mercredi 14 mai 2014

L’énergie solaire : luxe et dépendance



Capter l’énergie solaire c’est capter des photons émis par le soleil pour frapper des électrons tournant autour du noyau d’un atome et leur faire changer d’orbite en libérant de l’énergie dite énergie photovoltaïque. Les cellules solaires ont pour rôle de capter cette énergie du soleil et de produire de l’électricité en courant continu, laquelle peut être utilisée pour alimenter les équipements ou pour recharger une batterie. La première application pratique du photovoltaïque a été de pouvoir alimenter en électricité les satellites en orbite et autres engins spatiaux, mais aujourd’hui la majorité des modules photovoltaïques sont utilisés pour être reliés au réseau d’électricité. Dans ce cas, un onduleur est nécessaire pour convertir le courant continu en courant alternatif. Les cellules solaires permettent aussi d’alimenter, à distance hors réseau, certains logements, les téléphones d’urgence sur les routes, la télédétection et la protection cathodique des canalisations. 

La plupart des panneaux de cellules photovoltaïques, rassemblées en modules reliés électriquement entre eux, sont faits avec du silicium, une matière chère, lourde et fragile (la grêle, par exemple, détruit les panneaux photovoltaïques). Il existe d’autres matériaux qui absorbent plus le rayonnement du soleil (un secteur de recherche pour améliorer les panneaux photovoltaïques dans l’avenir). Un autre défaut tient au fait qu’un panneau photovoltaïque perd en moyenne 20% de l’énergie à cause des batteries au plomb.  

Les rendements des panneaux photovoltaïques sont compris entre 7% et 17% suivant que l’on utilise comme matériau semi-conducteur le silicium amorphe, le polycristallin, ou le monocristallin. Plus le rendement est important plus le prix sera élevé. Les rendements théoriques peuvent être détériorés par des pertes dues à des ombrages d’arbres ou de bâtiments proches, des dépôts de poussières ou autres résidus, des mauvais angles d’orientation par rapport à la lumière solaire et des pertes électriques dans les liaisons internes. 

Le prix de vente des modules est encore trop élevé pour rivaliser avec les gestionnaires de réseau d’électricité, c’est pourquoi les pays subventionnent les équipements et le rachat des productions électriques remises sur les réseaux pour un KWh produit plus cher que par les autres énergies. C’est ou c’était le cas du Japon, de l’Allemagne, de l’Espagne et de la France entre autres. Malgré cela le secteur est en crise parce que cette énergie dite propre (900 tonnes de minerai à extraire pour 1 tonne de panneaux solaires tout-de-même) présente un certain nombre d’inconvénients majeurs pour son développement :
 

  • L'énergie solaire n'est pas compétitive lorsqu'il s'agit de production importante d'énergie. En effet, certaines énergies comme le nucléaire sont beaucoup plus rentables financièrement. Tous les besoins énergétiques mondiaux ne peuvent donc pas être fournis par l'énergie solaire.
  • Un panneau solaire a une durée de vie de 25 ans environ, au-delà, les rendements diminuent rapidement. De plus, il faut entre 2 et 7 ans au panneau pour produire l'énergie qui a été utilisée pour sa construction et il faudra décider qui paiera le recyclage en fin de vie
  • Une production d'énergie irrégulière, à cause du temps. Les panneaux produisent beaucoup l'été mais les besoins sont faibles. Au contraire, la production d'énergie en hiver est plus faible alors que les besoins sont élevés.
  • L'énergie solaire ne produit qu'en journée et en fonction de la météo, et non en fonction des besoins énergétiques. Il faut donc investir dans des moyens de stockage de l'énergie qui coûtent très cher.
  • Le coût élevé à la fois des panneaux solaires mais également des installations nécessaires comme les moyens de stockage de l'énergie.
  • La taille des installations : il faut en effet de grandes superficies de panneaux solaires pour produire de l'énergie. On voit en Allemagne de nombreux champs soustraits à l’agriculture et couverts de panneaux.
  • La Chine détient 95% de la production mondiale de « terres rares » indispensables pour la fabrication des cellules et en contingente la vente afin de conserver la quasi exclusivité de la production des panneaux photovoltaïques.
  • Dans la mesure où ces panneaux sont pour la plus grande part fabriqués en Chine le bilan carbone devient très défavorable à cause du transport de ceux-ci sur cargos.

Tout ceci fait que le secteur est en crise dès que les aides financières s’évanouissent. En mars 2013 le géant chinois des panneaux solaires Suntech, numéro un mondial il y a peu, victime d’une crise du secteur, a déposé son bilan. Cette crise a été précipitée par l’effondrement du prix des panneaux solaires, de près de 45% en 2011 et de 25% en 2012. 

En mars 2013 également, l’industriel allemand Bosch, a annoncé son retrait du photovoltaïque, après avoir subi une perte d’un milliard d’euros en 2012, dans un secteur en crise notamment depuis le tarissement des subventions publiques et qui devra trouver une rentabilité plus pérenne pour se renouveler. C’est plus de 3.000 emplois qui étaient menacés dont 200 en France. L’engouement mondial pour cette nouvelle industrie subventionnée a généré une surcapacité qui met en danger tout ce secteur quand l’aide financière se réduit. 

En juin 2013 Siemens jette aussi l’éponge. Soumis à une féroce concurrence chinoise, Il a arrêté progressivement son activité dans l’énergie solaire, faute de lui avoir trouvé un acheteur et de voir un avenir dans ce secteur des énergies renouvelables. 

L’énergie photovoltaïque ne peut donc subsister qu’en acceptant son subventionnement pérenne et une dépendance à la Chine. C’est pour l’instant un luxe que l’on fait payer à l’ensemble des consommateurs par la taxe sur l’électricité consommée, la CSPE. C’est de plus un double risque sur le plan de la soutenabilité de cet effort financier dans le cadre de la politique d’austérité impulsée par Bruxelles et sur celui de la dépendance stratégique vis-à-vis d’un pays qui n’hésitera pas à jouer de cet avantage comme il en a déjà menacé le Japon. 

En conséquence des politiques d’austérité et du nombre croissant d’installations subventionnées, les pays sont amenés à diminuer ces subventions. C’est le cas de la France qui a supprimé le crédit d’impôt pour cet investissement en 2014. C’est désormais le cas de l’Espagne qui réduit de 900 millions d’euros les subventions devenant brusquement à charge des propriétaires. Ceci plonge aussi dans la débâcle ses entreprises solaires qui doivent 22 milliards aux banques. 

Tout ceci devrait nous donner beaucoup à réfléchir sur l’intérêt de faire payer, par subvention ou taxe à l’ensemble des contribuables ou consommateurs d’électricité, la production d’électricité solaire de certains propriétaires. Encourager cette énergie, pour l’instant non rentable sans aide financière, c’est se mettre en dépendance envers la Chine pour les « terres rares » et l’achat de panneaux, tout cela pour un bilan carbone défavorable. La fabrication de masse en France de ces panneaux est aussi dangereuse, compte-tenu de la concurrence du marché chinois lorsqu’en Allemagne et en Chine même des entreprises renoncent. 

Faire miroiter la réduction du chômage grâce à l’énergie solaire 

Est une erreur socialo-économique et stratégique. 

Est-ce un luxe que l’on peut encore s’offrir ? 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon