mardi 17 juin 2014

Comment baisser le chômage ou comment créer de l’emploi ?



« To be or not to be », c’est l’alternative devant le nouveau seuil du chômage à 10% minimum sur lequel ont buté les gouvernements précédents depuis que Giscard d’Estaing n’a pas su gérer la crise du pétrole. L’impuissance des gouvernements que François Mitterrand a exprimée en déclarant : « Pour faire baisser le chômage, on aura tout essayé ». « Infléchir la courbe du chômage, est le but de mon quinquennat et je serai jugé sur cet objectif à la fin de celui-ci » a dit en substance le nouveau chef de l’État. Nicolas Sarkozy s’est vanté du même objectif avec le seuil de 7% presque atteint en 1991 sans plus de résultat en 2011 avec 9%. Avec François Hollande nous avons atteint un nouveau seuil, celui des 10% des années 1994-1999. 

Les arguments du « Compte-tenu du bilan laissé par notre prédécesseur, il nous faut du temps pour redresser la barre » ou « Avec la crise, pas de croissance » ont fait long feu. Le focus étant sur la baisse du chômage, le nouveau gouvernement s’est empressé, comme ses prédécesseurs, de mettre en place des mesures financières d’accompagnement du chômage, autrement dit de ne pas extirper le mal mais d’en atténuer la souffrance. Je passe sur l’inventivité de sigles que chacun a mis en œuvre pour trouver de nouveaux pansements. 

Nous sommes à un taux de chômage plus de trois fois supérieur à celui de 1975 et de toute évidence, l’arrivée de l’euro ne nous mène pas vers une meilleure situation qu’en 1999, contrairement à l’Allemagne. Ceci ne doit pas nous laisser indifférents alors que celle-ci a absorbé la chute du mur de Berlin pour un coup de 2.000 milliards. Il semble bien que nous allons stagner ou franchir un nouveau seuil, celui des 10% sans espoir de revenir en arrière. La mondialisation devait nous amener la croissance et le plein emploi, on voit ce qu’il en est. La même promesse nous est faite avec le Traité Transatlantique. On peut déjà parier que son impact sur le chômage sera nul, que les grandes entreprises en feront leurs choux gras et que les classes moyennes paieront la vassalisation de notre pays. 

A ce stade du constat, il faut en ajouter un autre. Les gouvernements parlent toujours de faire baisser le chômage et inventent une myriade de pansements pour en atténuer la souffrance mais surtout pour en améliorer les statistiques. Ils ne parlent jamais du « Comment créer l’emploi ». L’État ne crée de l’emploi qu’en augmentant le nombre de fonctionnaires, fonctionnaires que nous payons par nos impôts. Le fonctionnaire est indispensable pour les tâches régaliennes de l’État mais il est improductif. Ceci n’enlève rien à son utilité, si tant est qu’il ne fasse pas des tâches qui aillent au-delà de ces tâches originelles et que celles-ci ne soient pas alourdies sans cesse et sans raison autre que de mettre le nez de l’État partout et de réglementer à tour de bras. 

Car tout cela a un coût que la pression fiscale doit absorber, diminuant les marges des entreprises et les pouvoirs d’achat donc allant vers un handicap des entreprises, un gel des salaires, et entrant dans un cercle vicieux de baisse de la croissance et de hausse du chômage.  Le Président vient de découvrir ou de feindre de découvrir que seules les entreprises créent de l’emploi et de la richesse mais on retombe de nouveau dans des mesures coûteuses d’aide et d’hypothétiques baisses des dépenses publiques. 

En fait le problème n’est vraisemblablement et principalement que dans les contraintes et les blocages mis sur la création, la marche et le développement des entreprises. Il est certain que le millefeuille administratif, le code du travail le plus important d’Europe et en perpétuel évolution croissante, le SMIC, remis en cause par les Suisses, sont des boulets pour les entreprises encore beaucoup plus néfastes que la pression fiscale. Malgré cette dernière, certaines entreprises se portent bien même si le nombre en diminue. Si la France veut s’en sortir, elle doit repenser la politique économique et sociale en profondeur. Nous sommes dans une compétition internationale et les entreprises qui ont les plus grands boulets aux pieds seront nécessairement moins compétitives même si la valeur de la monnaie est réajustée. En effet moins les entreprises seront compétitives, plus il faudrait dévaluer la monnaie si nous avions le contrôle. 

La défense du salarié, la création de l’emploi ne sont pas satisfaites par des contraintes sociales et administratives tentaculaires. Celles-ci sont destructrices d’emploi, de richesse et de survie du salarié. Le CDI, le poste de fonctionnaire sont devenus les objectifs prioritaires des salariés. La notion de risque est consciencieusement effacée par une politique néo-keynésienne depuis quarante ans, largement apprise à l’ENA et remise dans les programmes d’économie du secondaire. Or les nouveaux esclaves, ceux qui sont pieds et mains liés aux entreprises ce sont justement les CDI. Les CDD sont les nouveaux hommes libres qui peuvent se vendre aux plus offrants et suivre les évolutions du marché du travail. 

A condition qu’il y ait du travail, me direz-vous ? Mais justement si le travail fuit, c’est que les entreprises et les salariés sont enchaînés par le code du travail, le SMIC et les règlementations en tous genres. Elles ont des besoins de production fluctuant qui nécessitent une flexibilité de l’emploi. Sans cela la compétitivité baisse et le chômage, tôt ou tard, arrive… souvent en masse. Il est souvent des évidences qui ne sont que des fausses routes, la peur du risque finit par risquer… d’être au chômage pour abus de barrières de sécurité. Réfléchissons et repensons à la fable du Loup et du Chien de notre bon La Fontaine avec ce loup qui découvre en même temps le bon repas du chien et sa chaîne au cou… 

Il importe si bien, que de tous vos repas 

Je ne veux en aucune sorte, 

Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. 

Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encore. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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