dimanche 4 mai 2014

Alstom et le naufrage de l’industrie française

Ces tous derniers jours on apprenait le rachat de SFR par le câblo-opérateur Numéricâble, société du franco-israélien Patrick Drahi très « optimisée » fiscalement via Luxembourg, Guernesey, la Suisse et autres Antilles bien choisies, puis on découvrait l’OPA de l’Américain General Electric sur Alstom, fleuron français emblématique des centrales et réseaux électriques, du TGV et autres tramways, mais aussi des éoliennes et hydroliennes. Le PDG d’Altice, le franco-israélien Patrick Drahi, vise à mettre les enjeux du très haut débit par câble entre ses mains. Il s’agit là aussi d’un secteur stratégique et on a vu avec les programmes PRISM de surveillance universelle de la NSA qu’il convient d’être vigilant. Le ministre Montebourg menace de tous les maux l’entreprise Numéricâble, coupable d’avoir court-circuité le beau projet de Bouygues en rachetant SFR. Aux yeux du ministre à l’honneur bafoué, tout est bon pour se venger de la société félonne et l’Autorité de la concurrence a été mandatée pour réduire à néant un rachat si mal vu par le patron de l’Économie française. 

Déjà, à l’automne 2013, les annonces de la liquidation de l’Entreprise de composants microélectroniques LFoundry ainsi que les projets de fermeture de nombreux sites français d’Alcatel-Lucent avaient sérieusement noirci le paysage économique français. Mais aujourd’hui c’est le démantèlement d’Alstom, l’un des tous premiers fleurons de l’industrie française qui devient l’emblème de notre décadence économique. Il y a quinze ans, les entreprises françaises partaient à la conquête du monde. Aujourd’hui, exsangues, elles ne sont plus que des proies. La mauvaise gestion avec des slogans paralysant comme « une usine, un métier » ou « l'entreprise dématérialisée sans usines » ont participé à de mauvais choix dans les restructurations des deux entreprises, ancêtres du temps des Trente glorieuses, à savoir la Compagnie Générale d’Electricité (CGE) et la Compagnie Générale des Eaux. 

Mais la cause principale est à rechercher dans l’euro fort et la taxation de l’industrie et du capital qui rendent les marges très faibles pour les entreprises françaises qui n’investissent plus et s’endettent. Leur mauvaise santé assez générale soulève l’appétit d’entreprises étrangères. Soyons clairs, Alstom n’est pas, comme il y a dix ans, en situation de dépôt de bilan. Non, Alstom est tout simplement incapable de financer son développement technologique. Parce que toutes les sociétés françaises sont condamnées à cette situation. Hier Alcatel, Pechiney, Arcelor, récemment Euronext, PSA, Publicis, Lafarge se retrouvent dans la situation d’impossibilité de financer leur développement. 

La responsabilité de l’Etat est claire dans la taxation du capital, les détenteurs fuient l’industrie française.  C’est le capital qui fait l’entreprise. Sans capital, pas d’investissement, pas de recherche, pas de conquête de marchés. C’est la raison majeure pour laquelle lorsque des processus technologiques sont validés beaucoup de Français s’expatrient pour créer leur entreprise : 20% des startups de la Silicon Valley ont un Français comme point de départ. Lorsqu’elles naissent en France, elles sont rachetées et développées à l’étranger pour une rentabilité meilleure du capital investi. Car ne nous y trompons pas, les entreprises étrangères ne sont pas des philanthropes et elles achètent nos entreprises pour différentes raisons, pour un effet de taille ou pour éliminer un concurrent comme il semble bien que ce soit le cas d’Alstom qui est endetté jusqu’au cou.

La débâcle ne fait que continuer. Le fabricant d’aluminium Pechiney fut absorbé par le canadien Alcan tandis que le sidérurgiste Arcelor fut pour sa part avalé par l’indo-britannique Mittal. Il y a quelques mois, la place de marché boursier NYSE-Euronext était gobée par l’américain ICE après une tentative de contrattaque de Deutsche Börse. Il y a deux ans, Rhodia est passé avec armes et bagages sous pavillon belge, rachetée par Solvay. Il y a deux mois, c’est Publicis, passé dans le giron américain d’Omnicom qui devenait… hollandais – je veux dire par là qu’il a mis son siège aux Pays-Bas. Récemment, le constructeur automobile Peugeot a ouvert son capital au chinois Dongfeng. Il y a quelques semaines, nous apprenions que le cimentier Lafarge devenait suisse en « fusionnant » avec Holcim… 


L’État se mêle de tout et même de détruire les entreprises 

Par la fiscalité et la haine du capital.

Le déclin continue ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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