le héros des pétromonarchies. Au nom de la démocratie ? Au nom des Droits de l’Homme ? Suivons-nous l’exemple des américains qui ont combattu les nazis sur notre territoire après avoir armé l’Allemagne et récupéré ensuite une grande partie des cerveaux allemands et de tous ceux qui pouvaient leur être utiles ? Suivons-nous les USA qui combattent Daech et les arment pour attaquer le pouvoir syrien ?

L’américanisation des cerveaux s’accompagne d’une propagande antirusse où nous n’avons aucune commisération pour les pro-russes ukrainiens même sur un plan strictement humanitaire et nous sommes au premier rang européen des sanctions contre la Russie. La guerre américaine nous semble désormais le moyen d’établir la paix même si l’on constate qu’ainsi le conflit s’étend et que la guerre totale devient une « option ». Nos cerveaux pensent américain et nous oublions que la France est un pays d’équilibre entre le grand large et les steppes de l’Asie. Les anglais eux n’ont pas oublié leur caractère insulaire, leur puissance maritime qui leur a permis de dominer un temps le monde, puissance qu’ils ont retrouvé de l’autre côté de l’Atlantique. Nous ne sommes ni des anglo-saxons, ni des esclaves des puissances occultes qui veulent dominer le monde. Pourtant nous nous comportons comme tels. 


Pays amoindri dans une Europe aux frontières extensibles,

Pays hésitant coincé entre américanisme et islamisme, 

La France bégaie de plus en plus son identité.

Nous entrons dans le siècle des… 

Lumières éteintes ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon



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