samedi 31 mai 2014

Un socialisme qui joue la carte du libéralisme américain



Lorsque Sarkozy était au pouvoir, le PS ne parlait que de justice sociale, de lutte contre les inégalités, d’éducation pour tous, des bienfaits de l’immigration, etc. Lorsque le candidat Hollande a vu s’ouvrir devant lui la perspective de conquérir le poste de Président, il s’est précipité à la City en février 2012 pour dire ceci : 

« La gauche a gouverné pendant 15 ans, pendant lesquels elle a libéralisé l'économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n'y a pas de crainte à avoir  ». 

Cette phrase n’a jamais de près ou de loin était introduite dans le programme du candidat mais force est de constater que c’est bien à cela que s’attache la politique du Président. Il fallait qu’il se fasse adouber par la grande finance, sinon il aurait échoué ou aurait, d’une façon ou d’une autre, disparu de la fonction par l’arme financière du FMI ou celle des services secrets américains. Rappelez-vous Walesa, de Solidarnosc, en Pologne qui s’est vu mettre à genoux, lui aussi, par le FMI, comme Nelson Mandela en Afrique du Sud ou encore Deng Xiaoping en Chine. Ce sont les victimes du dollar, de la mondialisation et de l’hégémonisme américain. 

On sait désormais que De Gaulle, dont les USA supportaient difficilement la volonté d’indépendance et en particulier d’avoir sa propre force de frappe nucléaire, a dépassé les bornes admissibles lorsqu’il a touché au sacro-saint dollar. A partir du moment où il a rapatrié 9 tonnes d’or stockées aux USA, son sort était scellé, il devait disparaître de la scène internationale. Les seuls à s’être opposés au libéralisme américain ont été soit assassinés, comme Allende au Chili le 11 septembre 1973, ou victimes de coup d’Etat comme Chavez au Venezuela en 2002. « En Amérique Latine et en Afrique, dans les années 1980, c’est la crise de l’endettement qui obligea les pays à privatiser ou à crever », selon la formule d’un ex-représentant du FMI. 

Un exemple, aujourd’hui : Syriza, le parti d’« extrême gauche » Grec qui s’est vu remporter les élections européennes et qui lui aussi, tout comme Hollande, rassure le FMI : « J’espère vous avoir convaincu que je ne suis pas aussi dangereux que certains le croient,  » a obligeamment déclaré Tsipras devant l’assistance rassemblée par le groupe de réflexion Brookings Institute de Washington. D’ailleurs cette allégeance à l’hégémonie américaine va jusqu’au FN qui approuve l’idée du Traité Transatlantique de libre-échange et refuse les traités de l’UE actuelle. On n’en est pas à une contradiction près pour ne pas s’aliéner la puissance financière et militaire américaine que les puissances du marché soutiennent. 

Le socialisme est donc pire que le libéralisme, car il avance masqué et le pratique maladroitement comme les résultats sur deux ans le prouvent. Thomas Piketty, en conseillant une hausse fiscale à Hollande, a montré que des écrits aux actes, il y a le verdict des résultats. Nous sommes désormais bien loin du socialisme tourné vers les plus déshérités et tenant de la répartition égalitaire des profits. Le 1% des plus riches continue à s’enrichir et la classe moyenne est ponctionnée pour les plus déshérités et pour combler le tonneau des Danaïdes de la dette publique. 

"Les taux d’intérêt bas fabriquent de nouvelles bulles… je suis en faveur de programmes destinés à favoriser l’emploi plutôt qu’en faveur de stimulus financiers produits par la Réserve Fédérale… les politiques fédérales, selon toute vraisemblance, aggravent le problème des inégalités car elles aident les Américains riches plus que les Américains moyens, les Américains riches détiennent la majorité des actifs financiers… une politique qui fonctionne en gonflant (pumping up) les prix des actifs financiers est tout sauf favorable à la réduction des inégalités." (Lawrence Summers, il y a 2 semaines lors d’une conférence organisée par les professionnels de l’industrie des Hedge Funds.) 

Les Français croient encore en majorité que leur vote influera sur la stratégie du libéralisme hégémonique des USA qui met les gouvernants dans l’obligation de la suivre. Force est de constater que dès qu’un parti politique devient puissant, il courbe l’échine. Le socialisme n’est plus qu’une devanture lézardée mais ouverte à toutes les compromissions avec les puissances de l’Ombre, celles de la finance et de la puissance militaire. La révolte du peuple ne passe plus par nos gouvernants, nos députés français ou européens que pour crier son ras-le-bol de l’asservissement qu’il subit dans le peu de démocratie qu’on lui laisse. Sa voix n’a plus d’écho, elle n'entraîne aucun changement, le vote n’est qu’un os à ronger… Il lui reste la Résistance à l’Islandaise… tous dehors, le peuple est souverain. 

Il est temps d’ouvrir les yeux, sinon on nous mènera 

Comme des moutons pour ne garder… 

Que les êtres aptes à travailler ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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