mercredi 21 mai 2014

Voter ou non le 25 ou « Etre ou ne pas Etre »

Entre ceux qui disent ne pas faire de politique, alors qu’ils émettent chaque jour des avis politiques sans s’en rendre compte, ceux qui sont enfumés au point de ne plus rien voir du tout, ceux qui ne croient plus en rien tant on les a trompés, l’abstentionnisme apparait la réponse la plus facile, celle de l’autruche. 

Cette attitude est foncièrement humaine et compréhensible d’autant plus que le véritable enjeu est soigneusement masqué. Le peu d’enthousiasme, qui habite les partis politiques européistes pour expliciter les raisons de leur choix autrement que par des phrases comme celles-ci : « Sortir de l’euro serait catastrophique » ou « N’envoyez pas à Strasbourg des gens qui n’aiment pas l’Europe », n’est pas de nature à mobiliser l’électorat pour adhésion raisonnée. Du coup n’ayant pas d’arguments à contrer, les eurosceptiques tournent en rond avec d’autres affirmations toutes aussi peu convaincantes. Le débat n’existe pas… les politiques ne jouent pas leur rôle d’éclairage de l’électorat mais celui de collecte de voix pour leur parti. 

Le vote du 25 est pourtant d’une importance considérable pour les eurosceptiques, car il est l’espoir, faible mais à ne pas laisser passer, de faire bouger la chape de plomb qui est mise sur la démocratie et la remise en cause de l’hégémonie des puissances de l’argent sur notre destin. Le Système des banques et des multinationales, qui se nourrit de la mondialisation, est celui qui fait semblant de nous protéger en nous phagocytant dans l’OTAN et c’est le même qui nous conduit vers l’Europe fédérale et le traité transatlantique de libre-échange. 

C’est aussi celui qui maintient un euro en monnaie surévaluée par rapport au dollar qui ne convient qu’à l’Allemagne. C’est pourquoi les États-Unis et l’Allemagne bloquent cette monnaie qui spolie tous les autres pays du sud de la zone euro en accord avec la « nomenklatura » techno-politique de Bruxelles. Cette dernière n’est pas prête à lâcher tous les avantages qu’elle en retire. L’élection européenne est le reste d’usage de la démocratie que le Système nous donne comme un os à ronger en faisant en sorte que nous ne sachions même pas ce que nous allons ronger et que nous rentrions bien vite à la niche. 

Alors ce n’est donc pas une occasion à manquer. Les européistes ont un large choix de partis qui vont du PS à l’UMP, tous complices du Système et souvent hypocrites en parlant d’une autre Europe qui ne serait que l’ersatz du traité de Lisbonne par rapport à la Constitution européenne. Les électeurs, qui croient néanmoins encore à l’UE ou qui ont peur de voir l’euro disparaître et entraîner un cycle d’années tragiques, ne manqueront pas. L’idéalisme et le matraquage font encore recette. 

Pour les autres la tentation de chercher le parti qui corresponde entièrement à ses vues personnelles les conduit à l’abstention. L’enjeu est si important qu’il faut absolument résister à cette tentation. Il faut en excluant les partis européistes (PS, EELV, Nouvelle donne, Modem-UDI et UMP) se résoudre à voter pour le parti qui marquera le mieux le refus de l’organisation actuelle de l’UE ou choisir celui qui globalement se rapproche le mieux de nos convictions. 

Le choix de ceux qui veulent une Europe tournée vers les peuples est un acte fondamental pour tous les eurosceptiques qui représentent désormais la moitié de la population, celle que le Système veut enchaîner et éteindre la voix. Voter le 25 est un acte de salut public. Berlin est couvert d’affiches depuis un mois, l’Allemagne débat et pourtant ce sont les gagnants, sans doute provisoires. Eux ils ont compris l’importance de ce vote que nos politiques, qui savent que la France en pâtit, cherchent à en masquer l’enjeu par des débats sociétaux et des appels à soutenir leur parti. 

Les européistes n’ont aucun bilan positif à donner, sauf celui des réussites d’Airbus ou de la fusée Ariane, dont ils seraient bien en peine de démontrer que cela ne pouvait se faire sans l’UE malgré l’affirmation du patron allemand d’Airbus qui profite du Système. Le tunnel sous la Manche s’est fait sans l’Europe et est finalement une réussite. Les accords bi ou multilatéraux ont toujours existé. A part cela l’Europe est le continent qui affiche la croissance la plus faible et le chômage y sévit plus qu’aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande, tous de culture occidentale. 

Il est salutaire de lire ce que disent des politiques étrangers sur l’Europe, surtout ceux auxquels on ne pense pas forcément. Ecoutez cette leçon de Hugo Chavez, en août 2012, en direction de l’UE et de la France (dirigée par des socialistes), suite à une question sur la Syrie lors d’une conférence de presse : 

“Cette élite Européenne, politique, économique, qui semble ne pas parvenir à se défaire, malgré les années qui se sont écoulées, de l’idée impériale, ils se croient supérieurs à nous ! ils croient avoir des droits, divins peut-être même, pour imposer des gouvernements aux peuples arabes, aux peuples africains, aux peuples latino-américains, c’est quoi ça ? 

“C’est pour cela que je dis qu’il faut espérer que les peuples d’Europe continuent de se réveiller et se rendent compte de la réalité, et qu’ils exigent de leurs gouvernement le respect de la paix internationale, le respect des droits de l’homme, le respect de la souveraineté des nations, c’est quelque chose de sacré ! que les peuples se réveillent et se libèrent de l’opium avec lequel on les bombarde chaque jour à travers les médias et le modèle culturel qui domine là-bas.” 

Il n’y a qu’au théâtre où l’abstention se traduit par le sommeil 

Et où c’est la plus sonore des opinions ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon