lundi 9 juin 2014

L’euro fort, entre illusions, mensonges et tricheries


Quant au déficit public, il a été réduit à 3% du PIB dans l’Euroland, contre 4% aux États-Unis. Que l’on s’en souvienne : l’euro devait assurer la prospérité du continent, la croissance et le plein-emploi pour tous. Cela était écrit dans son acte de baptême. On voit ce qu’il en est advenu en Grèce, au Portugal, en Italie, en Espagne et même en France où Manuel Valls, Michel Sapin et Arnaud Montebourg crient ensemble à la baisse de l’euro. C’est bien l’aveu que l’acte de baptême n’a pas réalisé ses prédictions…

En avril Le Monde commentait les propos de Mario Draghi en marge d’une réunion du Fonds Monétaire International à Washington : «Un renchérissement du taux de change [de l’euro] nécessiterait davantage de stimulation monétaire, a dit M. Draghi. Le propos tranche avec la prudence habituelle de la BCE en matière de taux de change. Il laisse clairement entendre que la vigueur de l’euro fragilise la croissance. Il faut donc que l’euro soit moins fort. Pour cela, M. Draghi dit qu’il se tient prêt à mener une politique monétaire plus accommodante […] Il s’agit d’injecter plus de liquidités dans l’économie, notamment pour compenser l’impact négatif de l’austérité budgétaire sur l’activité ». 

Il n’en fallait pas plus pour que le quatorze avril, le tout nouveau ministre des finances, Michel Sapin, s’exprime devant les médias pour dénoncer un « Euro fort, trop fort, anormalement fort qui est une gêne pour l’ensemble des pays européens et particulièrement pour la France ». Le seize avril, ce fut au tour de l’inénarrable ministre de l’économie, Arnaud Montebourg, d’éclairer les médias de ses lanternes monétaires : 

« L'Union européenne doit changer de politique monétaire pour soutenir les pays qui, comme la France, ont entrepris un effort de rétablissement de leurs comptes publics (…) La Banque centrale européenne [doit] agir pour faire baisser l'euro (…) La France souhaite une réunion "rapide" avec ses partenaires européens pour discuter de la question de l'euro trop cher ». Pour Arnaud Montebourg : «  l'euro fort sape les efforts de redressement de la compétitivité des entreprises françaises ». Dans sa lettre du vingt-huit avril, aux députés socialistes appelés à soutenir le pacte de responsabilité, Manuel Valls a écrit :  

« Les économies réalisées peuvent peser à court terme sur l’activité. J’en suis conscient. Elles doivent donc être accompagnées par une politique monétaire plus active et une politique de change plus réaliste au niveau européen. Le niveau de l’euro est trop élevé. Ce sera la démarche du chef de l’Etat dans les négociations qui suivront le renouvellement du parlement européen ». 

Ces arguments répétés en boucle et de façon concomitantes ne peuvent que déclencher une certaine méfiance, tant nos politiques nous ont raconté de sornettes, particulièrement en économie. On peut relire le Petit livre du mensonge en politique du psychologue social Thomas Guénolé : « En agissant comme une escadrille de bombardiers armés des mêmes éléments de langage, une petite équipe de personnalités politiques peut à la longue faire passer un mensonge pur et simple pour une vérité dans le débat public, en l’assénant en boucle, encore et encore ». 

Ceci est vrai pour le réchauffement climatique et les énergies vertes comme pour la monnaie. C’est donc au nom de cette méfiance que l’on peut faire certaines constatations. D’abord la valeur du mark est passée de 1,23 FRF, en 1963, à 3,38 FRF en 2002 et, sur cette vitesse historique il serait d’environ 4,7FRF aujourd’hui si le Franc avait été conservé. On commence à percevoir que l’euro-franc et l’euro-mark n’évoluent pas à la même vitesse et donc que l’euro peut être trop fort pour la France et pas assez pour l’Allemagne. 

D’autre part qu’est-ce qui définit la valeur d’une monnaie ? D’un point de vue macroéconomique, ce sont principalement : le taux directeur de la banque centrale, le niveau de la dette publique, le budget de l’Etat et la balance du commerce extérieur. En 2013, le déficit commercial des Etats-Unis, s’est élevé à 680 milliards de dollars, soit 4,1% du PIB. En 2014, il devrait se situer aux alentours de 3,7% du PIB. La même année 2013, la zone euro enregistrait un excédent commercial record de 153,8 milliards d'euros (dû essentiellement à L’Allemagne), deux fois plus qu'en 2012. Quant au déficit public, il a été réduit à 3% du PIB dans l’Euroland, contre 4% aux États-Unis. Cela suffit à expliquer la hausse de l’euro par rapport au dollar. Le problème français n’est-il pas ailleurs ou alors pourquoi en est-il ainsi ? Nous en parlerons dans le prochain article.

 L’euro est-il trop fort ou les politiciens trop faibles ?

That is the question ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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