dimanche 20 novembre 2016

Politique énergétique : chiffres et idées clés.

La France qui avait clairement défini sa politique énergétique dans la production électrique, politique basée sur le nucléaire, balbutie désormais dans une politique hybride qui veut faire la part belle aux énergies renouvelables, les EnR. Ce tournant a été effectué sous la pression écologique qui nourrit le parti socialiste de ses voix écologistes. Un des grands chevaux de bataille de l’écologisme a été le nucléaire dont l’apparition dans les mémoires est liée aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945. L’utilisation civile de l’énergie nucléaire est donc devenue suspecte et porteuse de dangers énormes de destruction des vies humaines. Même si le nombre de morts de ces deux attaques n’a pas atteint le nombre de morts des bombardements de Dresde, et autre villes françaises et allemandes, le champignon nucléaire a frappé l’imagination populaire par sa brutalité. De plus cette énergie reste mystérieuse dans l’esprit de beaucoup de nos concitoyens. Il n’en fallait pas plus pour parer cette énergie de visions apocalyptiques.

Même si De Gaulle et Pompidou ont pris une décision courageuse et raisonnée en faisant de la France un grand pays nucléaire derrière les États-Unis en puissance totale mais première en énergie par habitant, la manipulation de la peur du nucléaire n’a cessé de se manifester et a influé la politique socialiste de Mitterrand et surtout de Jospin. Il a commis la bêtise d’arrêter Superphénix, pour raison politique et non de sûreté car les incidents d’exploitation ne touchaient pas la partie nucléaire, un réacteur à neutrons rapides qui avait 20 ans d’avance dans la recherche et dont le procédé va voir le jour en Russie. Ce fut le premier coup d’arrêt à la recherche française et elle n’a toujours pas repris sa vigueur d’antan. Pourtant ce domaine est porteur d’avancées spectaculaires dans la modularité, la sûreté et la variété de combustibles en attendant la fusion nucléaire. C’est l’énergie inépuisable et non polluante reproduisant l’énergie solaire mais techniquement extrêmement difficile à mettre au point. Une coopération internationale travaille sur le réacteur ITER à Cadarache près d’Aix-en-Provence mais il ne faut pas s’attendre à voir des réacteurs industriels avant un demi-siècle. J’y ai modestement travaillé en 1959, c’est dire l’ampleur des problèmes à résoudre. 

Une autre difficulté pour apaiser les peurs ravivées par les accidents de Tchernobyl et de Fukushima est l’utilisation des normes de radioactivité. La manipulation du concept de dose radioactive n’est pas simple et celui-ci n’est vraiment compris que par les spécialistes, mais des chiffres sont balancés dans les médias sans que leur nocivité soit compréhensible par la plupart des citoyens. Par ailleurs la courbe de mortalité par rayonnement ou contamination radioactive ne dispose que de 2 points « expérimentaux », le point 0, 0 mort pour 0 radioactivité, et le point Hiroshima-Nagasaki des très fortes doses de radioactivité. Un consensus scientifique a décidé de tracer une droite entre ces deux points. La dose mortelle (à 50%) est fixée à 5 Sievert. Les survivants d’Hiroshima ont reçu 0,5 Sv, et les pompiers de Tchernobyl 0,25 Sv. Les zones très contaminées de Tchernobyl sont à 0,05 SV ou 50 mSv. Un scanner vous expose à 9 mSv et la radioactivité naturelle moyenne est de 2,4 mSv. La limite annuelle de dose pour le public est fixée à 1 mSV et notre propre corps est le siège d’une dose de 0,17 mSv.

Tout ceci pour vous dire que les chiffres doivent être manipulés avec prudence quant aux effets sur l’homme mais ils peuvent facilement être utilisés pour distribuer la peur. Comme pour les ascenseurs les limites de dose ont été prises avec une grande marge. Leur dépassement fait la une des journaux et le bonheur des anti-nucléaires mais le danger peut n’être pas plus grand que le dépassement des limites de conservation de nos aliments. Tchernobyl reste le plus grand accident nucléaire et la responsabilité humaine y est entière. Ce n’est pas le cas de Fukushima où le tsunami a été exceptionnel et l’élément déclencheur. Les dégâts environnementaux et humains sont loin d’avoir atteint ceux de l’industrie chimique et pourtant nul ne pense à remettre en cause cette industrie. Le risque n’est pas nul d’un accident majeur mais il est très faible par rapport aux années de production sans accident de plus de 400 réacteurs dans le monde. Il est moins grand que celui des éruptions volcaniques qui peuvent faire des centaines de milliers de morts. 

Ceci étant nous sommes à la veille d’une élection présidentielle dont le Président élu devra avaliser une nouvelle politique énergétique s’il n’est pas dans la continuité de la politique actuelle. Il devrait normalement répondre à plusieurs questions. Comment dois-je mettre en application une politique de production électrique qui réponde aux exigences suivantes : le moindre coût du kWh, le moins de pollution et de danger possibles, le moins de dépendance de l’étranger et la meilleure sécurité de distribution. Le choix du nucléaire ne minimise pas le danger même s’il est très peu probable et il demande un stockage à long terme des déchets les plus radioactifs, stockage en cours de validation par l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Les EnR ne résolvent pas la diminution du CO2, contrairement au nucléaire, parce qu’ils demandent le complément de l’énergie thermique pour compenser leur intermittence. L’énergie thermique génère d’autres pollutions comme l’oxyde d’azote et le soufre. Les EnR ne répondent pas à la diminution de la dépendance à cause des Terres rares nécessaires et détenues très majoritairement par la Chine. Sur ce point le nucléaire dispose de sources d’approvisionnement très réparties dans le monde, Afrique, Asie, Amérique, Australie.

Les EnR produisent un kWh plus cher que le nucléaire et l’hydraulique et demandent des subventions ainsi que des taxes sur le kWh payées par l’usager. Les EnR coûtent cher aux usagers et à l’État. L’Allemagne commence à en faire la triste expérience avec un kWh qui était deux fois plus cher en 2015 et des dizaines de milliards chaque année sur le budget public. L’intermittence des EnR demandent de mettre en œuvre des puissances très supérieures à ce qui correspond à leur production moyenne. Les deux graphiques suivants le montre clairement. 

On constate que la puissance installée des EnR atteint 14% et le nucléaire est à 49%. On pourrait croire que le but de réduire le nucléaire à 50% est presque atteint. Mais le constat sur la production électrique montre que la part des EnR n’est plus que de 7% et que le nucléaire atteint 76% de la production électrique. On peut se douter que la mise en carénage d’un certain nombre de réacteurs nucléaires rend problématique la distribution électrique en cas d’hiver rigoureux. Selon les chiffres du lien entre les EnR et le thermique, publiées dans le précédent article, on peut s’attendre à ce que l’on ne puisse pas dépasser 17% à partir des 7% actuels de la production électrique par les EnR si l’on veut ramener la part du nucléaire à 50%. Au-delà de 17% de la production électrique des EnR, la stabilité du réseau est difficile à maintenir. Ce choix des EnR impliquerait une augmentation de la production thermique de 6% à 22% donc une émission de CO2, et autres gaz polluants, presque quadruplée. Cela demanderait de doubler la puissance électrique installée des EnR.

Cela aboutirait à doubler la puissance électrique installée des EnR. On voit combien l’intermittence des EnR demande de puissance installée supplémentaire par rapport au nucléaire et l'augmentation de la pollution générée par les centrales thermiques. Ceci est illustré par les graphiques ci-dessous.



La politique énergétique actuelle est un non-sens. 

Elle ne permet pas de répondre aux exigences

De moindre coût, de diminution du CO2, 

Ni même à celle de l’indépendance. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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